Comment Cowell compte gérer sa ‘dream team’ chez Aston Martin F1
Comment donner des ordres à Newey ?
On le connaissait directeur du département moteur de Mercedes, mais c’est un tout autre rôle qu’Andy Cowell remplira chez Aston Martin, comme nouveau PDG chargé de la F1.
Cowell a été nommé par Lawrence Stroll, propriétaire d’Aston Martin, pour succéder à Martin Whitmarsh au poste de PDG du groupe, en charge de la supervision des activités F1 et automobiles de la marque britannique.
Cet homme des moteurs devra donc aussi étendre son horizon, pour explorer au plus près le fonctionnement de la partie châssis (même s’il en avait une idée, évidemment, chez Mercedes F1).
« Être du côté de l’ensemble de l’équipe plutôt que du côté moteur, me ramène à quelque chose que j’ai toujours aimé, et c’est un plaisir, avec un défi différent, » explique Cowell. « Ce sont d’autres enjeux techniques. »
Cowell a donc déjà pu profiter d’un stage en immersion, pour l’initier notamment aux travaux aérodynamiques d’Aston Martin F1 !
« L’une des premières personnes à qui j’ai parlé en arrivant à l’usine était [le directeur technique] Dan Fallows et je lui ai dit : ‘Je sais que les aérodynamiciens veulent beaucoup de puissance moteur, pas de dissipation thermique, pas de blocage aéro, je sais tout ça, mais que veulent-ils d’autre ?’ Alors il a préparé un programme d’apprentissage pour moi. »
« J’ai passé du temps avec les principaux aérodynamiciens, observé des sessions en soufflerie, suivi le groupe de performance aéro qui mesurait les pressions à Singapour, et j’ai vu comment tout cela se raccorde aux données aéro et CFD. »
« En gros, maintenant je porte le bonnet de l’aérodynamicien, mais c’est un stage, comparé à mon bonnet d’expert en motorisation. Je pense que c’est bien de faire quelque chose de différent. »
Cowell devra gérer une équipe digne du ‘all-star game’ chez Aston Martin F1, avec Dan Fallows, Enrico Cardile et bien sûr légendaire designer Adrian Newey, qui arrivera de Red Bull en mars 2025.
Comment avoir de l’autorité face à Newey et comment éviter que Fallows et Cardile se sentent trop à l’étroit ? Ce n’est pas une mince affaire et c’est Cowell qui devra la gérer.
« Je me souviens que Mercedes Grand Prix avait rassemblé un groupe impressionnant de directeurs techniques et que cela avait bien fonctionné pour entamer notre domination en 2014, » se remémore Cowell.
« Nous sommes une organisation jeune, opérant avec ce niveau d’infrastructures et de ressources. Il y a beaucoup à faire, que ce soit pour mettre en place notre propre soufflerie, tous les équipements nécessaires, développer une boîte de vitesses pour accompagner le moteur Honda en 2026, ou perfectionner nos outils de simulation pour qu’ils soient de pointe. »
« Et si chaque leader expérimenté peut se concentrer sur l’un de ces grands défis, alors nous serons en tête plus rapidement. »
Comment donc Cowell va s’y prendre ?
« Ce que je souhaite, c’est mettre en place les changements organisationnels qui nous aideront tous à avancer, afin qu’il y ait non seulement un bureau, une chaise et une table à dessin prêts, mais aussi une structure portant leur nom. Mon ambition est que le premier jour de Cardile et Newey à l’usine soit un jour productif, pas un jour de réflexion et de réorganisation. Je vois cela comme mon rôle en tant que PDG. »
Comment devenir une des écuries de pointe ?
Cowell sait qu’il sera surtout jugé à partir de 2026, mais que Lawrence Stroll ne donnera pas vraiment de droit à l’erreur.
Pour le moment, Aston Martin F1 part de loin : l’équipe n’est pas la plus véloce en milieu de grille. La 5e place au classement des constructeurs semble finalement être un plafond, en tout cas dans le règlement actuel…
« Je pense que nous sommes déçus de là où nous en sommes, » admet Cowell. « Tout le monde l’est, je n’ai rencontré personne qui vive dans une bulle de bonheur. »
« Et il faut s’améliorer partout. Il n’y a pas un domaine de l’équipe qui me dise que nous sommes parfaits, prêts à gagner des championnats. Partout, on se dit oui, on pourrait mieux faire ça, on aimerait faire ceci, c’est notre feuille de route pour arriver là où nous pensons pouvoir briller. »
Pour 2026, Cowell veut donc une équipe pleinement opérationnel, créative, exigeante : bref, une équipe gagnante, ce que n’est pas encore Aston Martin F1.
« Mon travail, c’est de créer une équipe, et dans une équipe, chacun connaît son rôle. Chacun connaît sa position sur le terrain. Mon rôle, c’est de discuter avec chaque joueur sur ce qu’il pourrait faire pour s’améliorer. »
« Ce n’est pas de leur dire quoi faire. C’est simplement d’instaurer une atmosphère de haute performance où l’on fait quelque chose, on apprend de cette expérience, on pense à de nouvelles idées, et on recommence. »
« Pour chaque projet, je veux que nous nous améliorions. Il ne s’agit pas juste de viser un seul point. Oui, c’est un changement pour nous. »
« Mais je veux que nous soyons incroyablement créatifs sur tout ce sur quoi nous travaillons, et ensuite extrêmement rigoureux dans la manière dont nous menons nos expériences, en croyant au résultat de ces expériences. »
« Et nous essayons de nous détacher émotionnellement de l’idée quand nous examinons les résultats, on apprend, et on retourne dans le cycle aussi vite que possible. C’est ce que nous faisons à Silverstone (là où est basée l’équipe), il s’agit juste de cultiver ça, de l’encourager, et ainsi de suite. »
Aston Martin F1 Team
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