Comment Aston Martin F1 se prépare au mieux pour les règles 2026
L’équipe a les mêmes armes que Ferrari ou Red Bull
Aston Martin F1 finira très probablement à la 5e place au classement des constructeurs, cette année. L’équipe n’a plus l’espoir de rattraper Mercedes…
Ne faut-il pas donc, d’ores et déjà, abandonner 2024 pour se concentrer sur l’an prochain ?
Mais en réalité, au sein de l’équipe de Silverstone, on pourrait aussi penser qu’il ne faut pas raisonner ainsi en cette deuxième moitié de saison. Car 2025 sera une pure année de stabilité réglementaire : le développement effectué ces prochaines semaines servira ainsi pour l’an prochain.
Mike Krack précise donc le plan de développement d’Aston Martin F1…
« D’autres évolutions sont prévues sur l’AMR24 au cours de la deuxième moitié de la saison, puis tout sera dédié à la voiture de l’an prochain. »
« Nous devons être réalistes, compte tenu des écarts à l’avant et à l’arrière. Nous ne renonçons pas à 2024, mais 2025 sera bientôt au centre de nos préoccupations. Le travail sur la voiture de cette année est très important, car c’est elle qui nous donne la direction pour l’année prochaine. Il y a beaucoup de pièces transposées avec des règlements stables, et tout ce que nous apprenons maintenant, nous l’appliquons en 2025. »
Le vrai dilemme ne sera pas de jongler entre 2024 et 2025... mais plutôt entre 2025 et 2026 (l’année du grand changement réglementaire).
Comment résoudre ce dilemme au sein d’Aston Martin F1 ? Mike Krack précise la stratégie de son équipe.
« Tout ce que nous créons est construit autour de 2026 et au-delà, car il s’agit d’un changement massif. De nouvelles unités de puissance, de nouvelles boîtes de vitesses, une nouvelle aérodynamique, de nouveaux carburants et lubrifiants - c’est un défi complètement nouveau. »
« Le championnat du monde actuel est dominé par l’aérodynamique. Tout le reste est secondaire parce qu’il n’y a pas d’améliorations significatives à apporter ailleurs. L’objectif de la FIA et de la F1 avec la nouvelle réglementation est de rééquilibrer un peu les choses. »
« La nouvelle réglementation repose sur trois piliers : l’aérodynamique reste très importante ; l’unité de puissance devient très importante - surtout dans les premières années du règlement ; et enfin, le poids devient crucial, parce que les objectifs qui ont été fixés pour le poids minimum sont très, très difficiles à atteindre. Le désir d’avoir des voitures plus légères et plus agiles est un énorme test d’ingénierie. »
Mike Krack est-il enthousiasmé par ce nouveau règlement, ou bien comme chez Christian Horner ou Max Verstappen, se veut-il plus critique ?
« J’ai été enthousiasmé par ce nouveau règlement au cours des derniers mois, après en avoir discuté avec plusieurs personnes. La FIA et la F1 ont un plan, avec l’objectif d’assurer des courses passionnantes. Le règlement n’est pas encore finalisé et la FIA collabore activement avec les équipes. En tant qu’organe directeur, elle peut théoriquement faire ce qu’elle veut, mais elle souhaite obtenir l’avis et le soutien des équipes sur les domaines à libérer et ceux à restreindre. »
« Ce qu’ils veulent éviter, ce sont les grands écarts de performance d’une saison à l’autre et le risque de domination d’une équipe. Ce n’est pas bon pour le spectacle. C’est pourquoi ils ont été très prudents et très restrictifs jusqu’à présent. C’est aussi la raison pour laquelle certaines équipes ont été très mécontentes et l’ont fait savoir dans les médias. »
« À mon avis, si nous travaillons avec la FIA, nous pouvons créer un produit passionnant, avoir de belles courses, voir des gains de performance modérés d’une année sur l’autre qui ne fausseront pas le spectacle. Ce faisant, nous pouvons assurer la croissance du sport, avoir une réglementation raisonnable et une compétition forte. »
Comme d’autres cependant, Mike Krack craint que le règlement soit trop complexe à expliquer pour certains fans…
« Nous pouvons également créer quelque chose que les fans peuvent comprendre. C’est très important et souvent sous-estimé. Nous ne devrions pas être dans une position où la technologie doit être expliquée sans cesse. Il y a une partie des fans de F1 qui veulent une plongée en profondeur dans la technologie - et en tant qu’ingénieur, je suis plus qu’heureux d’y répondre et de l’encourager - mais ce n’est pas la majorité des fans. Ce qui est commun à l’ensemble des fans de F1, c’est que tout le monde veut pouvoir parler des grands pilotes qui pilotent de grandes voitures. »
Aston Martin F1 muscle son recrutement pour 2026
Pour entamer du mieux possible la prochaine période réglementaire, Aston Martin F1 met le paquet au niveau du recrutement. Bob Bell, Andy Cowell, Enrico Cardile, ont rejoint l’équipe… et ils pourraient bientôt être rejoints par un certain Adrian Newey !
Toutes ces arrivées ne risquent-elles pas cependant de déstabiliser Aston Martin F1, selon Mike Krack ?
« Nous sommes encore dans une période de croissance, mais je pense que nous devons être ouverts d’esprit et dynamiques, tant au niveau du personnel que du développement de la voiture. »
« Il est évident qu’il faut construire autour d’un noyau stable. Il faut des routines et de la confiance, et établir cette confiance peut prendre beaucoup de temps, mais il ne faut jamais se contenter de dire "tout va bien". Il faut toujours chercher ce que l’on peut améliorer, ce que l’on peut changer. »
« Nous avons annoncé l’arrivée de plusieurs nouveaux membres de l’équipe de direction au cours des derniers mois, et à chaque fois qu’une nouvelle personne arrive, on me pose la question suivante : "Est-ce la dernière pièce du puzzle ? Ce n’est pas le cas. Ce n’est jamais le cas. Nous continuerons à chercher à recruter, car il y a peut-être quelqu’un d’autre qui nous rendra meilleurs. »
« Il ne faut jamais oublier que nous avons beaucoup de talents au sein de l’équipe, que nous essayons constamment de développer et de faire progresser au sein de l’organisation. Vous regardez à l’extérieur parce que l’organisation doit rester dynamique, ouverte à de nouvelles perspectives, mais nous devons donner à l’équipe qui est déjà là l’opportunité de mûrir, de s’exprimer, de migrer naturellement vers des domaines de plus grande responsabilité. »
L’équipe Aston Martin F1 est donc toujours en construction permanente...
« Tout à fait, mais on peut dire la même chose de n’importe quelle équipe de F1 - vous évoluez constamment, vous trouvez constamment des moyens de vous améliorer et de vous renforcer. »
Mike Krack conclut par une précision importante : désormais, Aston Martin F1 dispose des mêmes ressources (humaines et matérielles) que les autres écuries de pointe. Plus d’excuse, donc !
« Nous nous développons au point d’atteindre la parité avec les écuries de pointe en termes de nombre d’employés, et lorsque le campus technologique AMR sera achevé, nous disposerons d’une installation de premier ordre pour la fabrication des voitures de F1. Ce campus offrira également un environnement de travail agréable, inspirant et stimulant, ainsi qu’un outil utile pour le recrutement, tout en atteignant tous nos objectifs en matière de développement durable. »
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