Comme Red Bull, Ferrari et Mercedes ont aussi menacé de quitter la F1 en 2020

Pour finalement rester

Par Alexandre C.

24 janvier 2021 - 18:06
Comme Red Bull, Ferrari et Mercedes (…)

Quand Red Bull menace…

Voici que Red Bull hausse le ton. Si l’écurie de Milton Keynes n’obtient pas un gel des moteurs (ou une convergence des performances) à compter de la saison 2022, la menace a été brandie : Red Bull pourrait quitter la F1, et AlphaTauri avec.

Helmut Marko a ainsi répété ces derniers jours que Red Bull pourrait « reconsidérer radicalement » son engagement en F1 si elle n’obtenait pas satisfaction : car si le gel n’est pas décidé, Red Bull, qui reprendra le programme de Honda, n’aura pas les ressources pour mener à bien le développement.

Helmut Marko nie faire du chantage, et pourtant, ce « chantage à la présence » n’est pas une nouveauté pour les écuries de pointe. Loin de là puisqu’en 2020, Mercedes et Ferrari ont aussi menacé de quitter le sport !

Quand Ferrari menace…

Il faut se replacer dans le contexte d’avril 2020. En pleine pandémie, les équipes de F1 négociaient les prochains Accords Concorde, et notamment une redistribution des revenus radicale. En clair, il s’agissait de donner moins aux riches, et plus aux pauvres, de partager plus équitablement le gâteau. Dans la même veine, les négociations pour abaisser le montant des budgets plafonnés, de 175 à 145 millions de dollars, allaient bon train. McLaren poussait même pour un budget plafond de 100 millions de dollars !

Cela faisait trois victimes : Red Bull, Ferrari et Mercedes.

Le bonus historique de Ferrari a été aussi un temps remis en question. Et forcément, en avril dernier, Mattia Binotto était monté au front pour brandir la menace, presque habituelle à chaque grande négociation, d’un retrait de la Scuderia du sport.

Ecoutons le Mattia Binotto d’alors : « Le niveau de 145 millions de dollars est déjà une baisse exigeante par rapport à ce qui avait été établi en juin dernier. Chez Ferrari, il ne peut être atteint sans de nouveaux sacrifices importants, notamment en termes de ressources humaines. S’il devait descendre encore plus bas, nous ne voudrions pas être obligés de chercher d’autres options pour déployer notre ADN dans le sport automobile. »

Ferrari menaçait ainsi de quitter la F1, pour aller vers l’endurance, la Formule E, etc. On sait ce qu’il en advint : Ferrari put conserver son bonus et les budgets plafonnés resteraient à 145 millions de dollars.

Quand Mercedes menace…

Toujours dans le cadre de la renégociation des Accords Concorde, et toujours cette année, Mercedes a aussi menacé Liberty Media de quitter le sport ! Toto Wolff, directeur de l’équipe allemande, n’avait toujours pas signé les accords quelques jours avant la deadline du 12 août, parce que Mercedes « serait la plus grande victime en termes de pertes de revenus » de la redistribution des revenus.

Et là encore, Toto Wolff menaçait : « Ferrari a maintenu une position avantageuse. La position de Red Bull s’équilibre évidemment avec AlphaTauri. C’est donc nous qui sommes les plus touchés. Je pense que Mercedes a contribué au sport ces dernières années. Nous avons, en plus d’être compétitifs sur la piste, le pilote qui a clairement le plus d’attrait au niveau mondial, et j’ai vu dans ces négociations que nous n’étions pas traités comme nous aurions dû l’être. C’est pourquoi il y a un tas de sujets ouverts pour nous, qui sont juridiques, commerciaux et sportifs. Et de notre point de vue, je ne me sens pas prêt à signer les Accords Concorde. »

Ne pas signer les Accords Concorde équivaut à donc sortir du sport… Là encore, on sait ce qui se produisit.

2017 et 2014 : quand Mercedes et Ferrari menacent encore…

Et 2020 ne fait pas exception dans l’histoire des chantages ! Même en 2017, Mercedes et Ferrari menaçaient de quitter le sport, parce que Toto Wolff ne trouvait plus la F1 assez attractive avec notamment une perte sèche de revenus, et un rachat de la F1 par Liberty Media qui n’avait pas produit ses effets.

Quand on lui demandait si Mercedes pouvait quitter la F1, Toto Wolff répondait alors (novembre 2017…) : « Un tel scénario est plus que concevable. Comme il l’est pour Ferrari. Si nous ne voyons plus d’intérêt à la Formule 1, nous devrons alors nous poser la question difficile qui ne sera pas de savoir si nous voulons encore y participer. Où irons-nous pour continuer dans un sport automobile à haut niveau ? »

Même scénario en 2014, quand Bernie Ecclestone suggérait un retour aux V8 ou aux V10, puisque les V6 et leur bruit d’aspirateur décevaient tant les fans. Mercedes, qui avait tant investi dans l’hybride, ne pouvait trouver soutenable une telle hypothèse.

« Si le V8 revient, Mercedes s’en va » prévenait alors Niki Lauda.

Des menaces réelles ?

En somme, les menaces de chantage sont habituelles chez les écuries de pointe ces dernières années.

D’ailleurs Christian Horner était rassurant le 2 octobre dernier : « Notre implication conjointe pour le reste de 2020 et sur la saison 2021 reste inchangée, nous voulons nous battre pour des victoires et jouer le championnat. En tant que signataire des derniers Accords Concorde de la Formule 1, Red Bull Racing reste impliqué à long terme dans la discipline, et nous avons hâte d’embarquer dans une nouvelle ère. »

Cela veut-il dire que Red Bull ne mettra jamais ses menaces à exécution ? Il n’y a pas de science exacte…

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