Carey répond enfin aux accusations des promoteurs

Il tiendra son cap... et critique la mauvaise foi des auteurs de la lettre

Par Alexandre C.

6 février 2019 - 08:43
Carey répond enfin aux accusations (…)

Après avoir gardé le silence pendant plusieurs jours, Chase Carey a enfin réagi à la dernière lettre de la FOPA (Formula One Promoters’ Association). 16 des 21 promoteurs, réunis au sein de l’association, y critiquaient vertement la gestion de Liberty Media.

La baisse des audiences TV (avec le développement des chaînes payantes), l’octroi d’un contrat « gratuit » à Miami, et plus généralement les initiatives des Américains pour le sport, y étaient vilipendées.

Pour Chase Carey, cette lettre était en grande partie inévitable : il serait difficile de contenter un si grand nombre d’acteurs en même temps… Mais surtout, il laisse clairement entendre que les opinions reflétées dans la lettre étaient, en réalité, très minoritaires : la FOPA a-t-elle alors été fidèle aux points de vue de ses membres ? Y a-t-il eu instrumentalisation ?

« De manière réaliste, si vous êtes avec 21 personnes dans une pièce, vous en trouverez forcément deux qui auront des motifs de plainte » a regretté Carey, lors d’un évènement présentant la prolongation du Grand Prix d’Azerbaïdjan.

« En toute honnêteté, je pensais que la réunion [avec les promoteurs] avait été incroyablement positive. Je pensais qu’une large majorité nous soutenait, et qu’ils appréciaient grandement ce que nous faisons. »

« Le fait que quelques-uns [16 sur 21] voulaient trouver quelque chose pour se plaindre, c’est la vie. Cela ne va pas changer ce que nous faisons, ni altérer le soutien d’une large majorité de promoteurs – qui sont excités par nos projets. »

« Ils pensent que le sport, de leur point de vue et en général, est dans une situation bien meilleure qu’il y a quelques années, et qu’il va dans la bonne direction. Nous avons, de notre côté, une liste de courses que nous ne pouvons placer dans le calendrier, mais que nous voudrions y ajouter. »

« C’est la vie… vous trouverez toujours certaines personnes qui se plaindront de quelque chose, et qui feront du bruit. Nous allons continuer à avancer et à faire ce que nous faisons – et nous nous sentons très à l’aise avec cela. »

Selon Chase Carey, la lettre des promoteurs est empreinte de mauvaise volonté.

« J’ai réglé [les trois inquiétudes soulevées dans la lettre], mais personne [parmi les promoteurs] ne l’a fait remarquer. Ils ont juste tout sorti dans un communiqué de presse, ce qui était un peu étrange. »

Chase Carey s’étonne en particulier de voir les promoteurs avoir publié de manière précipitée la lettre. La FOPA se plaignait, dans sa missive, du manque d’initiatives de Liberty Media… alors même que la réunion du lendemain, avec Chase Carey, avait pour objet de présenter les nouvelles initiatives portées pour la F1.

« J’ai pensé que c’était la partie la plus étrange, parce qu’ils l’ont écrite une nuit avant la réunion, donc nous avions déjà une journée de prévue pour parler de nos initiatives, et ils – en fait, seulement deux gars – ont sorti un communiqué de presse en disant qu’il fallait que l’on parle des initiatives. »

Méthodique, Chase Carey a aussi répondu, point par point, aux accusations de la FOPA.

Concernant la baisse des audiences TV, induite par la vente des droits à des chaînes payantes, comme à Canal + en France, l’homme fort de Liberty Media signale que le football suit une pente similaire.

« Nous attachons certainement une grande valeur aux audiences, et en bien des pays, nous avons progressé sur ce point. Il n’y a aucun doute sur le fait que le monde du sport a évolué, depuis longtemps, vers les chaînes payantes : si vous regardez le football, en Europe, il est presque uniquement basé sur des plateformes payantes, et clairement, le digital devient une grande force. »

« En réalité, l’audience a été redéfinie, et si vous voulez atteindre les millenials aujourd’hui, vous n’allez pas les atteindre par la TV, mais par un appareil que les jeunes tiendront en fait entre leurs mains. »

« Le monde de la TV et de la vidéo est en train de changer, et nous voulons imaginer des moyens pour traiter la question des droits TV, des contenus payants, du digital… tout cela fait partie de ce que nous sommes en train d’imaginer. Et dans ce cadre, l’audience est une considération importante. »

Les promoteurs craignent également l’extension du calendrier à de nouveaux rendez-vous, comme au Vietnam en 2020 : cette extension ne se fera-t-elle pas au détriment des courses existantes ?

« Certainement, nous ne recherchons pas à organiser de nouveaux GP au détriment des courses existantes » répond Chase Carey. « La réalité, c’est que nous avons prolongé des contrats actuels, depuis que nous avons pris le contrôle de la F1 il y a deux ans. Et la seule course que nous n’avons pas renouvelée, était la Malaisie, et il s’agissait d’une décision mutuelle, donc c’est la réalité. »

« Cela dit, nous voulons des partenariats de long terme, et je pense qu’il est important d’apporter de la fraîcheur et d’impulser une nouvelle énergie. »

« Le Vietnam est une nouvelle course, et ce sera une course formidable, donc je pense que c’est excitant pour les fans. L’accueil que nous avons reçu dans le monde, concernant ce Grand Prix, nous confirme cette excitation. Nous voulons être présents dans des marchés où nous ne sommes pas présents aujourd’hui, car il y a quelques opportunités à aller chercher. »

Liberty Media cherche encore à organiser un deuxième Grand Prix en Chine, et aux États-Unis, à Miami. Est-ce bien nécessaire selon Chase Carey ?

« Sur d’autres marchés, nous sommes présents, mais pas de la manière que nous aimerions. Donc aux États-Unis, nous sommes clairement présents au Texas, mais je pense qu’il y a une opportunité pour être davantage présents encore dans ce pays. »

La lettre de la FOPA doit être, enfin, replacée dans un contexte particulier : cinq des contrats actuels vont expirer à la fin de cette année, et les promoteurs ont ainsi mis un coup de pression sur Liberty Media.

Avec la FOPA, Chase Carey va-t-il revoir, étant donné le vent de fronde qui souffle, ses méthodes de négociation ?

« Comme je l’ai dit par le passé, nous parlerons [des contrats] une fois qu’ils seront finalisés seulement. »

« Le sport semble aimer parler, et agir ensuite. Ce sont des accords compliqués et nous y travaillons. Nous verrons où cela nous mène. Il y a des problèmes sur lesquels il faut batailler, et il y a d’autres circuits qui sont agressifs pour décrocher leur place dans le calendrier, alors que nous n’avons pas beaucoup de place disponible. »

« Mais je ne vais pas rentrer dans les détails. Pour le moment, il s’agit de discussions privées, entre nous et les promoteurs. Silverstone avait choisi de rendre ces discussions publiques il y a deux ans, mais nous avons continué à négocier avec eux et nos autres partenaires en privé. »

Agacé tout en restant courtois, ferme tout en demeurant professionnel, Chase Carey tenait ainsi à remettre les pendules à l’heure, après cette première crise ouverte entre les promoteurs et la FOM. La prolongation du Grand Prix d’Azerbaïdjan lui donnait l’occasion de réagir en position de force à ses détracteurs.

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