’Calm down...’ : Comment les ingénieurs F1 gèrent la nervosité des pilotes

L’exemple d’Alonso chez Aston

Par Alexandre C.

4 janvier 2024 - 17:19
'Calm down...' : Comment (…)

Etre ingénieur de course en F1 n’est pas de tout repos, surtout quand vos pilotes sont de nature impulsive ou autoritaire.

Gianpiero Lambiase en sait quelque chose, qui se fait régulièrement renvoyer (gentiment, ou pas) dans ses cordes par Max Verstappen, chez Red Bull.

Chez Aston Martin F1, c’est Ben Michell (auprès de Lance Stroll) et Chris Cronin (auprès de Fernando Alonso) qui remplissent cette fonction.

Une mission centrale de l’ingénieur de course est donc de gérer les émotions de ses pilotes. Yuki Tsunoda a encore du mal avec cela chez AlphaTauri par exemple et cela nuit véritablement à sa carrière et à sa réputation.

Et Lance Stroll ? Selon son ingénieur Ben Michell, est-il un pilote calme ? Comment gérer ses éventuelles frustrations, voire colères ?

« Vous voulez que les informations ou les conseils que vous communiquez soient pris en compte par le pilote, et de la bonne manière, mais dans le feu de l’action, ce n’est parfois pas le cas - et c’est compréhensible. »

« S’ils sont des athlètes d’exception, les pilotes n’en restent pas moins des êtres humains - les émotions peuvent remonter à la surface. C’est en partie ce qui rend ce sport si fascinant. Ce qui compte, c’est la manière dont vous gérez vos émotions dans ces situations de haute pression. »

« C’est lors des qualifications que l’on observe le plus souvent ce phénomène. Les pilotes doivent faire preuve d’une grande force mentale : s’ils ont commis une erreur, ils doivent être capables de l’oublier rapidement, de ne pas s’y attarder et de repartir pour effectuer le tour suivant. »

« Il n’y a pas de mal à montrer ses émotions, mais il est préférable de le faire après la séance, après avoir examiné les données pour essayer de comprendre ce qui s’est passé et les raisons de l’erreur. Le plus souvent, une fois que vous avez commencé à décomposer les choses et à leur donner un sens, cela a tendance à dédramatiser la situation. »

L’exemple d’Alonso au Brésil

Rester calme pour faire performer au mieux son pilote : Chris Cronin, l’ingénieur de course de Fernando Alonso, y est parfaitement parvenu lors des derniers tours du Grand Prix du Brésil.

Dans les dernières boucles, Fernando Alonso a été dépassé par Sergio Pérez pour la 3e place... puis a redépassé le pilote mexicain dans les ultimes boucles.

Les échanges radio, dans le feu de l’action, montrent à quel point Cronin avait su gérer les émotions de l’Espagnol.

« Tour 69 (Cronin à Alonso) : OK, il est à 1,5 seconde, utilise l’énergie. Encore deux tours à la fin de celui-ci, deux.

Tour 70 : Tu peux à nouveau utiliser de l’énergie.

Tour 71 : OK, tu auras le DRS. Strat cinq. Strat cinq.

Tour 71 : OK, mon pote, pousse et tiens. Tu as beaucoup d’énergie. Tiens le coup...

Tour 71 : Oui, mon pote ! Tu as réussi ! »

Eviter la pression au quotidien, sur la piste mais aussi en dehors, notamment sur les réseaux sociaux, est ainsi une règle d’or pour Cronin.

« Les pilotes doivent être résilients ; ils doivent avoir une mentalité d’ange gardien parce qu’il y a tellement de forces extérieures qui peuvent ronger votre confiance. »

« Il en va de même pour nous, les ingénieurs de course : j’ai tendance à éviter les médias sociaux et à regarder à peine les news de la F1 pour me protéger des pressions extérieures. »

Et pour gérer la pression, pour anticiper le calme, il vaut mieux tout planifier avant le Grand Prix…

« La principale chose que Fernando attend de moi et de l’équipe, c’est que le plan soit établi et que nous ayons étudié et planifié le plus grand nombre de scénarios possibles - les "et si...". »

Aston Martin F1 Team

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