Budgets d’investissement : la FIA soulage Williams... et exaspère Ferrari
Le plafond relevé… mais surtout pour les petites équipes
Le plafond budgétaire en F1 est double. D’un côté, les dépenses liées, pour résumer, à l’opérationnel, sont limitées à 145 millions de dollars.
D’un autre, les dépenses d’investissement (construction d’une nouvelle soufflerie, d’un nouveau simulateur, mise à jour des logiciels et machines, etc.) sont plafonnées à 36 millions de dollars sur quatre ans.
Ce point (contrairement à l’esprit initial des budgets plafonnés) désavantage les petites structures.
James Vowles par exemple chez Williams (voir notre article) a le premier plaidé pour une augmentation de ce plafond : en effet, Williams a l’argent pour investir (et rattraper son immense retard en la matière), mais est freinée par le règlement financier.
Pendant ce temps, les écuries de pointe ont, elles, déjà des infrastructures de très haut niveau et ont donc moins besoin d’investir. En clair, le règlement financier, au lieu de rapprocher les écarts entre équipes, les fige.
Cependant l’inflation mondiale a ensuite conduit la FIA à relever le plafond, à 45 millions de dollars.
Mais la FIA vient encore de changer le règlement financier, pour que cela profite aux petites équipes, en se basant sur le classement des constructeurs, sur le même modèle que l’allocation en temps de soufflerie.
À compter de 2024 ainsi, ce montant maximal des dépenses d’investissement (calculé toujours sur quatre ans, de 2021 à 2024) a été augmenté en se fondant sur les résultats du championnat en 2020, 2021 et 2022.
Williams, Haas, Sauber et AlphaTauri pourront investir 65 millions de dollars sur quatre ans (le calcul est opéré à partir de la saison 2020). Soit un bonus de 20 millions de dollars à dépenser d’ici la fin 2024.
McLaren, Alpine et Aston Martin pourront elles investir 58 millions de dollars.
Les trois équipes de pointe Red Bull, Ferrari et Mercedes pourront enfin dépenser 51 millions de dollars, au lieu des 45 millions de dollars.
Les équipes de bas de tableau auront ainsi, l’an prochain, 14 millions de dollars à investir de plus que les trois écuries de pointe (un « bonus » sur la seule année 2024 de 20 millions de dollars). Soit une différence significative.
Pour les périodes 2025 à 2028, les montants changeront cependant. Avec moins d’écarts entre équipes.
Red Bull, Ferrari et Mercedes pourront investir 42 millions de dollars ; McLaren, et Alpine et Aston Martin pourront investir 49 millions de dollars ; et enfin Williams, AlphaTauri, Haas et Alfa Romeo-Audi pourront investir 56 millions de dollars.
Enfin à partir de 2029, toutes les équipes reviendront à un plafond de 36 millions de dollars.
Williams est satisfaite…
James Vowles a longtemps plaidé pour Williams pour ce changement. C’est même lui qui a mis ce sujet sur la table.
Il est donc ravi de la nouvelle, forcément !
« Des nonnes nouvelles, de mon point de vue en tout cas. Un bon travail avec toutes les équipes nous a permis de débloquer une exemption en notre faveur d’environ 20 millions de dollars. Il y a donc eu un accord et de bonnes discussions depuis février. »
« Ce n’est peut-être pas les 100 millions de dollars que j’attendais, mais c’est un bon pas dans la bonne direction. »
« Nous avons un accord sur la table après six mois de discussions, de sorte que les équipes de tête ne recevront pas autant que les équipes de fond de grille. Nous en profitons tous davantage, ce qui correspond dans une certaine mesure aux infrastructures actuelles. »
« Il y a un grand nombre de changements à effectuer au sein de Williams, j’ai été très clair et ouvert à ce sujet. Une partie de ces changements est certainement liée aux dépenses d’investissement, une autre à la croissance de l’organisation et au changement au sein de l’organisation, et une autre à la croissance du site. »
« Lorsque vous mettez tout cela ensemble, vous commencez à voir des chiffres très importants apparaître sur la table. »
« Je suis donc heureux que nous ayons pris cette décision, et cela m’aidera énormément au début de notre voyage (avec Williams). »
McLaren ressort finalement gagnante aussi de l’accord, notamment pour combler son retard sur les écuries de pointe.
Andrea Stella est donc satisfait de l’accord trouvé.
« Tout d’abord, je voudrais faire remarquer qu’il s’agit d’un processus positif dans le cadre duquel les équipes et les institutions qui ont mené le processus ont réussi à trouver un accord.
« Pour nous, c’est une bonne nouvelle, nous allons utiliser l’allocation supplémentaire. Je pense donc que c’est une bonne chose pour nous. »
... mais pas Ferrari
Et de son côté, Frédéric Vasseur, pour Ferrari, est forcément remonté : car même si la Scuderia pourra dépenser un petit plus que prévu, la concurrence pourra davantage dépenser...
Frédéric Vasseur assure craindre que cette modification généreuse n’en appelle d’autres sur les budgets plafonnés.
Vasseur se pose donc en défenseur des budgets plafonnés : une hypocrisie puisque la Scuderia était longtemps opposée à la mise en place de ce règlement financier…
« Je ne suis pas très convaincu ! »
« Tout d’abord, si vous demandez à vos ingénieurs s’ils veulent avoir plus d’argent, ils vous répondront toujours que oui, nous voulons en avoir plus. C’est un processus sans fin. »
« Et je pense que nous avons ouvert la porte à plusieurs reprises à des modifications relatives aux réglementations sur le plafonnement des coûts. Ce qui est très dangereux. »
« Mais nous devons garder à l’esprit la situation de 2019. Ce n’est pas parce que les affaires vont bien aujourd’hui qu’il faut tout changer et revenir à la situation antérieure (de dépenses illimitées, ndlr). Et je pense que nous profitons de chaque occasion pour tout casser, ce qui est dangereux. »
De manière surprenante, AlphaTauri rejoint Ferrari
Chez AlphaTauri, le PDG Peter Bayer est lui dans une situation gagnante... même s’il reconnaît que son équipe ne pourra pas atteindre le plafond des investissements.
Mais il y a plus surprenant : Bayer rejoint le camp de Ferrari en contestant cette brèche ouverte dans les budgets plafonnés... faut-il y voir la main de Red Bull ?
« Ayant été impliqué dans le développement du plafond des coûts, l’idée était vraiment de s’assurer que toutes les équipes se rapprocheraient d’un certain montant, ou auraient une chance d’atteindre ce montant. »
« Aujourd’hui, sur le plafond financier concernant l’opérationnel, nous avons un budget indexé sur l’inflation ; et sur le plafond sur les investissements, nous avons une autre augmentation. En principe, c’est une bonne chose, mais pour l’instant, nous n’avons pas l’argent. Je dois donc essayer de trouver l’argent, les sponsors ! »
« C’est un défi parce que vous faites un plan et vous décidez de votre investissement, et soudain, en l’espace de six mois, la réglementation change et vous devez retourner voir vos actionnaires, dans mon cas, et ce n’est pas aussi agréable que ça en a l’air ! »
« Nous ferons avec, mais c’est probablement mon opinion. »
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