Binotto : ’Aucun moyen’ pour Ferrari de respecter le plafond budgétaire

Horner s’agace du refus des petites équipes de F1

Par Emmanuel Touzot

28 mai 2022 - 12:57
Binotto : 'Aucun moyen' (...)

La grogne de certaines équipes face au plafond budgétaire continue de croître, en marge du Grand Prix de Monaco. Le directeur de Ferrari, Mattia Binotto, a confirmé que la Scuderia ne serait pas en mesure de respecter les 140 millions d’euros de budget plafonné de cette année.

L’inflation a grandement augmenté les coûts pour les équipes de F1 cette année, alors qu’elles devaient déjà gérer un budget à 145 millions l’année dernière. Les équipes aimeraient connaître les sanctions pour un dépassement mineur, puisque les sanctions connues concernent les dépassements de plus de 5%.

"Je pense qu’il n’y aura aucun moyen pour nous de rester en dessous, donc je suis presque sûr qu’à un moment ou à un autre nous le dépasserons" a déclaré Binotto. "Dans le règlement, il y a un seuil qui est de 5%."

"Si vous ne dépassez pas les 5% en plus du seuil du plafond budgétaire en cas de force majeure, cela pourrait être considéré comme une infraction mineure. Je n’ai aucune idée de la manière dont ils décideront de la pénalité à infliger."

"Je ne pense pas qu’il y ait un moyen pour nous et pour beaucoup d’équipes de rester dans les limites du budget, et même de licencier des gens, je ne pense pas que ce soit le bon choix."

"C’est déjà l’été, et les bénéfices ne sont pas suffisants pour faire face aux prix et aux coûts excessifs. Quelles seront donc les conséquences ? Le plus important, c’est que de nombreuses équipes ne vont pas respecter les règles."

"Je pense que ce sera tout simplement mauvais pour le règlement financier. Si nous enfreignons le règlement financier, alors je pense que nous commencerons à débattre de savoir si le règlement financier fonctionne, et cela remettra tout en cause."

Horner : Les petites équipes nous "prennent en otage"

Christian Horner a été le premier à alerter sur le risque de voir des équipes obligées de manquer des courses, jugeant que les dépenses étaient trop importantes en ce début de saison. D’autres équipes, dont Ferrari, avaient noté que Red Bull développait trop sa monoplace.

C’est également la défense d’Otmar Szafnauer, le PDG d’Alpine F1, qui explique que l’inflation était envisageable dès cet hiver, et qu’il fallait réduire le rythme de développement. Mais le directeur de Red Bull cherche à comprendre ce que risque son équipe en cas de dépassement et se plaint de l’inflexibilité de certains teams.

"Je pense que toutes les grandes équipes vont dépasser ce plafond de 140 millions de dollars cette année" a déclaré Horner, rejoignant Binotto sur le sujet. "Mais quelle est la pénalité pour une violation mineure ?"

"Ce que nous ne voulons pas faire, c’est de nous retrouver à jouer à un jeu dangereux en se demandant si on vise 4,9% de plus, est-ce que nous visons 4,7% ? Et cela pourrait valoir une amélioration et être le facteur de différenciation de ce championnat du monde."

"Je pense que nous avons besoin de clarté, et rapidement. Il n’est pas normal que nous soyons tenus en otage par quelques équipes qui ne sont peut-être pas concernées. Cela n’a jamais été le but du plafond budgétaire."

"Le plafond budgétaire était là pour empêcher les meilleures équipes de se lancer dans une frénésie de dépenses. Aucun d’entre nous ne pouvait prévoir, lorsque nous avons établi les chiffres du plafond budgétaire qui ont été réduits de 30 millions pendant la pandémie, les événements mondiaux qui entraînent l’inflation."

"Nous ne savons même pas quelle sera cette inflation au second semestre. Et nous voyons tous le coût de la vie, la hausse des coûts et les factures de services publics monter en flèche. Où cela va-t-il aller dans les six prochains mois ?"

"Nous avons donc besoin que la FIA prenne des mesures précoces à ce sujet car nous arrivons au milieu de l’année et vous ne pouvez pas faire grand-chose. Nous avons également une responsabilité envers nos employés. Nous avons réorganisé, nous avons remodelé, nous avons dû dire au revoir à de nombreux employés de longue date par des licenciements l’année dernière pour arriver au bon point avant l’arrivée de l’inflation et je ne pense pas qu’il soit juste que la pression soit mise encore une fois pour d’autres licenciements collectifs dans le sport."

"Il faut regarder la situation dans son ensemble. S’agit-il d’un événement de force majeure ? Je dirais qu’un acte de guerre entraînant l’inflation est un cas de force majeure."

Un cadre plus clair pour éviter des suites judiciaires

Horner aimerait que le cadre légal du plafond budgétaire soit renforcé, pour que chaque équipe puisse savoir à quoi elle s’expose, et que le dépassement soit - ou non - possible. Il rappelle aussi que cette situation ne concerne pas uniquement les top teams, en parlant entre les lignes d’AlphaTauri.

"Ce que nous voulons vraiment, c’est de la clarté, car ce qu’aucun d’entre nous ne veut à la fin de la saison, c’est que nous nous précipitions tous devant les tribunaux à Paris en disant ’il a dépensé un million de dollars de plus que nous’, etc. Nous devons donc parvenir à un seuil raisonnable."

"Pour les petites équipes, la FIA dispose de leviers. Les composants qui sont transférés, par exemple les boîtes de vitesses, les suspensions, les pièces listées, elles sont soumises à une taxe substantielle, une taxe de plafonnement des coûts, pas une taxe réelle."

"Peut-être que la FIA peut envisager de les réévaluer. Car même les équipes qui jouent la septième place envisagent de dépasser le plafond budgétaire en ce moment en raison de certaines de ces taxes effectives."

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