Avec Szafnauer, l’usine Alpine F1 fait le samedi ce qu’elle faisait le lundi
Il décrit sa culture de la gagne instillée à l’équipe
Si l’imbroglio Piastri a mis en lumière les faiblesses d’Alpine sur le plan juridique notamment, cela ne doit pas occulter les progrès de fond accomplis par l’équipe en coulisses.
Alpine a régulièrement la 4e meilleure F1 du plateau et devance d’ailleurs désormais McLaren au classement des constructeurs.
Cela n’est évidemment pas un hasard, comme l’a expliqué Otmar Szafnauer, le directeur d’écurie : en arrivant d’Aston Martin F1, le Roumano-Américain a trouvé un « formidable groupe qui travaillait bien ensemble ».
Pour autant, Otmar Szafnauer a aussi perçu les limites actuelles d’Enstone en particulier, détaille-t-il.
« Il y a encore des domaines dans lesquels certaines des plus grandes équipes ont des avantages et nous devons trouver comment, au cours des prochaines années - car cela ne se fait pas du jour au lendemain - faire en sorte que nous ayons des capacités similaires dans ces domaines. »
« Cela passe par le développement d’outils, en partie matériels et en partie logiciels. Des choses qu’ils ont et que nous n’avons pas, alors nous devons nous y mettre. Et un peu de cela est la capacité technique à travers les personnes. »
Sur le plan des ressources humaines également, Otmar Szafnauer a donc lancé des chantiers importants.
« Nous avons maintenant un programme dans le cadre duquel nous embauchons entre 65 et 75 personnes supplémentaires pour compléter les compétences que nous avons déjà. Il ne s’agit donc pas d’un transfert d’équipes, mais d’un ajout. »
« Il y a aussi des gains rapides, dans les opérations et dans d’autres domaines, auxquels j’ai pu contribuer. Cela explique la vitesse à laquelle nous apportons des évolutions en permanence, ce dont vous avez besoin dans une année comme celle-ci où c’est une grande course de développement. »
« Cette dynamique pourrait continuer, mais à un moment donné, si les règlements ne changent pas, cette courbe d’apprentissage va s’aplatir un peu et alors nous serons dans une position différente et prendrons des décisions différentes. »
Plus que de problèmes de performance, Alpine a cependant beaucoup souffert en termes de fiabilité, reconnaît tout de même Otmar Szafnauer.
« C’est notre principal point faible pour tirer le maximum du matériel dont nous disposons. »
« Il y a probablement eu deux, trois ou quatre courses où, si nous avions eu une meilleure fiabilité, nous aurions marqué de bons points. »
« Il y a un effort conscient fait de côté pour aller chercher en priorité la performance avec l’unité de puissance. Avec un moteur gelé où vous ne pouvez faire que des changements de fiabilité, c’était absolument la bonne décision stratégique. »
« Mais si quelque chose ne va pas et que les performances sont un peu plus sollicitées, nous ne devons pas être surpris et nous devons simplement aller de l’avant et réparer le problème comme nous l’avions prévu. »
Une nouvelle culture chez Alpine ?
L’obsession de Otmar Szafnauer, et qui conditionne tout le reste selon lui, reste la performance sur la piste : cet impératif doit concerner jusqu’aux services d’entretien selon lui.
« Au fond de moi, je pense toujours à la manière dont on peut s’améliorer dans tous les domaines. Vous devez établir des priorités, et continuer à chercher comment vous pouvez vous améliorer. »
« Je dis aux gens que toute l’équipe, peu importe qui vous êtes, si les performances sur la piste sont bonnes, votre vie devient tellement plus facile. Le travail de chacun est meilleur, peu importe qui vous êtes. Que vous travailliez à la cantine ou pour le service de nettoyage, lorsque tout le monde arrive et qu’il est souriant et heureux, cela vous touche aussi et vous êtes heureux. »
« Donc, avant tout, il s’agit de la performance sur la piste. Que pouvons-nous faire pour atteindre le niveau nécessaire ? »
C’est donc un véritable travail sur la culture d’équipe d’Alpine qu’Otmar Szafnauer a enfin entrepris. Quitte à sacrifier encore plus les week-ends...
« Cette approche change donc la culture, et cela change la façon dont les gens pensent. Il y a des choses qu’il faut faire de toute façon, alors il faut les faire plus tôt. Peut-être que c’est inconfortable parce que nous passons un samedi et un dimanche [à travailler] et que certains d’entre vous l’auraient fait le lundi et le mardi, mais si vous le faites le samedi et le dimanche, vous obtenez la pièce sur la piste ou autre un peu plus rapidement. »
« Et si vous faites cela, si vous pouvez gagner une semaine ou deux sur le temps de fabrication de la voiture entière, cela vous donne deux semaines de plus dans la soufflerie. Et ces deux semaines de plus dans la soufflerie, parfois si la courbe d’apprentissage est élevée, cela peut vous faire gagner cinq ou six points [d’appui]. Cinq ou six points valent deux dixièmes de seconde sur la piste. »
« Si vous avez cette voiture qui est deux dixièmes de seconde plus rapide pour la première course, alors vous êtes dans une position différente et cela devient tout simplement contagieux. »
« C’est de ça qu’il s’agit pour moi. Mais il y a beaucoup d’aspects - avec 850 employés, il y a beaucoup à faire. »
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