Audi F1 : Un ’grand défi’ qui pourrait échouer comme Toyota ?

C’est l’avis d’un ancien pilote de l’équipe japonaise

Par Emmanuel Touzot

15 juin 2024 - 12:32
Audi F1 : Un 'grand défi' (…)

Timo Glock pense que le plus grand défi pour Audi F1 sera de faire fonctionner deux usines à distance, avec Hinwil en Suisse pour les châssis, et Neubourg en Allemagne qui se chargera de la conception des moteurs.

"Je pense qu’ils ont un grand défi à relever, car ils ont deux usines" a déclaré l’ancien pilote au podcast Formula For Success. "L’une est en Suisse, l’autre en Allemagne. Je pense qu’ils ont un grand défi à relever. Mais d’un autre côté, je pense qu’ils ont le pouvoir de le faire."

"Andreas Seidl étant en poste, il sait exactement ce qu’il faut pour être une équipe de Formule 1 performante mais, bien sûr, ce sera un défi pour eux. Je ne m’attends pas à ce qu’ils soient directement au sommet dès la première année."

Cependant, l’Allemand est impatient de revoir un constructeur de son pays arriver en Formule 1, en plus avec un pilote du pays, Nico Hülkenberg, qui pourrait relancer l’intérêt pour la catégorie reine outre-Rhin : "Avec l’expérience qu’ils ont maintenant avec Nico, c’est un grand signal pour l’Allemagne."

"Le fait d’avoir un constructeur allemand avec un pilote allemand pourrait donner un nouvel élan à l’Allemagne. J’espère que nous les verrons monter en puissance. Mais face à toutes les meilleures équipes, il sera très, très difficile d’être à leur place et d’être compétitifs."

Glock prend pour exemple le cas de Toyota, qui arrivait en F1 avec des moyens colossaux mais n’a jamais su trouver son équilibre entre le Japon et l’usine de Cologne, notamment par des différences culturelles qui causaient de la discorde au sujet de décisions audacieuses : "Je n’avais jamais pensé que cela pourrait être un problème pour nous."

"Lorsque je suis arrivé chez Toyota, nous avons visité les installations et nous avons ensuite conduit en moto d’une installation à l’autre en raison de l’immensité du site. Il y avait tout ce qu’on peut imaginer pour construire une voiture de Formule 1, pour construire une voiture de F1 gagnante."

"Nous avions deux souffleries. Je devais conduire cette voiture de F1 et représenter Toyota en tant que constructeur, sans compter les 1200 personnes qui travaillaient à Cologne. Mais j’ai très vite compris que le problème était chez Toyota - pas les gens, ils étaient vraiment, vraiment bons."

"C’était le processus de prise de décision, les décisions devant être prises très rapidement, ce qui nous prenait beaucoup trop de temps pour prendre des décisions. Par exemple, nous avions des améliorations sur la voiture, qui étaient en quelque sorte dans la zone grise, puis elles ont été arrêtées par le Japon."

"Ils avaient donc tout à revérifier avec le Japon, tout le temps. Je me souviens d’un aileron arrière qui se bloquait au bon moment, un peu comme un effet DRS. Nous l’utilisions déjà lors des essais en ligne droite et il était prêt à être utilisé."

"Il nous a permis de gagner au moins une demi-seconde. Ils l’ont annulé au Japon parce qu’il était dans la zone grise. Ils ont dit ’non, non, nous ne voulons pas être disqualifiés, nous ne pouvons pas aller dans cette direction’. Ce genre de choses nous a empêchés de faire ce dernier pas."

Et Glock de confirmer que la Toyota TF110, voiture qui n’a jamais roulé en compétition à cause du retrait de la marque, aurait surement été le grand succès de l’équipe : "La voiture de 2010 aurait été une très, très bonne voiture. C’est certain. Je le sais grâce à des gars de Toyota qui sont passés chez Ferrari à l’époque où Toyota a arrêté en 2009."

"Ils avaient les mêmes chiffres aérodynamiques. Nous avions 10 à 15 points d’avance sur Ferrari en 2010, mais la voiture de 2010 n’a jamais vu un circuit. Quand j’y repense, j’aurais aimé conduire la voiture de 2010, car je pense qu’elle aurait pu prétendre à une place dans les trois premiers."

Audi F1

Recherche

Info Formule 1

Photos

Vidéos