Au tour de McLaren F1 de s’alarmer sur les budgets plafonnés

Un montant irréaliste avec l’inflation

Par Alexandre C.

25 mai 2022 - 17:44
Au tour de McLaren F1 de s'alarmer

Le montant des budgets plafonnés (140 millions de dollars) avait été décidé à une époque où la déflation menaçait plus que l’inflation.

Or voici qu’au Royaume-Uni, l’inflation est en rythme annuel au plus haut depuis 40 ans (+ 9 %) : ce qui veut dire que si les budgets plafonnés suivaient l’inflation, leur montant devrait être en termes réels de 153 millions de dollars. Sans doute plus car les coûts de fret notamment explosent (quadruplement). La diminution du montant des budgets plafonnés de 5 millions de dollars par rapport à l’an dernier, c’est ainsi « peanuts » par rapport aux effets de l’inflation.

Les équipes de F1, surtout au Royaume-Uni (l’inflation est plus basse en Italie), sont ainsi sous pression. Au point que Christian Horner (voir notre article) ait assuré que des équipes de F1 manqueront des courses en fin d’année si le plafond n’augmente pas !

Il n’y a pas que Red Bull qui tire la sonnette d’alarme : McLaren aussi. Andreas Seidl, le directeur de l’écurie McLaren en F1, avertit la FIA et la FOM de risques de dépassements très sérieux. Tout en défendant le principe des budgets plafonnés – mais il faut l’adapter aux circonstances.

« Il est clair pour nous que le respect du plafond des coûts est une nécessité absolue pour le sport. Ce n’est pas un secret que nous avons beaucoup insisté pour introduire ce plafond budgétaire et pour obtenir les chiffres que nous avons maintenant. »

« En même temps, il est important que si des circonstances exceptionnelles surviennent comme celles de cette année - si vous regardez simplement nos factures d’électricité et l’augmentation incroyable des frais de transport - il doit être possible d’avoir une discussion entre toutes les équipes et la FIA afin de trouver des solutions équitables. »

« Nous sommes au milieu de la saison maintenant, tout le monde s’est préparé pour la saison afin de fonctionner au plafond, et avec ces circonstances exceptionnelles et ces augmentations, il est pratiquement impossible de s’en tenir au plafond. »

« C’est pourquoi il est juste de discuter de solutions entre toutes les équipes. Et cela signifie, de notre point de vue, qu’il serait juste d’augmenter le plafond peut-être lié à ces coûts spécifiques qui ont augmenté de manière significative. »

« L’augmentation est de plusieurs millions parce que c’est cette augmentation que nous voyons dans les coûts de fret, par exemple »

L’impact de l’annulation de Sotchi

Pour ne rien arranger, la suppression du Grand Prix de Russie, non-remplacé, va mécaniquement abaisser le plafond d’1.2 million de dollars. Et si la FOM décidait d’au moins ne pas appliquer cette diminution ?

Au moins Seidl se réjouit de ne pas voir une 23e course s’ajouter au calendrier pour remplacer Sotchi.

« En perdant une course maintenant, le plafond baisse de 1,2 million de dollars. En même temps, vous économisez aussi des coûts en ne participant pas à cette course. Je ne dirais donc pas que c’est le plus gros point de discussion pour le moment. »

« En principe, nous nous sommes engagés à faire ces 23 courses cette année et nous avons tout prévu dans l’équipe pour le faire. Mais bien sûr, faire une course de moins est certainement quelque chose qui est bien accueilli par tout le monde au sein de l’équipe en termes de charge que nous imposons à notre personnel. »

« En fin de compte, c’est une décision que la F1 a dû prendre - après avoir été claire sur le fait que nous n’irions pas en Russie, ce qui était la bonne décision - pour voir si cela avait du sens de faire une autre course. C’est quelque chose qu’ils ont étudié en détail et au final ils sont arrivés à leur conclusion qui est le bon compromis quand on regarde les finances, mais aussi en termes de logistique, et donc nous sommes heureux de cela. »

Un accord difficile à trouver ?

Désormais, Seidl souhaite que la FIA fasse preuve de pragmatisme. Mais ne s’illusionne pas : les équipes ne fonctionnant pas au niveau des budgets plafonnés ne vont sûrement pas se risquer à accepter une augmentation du plafond !

« L’un des points qui a été examiné en ce moment est de savoir quel est le bon mécanisme pour ajuster le plafond en fonction de l’inflation. Un mécanisme a été défini il y a deux ans, lors de l’élaboration de la réglementation, qui aurait été en place à partir de 2024. Cela fait partie de la révision en cours : est-ce le bon mécanisme ou pouvons-nous l’améliorer pour mieux réagir à ce qui se passe dans le monde ? »

« Comme toujours, il y a des intérêts différents, ce qui est normal. Il y a des équipes qui sont dans une position sportive forte, par exemple, en ce moment. Des équipes qui n’ont pas atteint le plafond et qui n’ont donc pas ce problème. Il est évident qu’elles ne veulent pas renoncer à cet avantage sportif qu’elles ont en ce moment parce qu’elles le considèrent comme un avantage pour elles. »

« C’est pourquoi vous avez des positions différentes, ce qui est normal en Formule 1, cela fait partie du jeu. Chacune des équipes est très opportuniste. Mais cela fait partie de la compétition dans laquelle nous sommes et c’est pourquoi il est important d’avoir une FIA forte en Formule 1 sur des sujets comme celui-là pour l’orienter dans la bonne direction dans le meilleur intérêt de l’ensemble du paddock et du sport. »

« C’est le paddock de la Formule 1, donc c’est très peu probable qu’on trouve une solution ! Mais j’espère toujours. Je pense que nous avons montré dans le passé que nous avons trouvé des solutions de bon sens avec Formule 1 ou la FIA. Je garde donc l’espoir qu’avec la FIA à la tête de ce sujet, nous trouverons une bonne solution. »

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