Au crépuscule de sa carrière en F1, Grosjean n’a pas de regrets
Il aurait aimé gagner mais est fier de ce qu’il a accompli
Romain Grosjean a annoncé cette semaine qu’il quitterait Haas F1 au terme de la saison 2020, et ce départ pourrait aussi coïncider avec son départ de la discipline. Interrogé par Canal+, il revient sur ce départ, qui a été motivé par des raisons économiques dans l’équipe américaine, mais avec laquelle le Français est en paix.
"Ce sera une page qui se tourne, en tout cas la page Haas" avoue-t-il. "On arrivait au bout de l’histoire, l’équipe plafonne, il n’y a pas une vraie volonté d’élever le niveau de jeu."
Il regrette que Haas n’ait pas effectué les progrès attendus lorsqu’elle se battait pour la quatrième place, en 2018 : "Effectivement c’était une belle histoire, c’était un beau pari, qui était mesuré à la base. Les deux ou trois premières années ont été bonnes, et dans la troisième année, quand il fallait passer la seconde vitesse, on ne l’a jamais passée."
"Cela montre qu’on n’est plus dans la performance, on cherche le financier. J’ai dit à Günther que je m’attendais à ce qu’un de nous deux ne continue pas l’an prochain, on avait vu les rumeurs, on avait vu la famille Mazepin dans l’hospitalité en Russie, ce sont des choses qui ne trompent pas."
"Et il m’a dit ’je me sépare de vous 2, financièrement je n’ai pas le choix, c’est un choix financier’. Donc je ne suis pas mécontent personnellement, car actuellement je sais pas quel sera l’avenir de Haas."
Désormais, il se tourne vers l’avenir, qui pourrait s’écrire ailleurs qu’en Formule 1 : "En F1 ça parait extrêmement compliqué, d’un autre coté j’ai regardé ailleurs. La Formule E est quelque chose qui m’intéresse, ce n’est pas un secret. Les 24 Heures du Mans aussi, car c’est la plus belle course que j’ai disputée. Donc oui, ça pourrait bien être mon dernier Grand Prix de F1 à Abu Dhabi."
Arrivé en F1 chez Renault en milieu de saison 2009 pour remplacer Nelson Piquet Jr au pied levé à la suite du Crashgate, Grosjean a ensuite dû manger son pain noir pendant deux ans avant de revenir en F1 en 2012, chez Lotus, où il a brillé à plusieurs reprises. S’il aurait aimé un palmarès plus important, il garde de bons souvenirs de la période Lotus.
"Quand j’étais gamin en kart, je n’aurais jamais pensé en faire, j’y suis resté dix ans et j’ai fait dix podiums. J’aurais aimé gagner une course, j’aurais aimé gagner un championnat, mais je suis fier de ce que j’ai fait."
"Des regrets face à la victoire, non je n’en ai pas, à chaque fois que j’avais une chance je l’ai saisie. Ce n’est pas de ma faute si l’alternateur casse à Valence en 2012, ce n’est pas de ma faute si fin 2013, les Red Bull étaient trop fortes... on essayait avec ma Lotus de s’en approcher comme on pouvait."
Il a aussi connu des déboires en 2012 pour sa première saison complète, trois ans après ses débuts, avec notamment une exclusion à Monza à la suite d’un crash au départ en Belgique. Il admet qu’il a été difficile de garder le cap fin 2012 après cette course de suspension, face aux critiques venues de toutes parts.
"En 2012 tout le monde se souvient des incidents, à Spa je pense que je prends pour tout le week-end, mais une course de suspension c’était extrêmement dur. D’ailleurs [Nico] Hülkenberg fait la même en 2018 et il ne prend que dix places de pénalité."
"Mais citez moi un débutant qui ait fait aussi bien dans sa première année récemment, au bout de ma troisième ou quatrième course j’étais sur le podium, j’ai failli gagner un Grand Prix au mois d’août 2012."
"Et en fin de saison, on m’a roulé par terre, on m’a écrasé, imaginez la confiance en soi quand vous êtes traité de taré par les autres pilotes, que vous prenez une course de suspension... il fallait rester debout à ce moment-là."
"Il y a eu six podiums en fin d’année, j’ai mené le Grand Prix du Japon pendant une grande partie de la course avec une voiture inférieure. Je n’ai pas eu les bonnes voitures au moment où j’étais prêt à éclore."
Le Français a été une cible régulière sur les réseaux sociaux, notamment après sa bourde de Bakou en 2018 derrière la voiture de sécurité, et il reconnaît qu’il est parfois difficile de garder le moral face à des propos violents : "On ne peut pas être imperméable, on est des humains."
"On vous dit toujours que ça ne fait rien, que ça va nous rendre plus fort, mais ça fait mal aux fesses. Il y a des choses que je ferais différemment si je le pouvais, mais c’est comme ça. Je suis Romain Grosjean, j’ai mes défauts et mes qualités, mais donnez moi une voiture qui gagne et je gagnerai la course."
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