Alpine F1 : Rossi se confie enfin sur le fiasco avec Piastri et Alonso
L’Australien a eu des propositions de contrats mais n’a pas signé
Laurent Rossi, le PDG d’Alpine, est resté bien silencieux depuis que Fernando Alonso a choisi de rejoindre Aston Martin F1 et qu’Oscar Piastri a dit non à l’équipe française, qui l’a formé, pour s’engager, de manière légale, avec McLaren.
Le Français s’est enfin exprimé et a livré ses sentiments aujourd’hui à Monza, pour le compte du site officiel de la F1.
"Nous voulions que Fernando continue avec nous en tant que pilote d’endurance et/ou au Dakar. Nous en avons longuement parlé l’année dernière. Pourquoi ne lui avons-nous offert que deux ans ? Nous n’avions que deux ans d’option avec Oscar. Fernando avait le désir de piloter plus longtemps en F1, ce que nous ne pouvions pas faire, ou nous aurions perdu Oscar. Cela n’avait pas de sens pour nous. Plus que probablement, nous ne pouvions pas non plus suivre les autres conditions qui étaient proposées (par Aston Martin)."
"Alors, avec Fernando, on aurait adoré continuer. C’est un champion incroyable, il restera une légende de notre marque - mais ça n’a pas marché et c’est la vie. Nous resterons en bons termes. C’est un champion exceptionnel, c’est un gentleman, il continue à faire un travail fantastique pour nous malgré sa signature pour Aston Martin l’année prochaine. Nous sommes tristes de nous séparer mais nous restons une famille. C’est la vie. C’est un coup dur de perdre un champion, mais ça arrive. Des saisons folles des transferts, parfois elles bougent comme ça."
Rossi a trouvé Piastri "décevant"
Par contre, Rossi l’admet : "Pour Oscar, ce n’était pas prévu. Franchement, c’est décevant."
"Nous avons tenu notre engagement envers Oscar très rapidement, car nous avons exercé notre option le 15 novembre, avec un document contractuel qui nous liait et le plaçait en tant que réserviste. Il devait recevoir avec ça un programme de formation approfondi, entre autres 5000 km de pilotage d’une F1 tout au long de l’année, et nous allions lui trouver un baquet pour 2023 et 2024."
"C’est exactement ce que nous avons fait. Nous l’avons annoncé comme réserviste le lendemain. Nous avons très vite imaginé un programme d’entraînement et un programme d’essais de 5000 km, qui a débuté en février aux côtés de Fernando Alonso et Esteban Ocon, c’était un programme d’entraînement sérieux. Vous pilotez aux côtés de deux pilotes de F1, vous apprenez d’eux."
"Il a parcouru 3700 km avant le mois d’août. Nous aurions facilement obtenu les 5000 km. Nous lui avons donné un accès complet à l’équipe, aux débriefings, aux réunions techniques et il était avec moi la plupart des dimanches à suivre la course. Non seulement était-il un réserviste, mais il aurait été le débutant le plus entraîné de tous les temps. Il savait comment l’équipe fonctionnait, comment un pilote de F1 est censé fonctionner dans l’équipe. Nous avons l’impression d’avoir tenu nos engagements et nous sommes même allés au-delà."
"Nous avons embauché une personne juste pour lui trouver une place [dans une autre équipe], parce que nous voulions le faire correctement. Fin avril, nous lui avons trouvé une place chez Williams."
Un accord presque concret avec Williams
Rossi confirme donc que, très tôt, Alpine F1 avait un accord pour faire rouler Piastri ailleurs. Mais quand il est devenu clair pour Piastri qu’Alonso serait dans l’Alpine pour 2023 et peut-être 2024, l’Australien a commencé à évaluer ses options ailleurs sur la grille - même si Alpine avait le baquet Williams sur la table. Alpine a alors pris conscience que McLaren lui avait fait une offre, dont les détails n’étaient pas clairs pour Rossi à l’époque.
"Lorsque l’opportunité Williams était sur le point de se transformer en un accord concret, à tel point que le moulage des baquets était prévu, l’équipe de management de Piastri nous a dit : ’nous avons une opportunité possible chez McLaren’. C’était un peu décevant. Nous avons pensé que c’était un peu étrange, car nous nous attendions à un peu plus de fidélité compte tenu de tout ce que nous avions investi. Il n’a pas dit qu’il allait y aller, il a dit qu’il avait une opportunité."
"Puis nous avons vu en juillet, le 6 je crois, que [Daniel] Ricciardo confirmait rester chez McLaren pour l’année d’après (mais Piastri avait signé avec McLaren le 4, ndlr). Nous avons donc pensé qu’il y avait eu de l’intérêt, mais il n’y aurait pas de baquet. Il y avait peut-être une opportunité chez McLaren, mais la porte se ferme, donc Oscar est toujours en lice pour nous. Cela explique pourquoi nous avons décidé de le promouvoir."
"Otmar [Szafnauer] l’a vu, lui a dit et nous l’avons annoncé. Nous n’avons jamais su avec certitude qu’il avait signé. Il ne nous l’a jamais dit. Nous pensions toujours que le baquet Williams était excellent, une excellente occasion d’apprendre avec un peu moins de pression - une très bonne équipe pour apprendre, très aguerrie, capable de développer des talents comme George Russell."
"Mais nous pouvions comprendre qu’il était attiré par la perspective d’un meilleur défi sportif. Nous avons senti que lorsque nous avions la chance de lui offrir un baquet, grâce à nous, car il n’y avait pas de meilleure option : Ricciardo devait rester."
"Nous avons agi très logiquement, conformément à notre engagement envers lui. De notre point de vue, c’est une histoire simple et très linéaire. Nous avons été tellement engagés. Je ne pense pas que nous aurions pu donner plus à un pilote, pour être honnête."
"Nous lui avons proposé des contrats" qu’il a refusés
Alpine F1 a donc été naïve du côté du contrat, ce qui a été confirmé par le CRB. Des erreurs qu’il ne faudra plus répéter, Rossi en convient. Mais il révèle d’autres choses, qui précèdent tout cela.
"Il n’a jamais signé aucun contrat que nous lui avons proposé. Nous avons proposé des contrats à plusieurs reprises. Ils n’ont jamais été signés. Probablement parce qu’il avait déjà McLaren en tête. Nous n’avons pas pu le retenir car il n’a pas signé de contrat avec nous. Nous nous attendions à plus de fidélité."
"Nous avons fait des erreurs, nous avons fait des erreurs techniques juridiques. Nous avons laissé la porte entrouverte en ne le forçant pas à signer un contrat si strict qu’il ne pourrait pas en sortir. Pourquoi avons-nous fait ça ? C’est un peu un oubli parce qu’on n’aurait jamais pensé que quand on donne autant à quelqu’un, quand on lui donne une formation, un rôle de réserviste, un baquet dans une équipe partenaire, il ne le prendra pas après avoir été soutenu pendant tant d’années et avoir gagné le championnat grâce à votre soutien."
"Comme Russell avant lui, qui est allé chez Williams avant de revenir chez Mercedes, comme Leclerc qui est allé chez Sauber avant de revenir chez Ferrari, comme Verstappen et comme Vettel, qui ont tous deux couru pour Toro Rosso avant piloter pour Red Bull – ils ont tous fait partie d’une équipe junior avant de monter plus haut."
"Je suis un peu surpris qu’Oscar ait pensé qu’il valait mieux ou qu’il était meilleur que Williams. Je peux comprendre d’un point de vue sportif que McLaren pourrait être plus intéressante sur la base de résultats purs en piste que Williams, mais nous ne nous attendions pas à ce qu’après tant de soutien, tant de loyauté, ils utilisent cette porte dérobée pour le signer et obtenir un meilleur contrat pour eux. Ce ne sont pas les valeurs que nous avons."
"C’est comme ça que je vois l’histoire. Bien sûr, nous avons fait des erreurs, sinon nous ne serions pas là pour parler du sujet, mais nous sentons que nous sommes restés très fidèles à notre engagement, à nos valeurs et à nos paroles envers Oscar. Mais je dirais que les choses arrivent pour une raison. On ne partage pas les mêmes conceptions des choses, et peut-être pas les mêmes valeurs, alors c’est peut-être mieux ainsi, de se séparer."
Alpine F1 "fera attention" avant de signer un autre pilote
Reste à savoir qui va avoir le deuxième baquet. Rossi peut-il se confier à ce sujet ? Pierre Gasly a-t-il vraiment sa chance ? Ou Jack Doohan sera-t-il promu ?
"Nous avons besoin de quelqu’un qui aide à développer l’équipe, qui aide à développer la voiture. Nous avons besoin d’un pilote suffisamment expérimenté, suffisamment efficace qui marquera des points tout de suite et emmènera également l’équipe avec lui. Ce sont des critères que nous examinons."
"Il doit s’inscrire dans le plan des 100 courses pour gagner. Il y aura des moments difficiles. Je ne suis pas un imbécile – je sais que nous allons passer de mauvais moments. L’idée est de continuer la progression. Nous sommes la quatrième force de la grille et notre baquet est très demandé. Nous prendrons notre temps."
"Nous ne voulons pas nous précipiter dans la décision. C’est un processus qu’Otmar dirige, car il sait ce qui est le mieux pour l’équipe. Nous prenons les avis de nos ingénieurs. Le pilote est important, mais la voiture est de loin la plus importante."
"Il y a plein de bons pilotes. Helmut Marko a mentionné Pierre – pourquoi pas ? C’est un très bon pilote, il serait un bon candidat pour nous."
"Jack est aussi en considération. Nous croyons en lui, il a montré beaucoup de potentiel, surtout ces derniers temps - il répond présent au bon moment. C’est une personne formidable, il est rapide, son père est aussi un champion que j’admire et une personne que j’admire. Ce sont des gars formidables. Il est dans nos plans. D’une manière ou d’une autre, nous essaierons de le mettre dans une F1 à un moment donné. Mais encore une fois, nous ferons attention cette fois."
"Quant au timing, nous verrons quel est le paysage d’ici la fin septembre. Nous aurons plus de clarté sur toutes les options. D’ici là, je suppose que nous ferons un choix."
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