Alpine F1 : Le déficit de puissance ne vient pas que du moteur
Harman explique comment d’autres facteurs influent
Il est désormais de notoriété publique qu’Alpine F1 présente un déficit de puissance sur sa monoplace. Mais Matt Harman, le directeur technique de l’équipe, dément que cela ne vienne que du moteur, et explique que la configuration aéro de la voiture joue aussi un rôle en ce sens.
"Il y a des choses que nous faisons au niveau du châssis qui réduisent la puissance pour des raisons d’efficacité aérodynamique" détaille Harman. "Le problème des conversations autour de l’unité de puissance est qu’elles sont très polarisées. C’est très injuste."
"Nous choisissons une température de plénum particulière pour des raisons d’efficacité aérodynamique, mais si vous mesurez simplement le couplemètre, vous verrez que vous perdez des kilowatts sur le moteur. Nous devons donc parler de la voiture comme d’une seule et même chose."
"Certains des problèmes de la A523, la motricité à basse vitesse, la stabilité en sortie de virage, nous ont permis de progresser... Il s’agit avant tout d’essayer de contrôler la plate-forme aérodynamique, de la placer là où vous en avez besoin et de rester dans la légalité tout en le faisant. Il faut la placer au bon endroit dans les bonnes phases du virage."
Alpine sait que le moteur est gelé jusqu’à fin 2025, et c’est pour cela que l’équipe essaie de trouver des solutions sur la monoplace et le châssis. Selon Harman, les suspensions pourraient être la clé de ce problème.
"Vous voulez beaucoup de rotation au départ, mais vous pouvez ensuite changer l’attitude de la voiture assez rapidement, ce qui a également des implications sur la motricité. Il y a des choses que nous faisons dans notre suspension pour l’année prochaine qui vont essayer de gérer cela."
"Nous avons fait quelques expériences avec la voiture lors des courses et cela nous a vraiment permis de mettre en évidence les points sur lesquels nous voulons pousser le département aérodynamique et la dynamique du véhicule pour la voiture de l’année prochaine."
Retrouver une monoplace facile à faire évoluer
Alpine veut également retrouver une voiture plus simple à faire évoluer. En 2023, les nouveautés apportées sur l’A523 n’étaient pas efficaces, contrairement à celles que recevait la monoplace 2022, avec des effets positifs.
"Oui, chaque fois que nous avons touché à la voiture de 2022, nous avons obtenu des performances. Mais maintenant que tout le monde fait rouler les voitures plus près du sol, on obtient des gains marginaux au cours de la deuxième année de la réglementation. Cela peut poser des problèmes de corrélation avec la CFD."
"Nous avons donc rencontré quelques problèmes de corrélation. Nous les avons traités au fur et à mesure. Il faut s’intéresser à de nombreux domaines, tirer les performances d’un large éventail de pièces de la voiture, alors que sur l’A522, nous pouvions nous contenter de la carrosserie et du plancher et obtenir la plupart de nos performances par eux-mêmes."
L’architecture de l’A523 et la difficulté à la faire évoluer ont même fait changer les plans d’Alpine, qui a décidé de ne pas amener une évolution sur sa monoplace de l’an dernier, et de la développer directement pour celle de la saison à venir.
"Le châssis et ce que nous appelons le support de suspension, ou le boîtier principal, nous ont posé quelques problèmes en termes de volume. Pas seulement pour ce que les autres voitures ont en termes de propriété intellectuelle, mais aussi pour nos propres idées et notre propre développement, cela nous limitait un peu."
"Nous avions prévu une évolution du plancher plus tard dans la saison, que nous avons finalement décidée de ne pas faire, et nous avons intégré cette performance dans la voiture de l’année prochaine. Simplement parce que pour en tirer toutes les performances, nous avions besoin d’un peu plus de volume, et nous ne l’avions pas pour cette voiture."
Alpine ne veut pas se "vanter" des points positifs
Harman est convaincu que des progrès vont venir chez Alpine, même si l’équipe n’a pas encore le niveau espéré : "Je pense qu’il y a de très bonnes choses sur notre voiture. Nous essayons d’être humbles à ce sujet."
"Nous savons que nous ne sommes pas tout à fait là où nous voulons être, et nous aimerions parler de ce que nous devons améliorer, pas de ce que nous pensons être bon. Je préfère me concentrer sur ce que nous devons améliorer pour être honnête, plutôt que de nous vanter de ce que nous pensons avoir réussi !"
L’équipe française essaiera de faire disparaître ses lacunes en 2026, mais elle doit composer avec d’ici là : "Il existe des moyens pour Alpine de minimiser et de gérer cet écart, non pas jusqu’à la parité, mais jusqu’à un niveau que nous estimons gérable. Nous connaissons l’écart et les leviers dont nous disposons pour tenter de le réduire, à savoir le cycle de travail et l’intégration."
"Le point principal pour nous est d’essayer de gérer cet écart parce que ce que nous essayons vraiment de faire avec nos collègues du moteur est de nous concentrer sur notre E26, donc nous devons les protéger et faire ce que nous pouvons du côté du châssis parce que fondamentalement, nous devons avoir au moins la parité en 2026."
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