Alpine F1 devient une ’vraie équipe d’usine’ : la patte Harman ?

Rossi raconte les coulisses de l’équipe technique

Par Alexandre C.

17 mars 2023 - 12:29
Alpine F1 devient une 'vraie (...)

Dans un épisode de Drive to Survive, Otmar Szafnauer, le directeur d’écurie chez Alpine, arrive à Enstone en bredouillant en Français : « J’mappelle Otmar » lance-t-il à la caméra…

Cela pose une question de fond : chez Alpine, la langue de travail est-elle 100 % l’anglais ou bien fait-on quelques efforts pour mettre en valeur l’identité française de l’équipe ?

Pour la FOM, Laurent Rossi, le PDG d’Alpine, a eu une réponse sans détours…

« Je ne sais pas d’où vient son français, à Otmar. »

« Il ne me parle jamais français. Mais je ne fais aucun effort. Je ne lui parle pas non plus en français. »

Cette anecdote passée, comment se passe la distribution des rôles entre Otmar Szafnauer et Laurent Rossi ? Au premier la gestion de l’équipe de course, au deuxième la gestion de la marque Alpine ? Rossi ne s’interfère-t-il donc jamais dans l’équipe de F1 ? Quelle est la fonction précise d’Otmar Szafnauer ?

« Otmar a pour fonction de tirer la quintessence de toutes les équipes – et de leur relation entre elles. Je parle de l’équipe de Viry, d’Enstone, l’équipe de piste aussi, parce que l’équipe de piste est un peu différente, c’est un peu un animal différent - et il y a un côté humain et une dimension à cela, en rassemblant les gens, en créant une atmosphère. »

« Il y a aussi une dimension technique à son travail, car le temps passé hors piste, c’est la majorité du temps de la semaine, non ? En une heure, il faut faire basculer les choses sur la piste. En une semaine à l’usine, il faut comprendre ce qui vous est arrivé au dernier Grand Prix. L’unité de temps à l’usine est le mois ou l’année parce que vous développez les choses à un rythme différent. »

« Il faut combiner les deux. Et c’est ce que fait Otmar. Cela semble facile vu d’en haut. Mais le travail de directeur d’écurie est très difficile, car il faut concilier un grand nombre d’horizons temporels, de compétences et de priorités différentes et les faire converger, pour les traduire en performance. Et c’est ce que fait Otmar. »

Otmar Szafnauer avait-il été le seul candidat pour devenir le nouveau directeur d’écurie chez Alpine ? Rossi avait-il d’autres candidats en tête l’an dernier ?

« Oui, il y avait quelques personnes, mais certaines d’entre elles n’étaient pas disponibles aussi simplement que cela. Otmar était en tête de notre liste parce qu’il a fait quelque chose qui nous a vraiment impressionnés, chez Force India, en amenant le septième ou huitième budget sur la grille à la quatrième position au classement des constructeurs, ce qui en dit long sur les choses que nous voulons créer à l’ère de l’efficience budgétaire : être efficace est très important. »

Une meilleure intégration du moteur dans le châssis ?

Quant à l’équipe technique d’Alpine, elle semble bien rôdée : un duo Pat Fry (35 ans d’expérience en F1) et Matt Harman (ancien de Mercedes) est aux commandes. Un duo de rêve pour Laurent Rossi ? Un des meilleurs duos sur la grille actuellement ?

« Dans l’histoire, je ne dirais pas, parce que nous n’avons pas gagné le championnat du monde, que nous pouvons le revendiquer, mais c’est certainement un duo très, très fort. »

« Je veux dire que Pat Fry est exceptionnel, il a une connaissance approfondie, énorme. Il a un œil très aiguisé. C’est incroyable de pouvoir compter sur lui et Matt a vu à quoi ressemblaient les écuries de pointe, les plus récentes comme Mercedes, et il est ingénieur moteur, ce qui a été extrêmement important pour moi parce que, étant moi-même un modeste ingénieur, je sais que le travail est très différent – entre un ingénieur moteur et un ingénieur aérodynamique. »

« Les deux se complètent et créent une ambiance fantastique, ou même plus que cela, un environnement collaboratif pour Enstone et Viry, parce que Matt Harman peut parler à Viry [l’usine moteur] et intégrer Viry dans le développement de la voiture. Cela ne veut pas dire que Pat Fry ne pourrait pas le faire. Vous savez, même les ingénieurs sont des animaux bizarres. On aime donc s’adresser à sa propre tribu et Matt Harman fait partie de cette tribu. Cela nous aide beaucoup. »

La priorité semble avoir été donnée au moteur durant l’intersaison, à entendre Laurent Rossi... ou au moins à l’intégration de l’unité de puissance dans le châssis. C’était apparemment l’un des grands points faibles à corriger l’an dernier et c’est là où Matt Harman apporterait une forte valeur ajoutée.

« Nous avons fait un bien meilleur moteur l’année dernière. C’est formidable pour Viry, mais Matt supervisait évidemment cela de loin en tant que grand architecte de la voiture. On a créé le meilleur combo, que nous n’avions pas auparavant. Lorsque nous avons choisi Matt comme directeur technique de l’équipe, nous avons décidé d’appeler notre voiture un "système", ce qui est normal pour les ingénieurs, car tout est un sous-système, comme l’unité de puissance. Elle doit s’intégrer dans le système avec un certain nombre de contraintes. »

« Et Matt faisait ce genre de lien entre les deux qui permettait à Viry de se dire, ok, nous allons optimiser le sous-système, tout en continuant à utiliser le système de la voiture à partir d’ici - et c’est ainsi que l’on devient une véritable équipe d’usine. Auparavant, nous n’étions qu’une concaténation de deux usines. Aujourd’hui, nous sommes enfin revenus à une structure d’équipe de travail qui fonctionne bien. »

Alpine F1 Team - Renault

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