Alpine F1 a beaucoup d’argent à investir… mais le règlement l’en empêche
Harman dresse la liste des courses
Au-delà des changements drastiques dans le haut-management, le travail de fond se poursuit, du côté de l’usine Enstone d’Alpine, pour mettre à jour les infrastructures.
Enstone pâtit en effet toujours de l’héritage des années Lotus, finies dans la banqueroute – et avec donc un certain retard pris dans les investissements structurels.
Ce travail de fond, bien moins médiatisé mais pourtant bien plus important que les changements de direction, battent leur plein et occupent l’essentiel du quotidien de Matt Harman, le directeur technique. En quoi consistent les changements structurels opérés à Enstone, pour résumer ?
« C’est l’une des raisons pour lesquelles je n’assiste pas à toutes les courses, car nous avons énormément de travail à faire à l’usine. Un travail pour ce qui concerne la conception des voitures, la qualité de notre F1 et ce que nous faisons, nous sommes très fiers de la manière dont nous avons progressé. »
« Mais il faut également du temps pour mettre en place l’organisation et habituer les gens à fonctionner différemment - et à avoir une culture d’amélioration continue. »
« C’est la mission que je me suis fixée ces cinq dernières années. J’aime à penser que vous verrez des étincelles dans chaque domaine, qu’il s’agisse de la manière dont nous effectuons nos arrêts aux stands ou de la façon dont nous réalisons nos travaux d’ingénierie de base. »
La liste des courses, plus en détail, est longue pour Alpine. Un nouveau simulateur est en chantier, mais c’est loin d’être la seule priorité de Harman.
On comprend donc pourquoi Alpine fait partie des équipes souhaitant relever le plafond des budgets investissements (36 millions de dollars sur 3 ans aujourd’hui). Cela permettrait en plus de dépenser l’argent reçu de nouveaux investisseurs (200 millions).
« Nous avons mis en évidence certains aspects clés que nous devons améliorer en tant qu’équipe. »
« Je pense que c’est une bonne chose de faire cela, car cela permet à chacun de se concentrer. Il est évident que nous nous concentrons sur les courses toutes les deux semaines, mais il est également bon de se concentrer sur la croissance de l’équipe sur le plan technique. Au cours des trois dernières années, je me suis concentré ainsi sur l’amélioration de l’organisation de l’équipe et de la voiture. »
« Nous voudrions revoir certains de nos équipements pour le test des pièces relatives au freinage. »
« Nous voulons examiner certaines de nos infrastructures concernant le système de rejet de la chaleur. Et nous voulons faire progresser l’ensemble de nos bancs d’essais, nous voulons que tous ces systèmes soient les meilleurs de leur catégorie. »
« Nous aimerions également examiner la manière dont nous procédons à la validation des suspensions, et comment nous pouvons le faire en une seule fois, au lieu de le faire en plusieurs sous-sections différentes. »
« Nous ne pouvons pas tout faire en même temps. Mais dès que nous aurons cette marge de manœuvre, nous le ferons immédiatement parce que nous avons les ressources nécessaires pour le faire. Nous devons simplement être en mesure de le faire de manière légale dans le cadre de la réglementation. »
C’est donc bien cela qui retient Alpine F1 : non pas le manque de fonds, mais le règlement financier trop restrictif sur les investissements.
Adieu la maquette physique de la voiture
Matt Harman donne ensuite un exemple de ce que permettent les nouveaux investissements récemment décidés à Enstone.
« Nous disposons d’une salle de maquette numérique, ou DMU, où nous concevons la voiture. Il s’agit fondamentalement d’une salle avec un grand écran où s’accumulent des données. Nous n’avons plus de maquette en plastique de la voiture, pour voir si elle est bonne ou non. »
« Tout se fait numériquement. Nous concevons la voiture ensemble dans cette pièce. C’est un théâtre où la voiture est exposée en permanence. Nous l’utilisons maintenant comme nous l’avons fait pendant des années, mais lorsque nous en avons parlé pour la première fois, les gens ne comprenaient pas pourquoi c’était mieux que d’avoir un véhicule physique. »
« C’est bien mieux, parce que si vous décidez de ce que vous allez faire avec la voiture de course avant de l’avoir fabriquée, en respectant les budgets plafonnés, vous ne gaspillez pas d’argent. »
« C’est donc l’un de ces outils essentiels. Il nous a probablement permis d’économiser beaucoup de temps, d’efforts, d’argent et de performances, rien qu’en l’utilisant. Ce sont ces petites nuances et ces petites choses qui nous aident à progresser pour devenir une équipe de pointe en F1. »
Pas de projet de nouvelle soufflerie ?
Comme McLaren par exemple, Alpine ne devrait-elle pas aussi se lancer dans le chantier d’une nouvelle soufflerie ? Ce n’est pas forcément une priorité et Harman explique pourquoi.
« Ce qu’il faut toujours regarder, c’est la différence entre ce que l’on a et ce que l’on pourrait avoir, si cela change vraiment la donne pour vous. »
« Le changement de soufflerie est une intervention dans le système qui entraînera une perte de performance. Nous contrôlons cela et nous en parlons régulièrement. Cette option nous est ouverte si nous décidons de la prendre. Mais pour l’instant, nous nous sentons à l’aise là où nous sommes. »
« Nous mettons à jour toujours la soufflerie pendant la pause estivale, parce que nous ne voulons pas avoir à intervenir pendant le programme. Mais nous n’avons pas renouvelé l’infrastructure principale. »
« Nous tenons beaucoup à améliorer notre capacité non pas à analyser les données, mais à prendre des décisions à partir de celles-ci, pour donner aux aérodynamiciens une chance de prendre la meilleure décision. »
« Nous travaillons donc à l’élaboration d’un logiciel beaucoup plus efficace pour gérer et manipuler ces données - et fournir quelque chose que l’on peut consulter en permanence et à partir duquel on peut prendre des décisions. »
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