Alonso ’surpris’ que la stratégie d’Aston Martin F1 soit remise en question

"C’était sec alors pourquoi mettre les Intermédiaires ?"

Par Paul Gombeaud

29 mai 2023 - 07:46

Après avoir décroché quatre troisièmes places jusqu’ici dans cette saison 2023, Fernando Alonso a fait encore mieux ce weekend à Monaco avec la deuxième position derrière Max Verstppen.

C’est ainsi le meilleur résultat de l’Espagnol en Formule 1 depuis le Grand Prix de Hongrie 2014 et l’idylle avec Aston Martin F1 continue de plus belle, même si, comme il l’explique, la course disputée en Principauté n’a pas été des plus simples.

"Je pense que la course n’a pas été facile à réaliser. L’arrivée de la pluie a rendu les choses un peu difficiles pour tout le monde. Surtout quand vous jouez le podium, vous ne voulez pas qu’il se passe quelque chose d’étrange, quelque chose de choquant. Et oui, je m’attendais à beaucoup de voitures de sécurité et d’autres choses qui ne sont finalement pas arrivées."

"Je pense que tout le monde s’est très bien comporté et a contrôlé une voiture très difficile à manœuvrer, surtout entre les virages cinq et huit. Donc oui, j’ai été plusieurs fois troisième cette année, deuxième cette fois-ci, il ne nous reste donc plus qu’une seule étape à franchir."

"La piste était complètement sèche à l’exception des virages 7 et 8"

L’étape dont parle l’Espagnol serait de remporter une victoire, qui serait la première pour Aston Martin F1 dans son existence et pour Alonso depuis 2013. Et à Monaco, beaucoup d’observateurs ont justement estimé que le pilote et son équipe avaient commis une erreur en chaussant les pneus mediums alors qu’il commençait à pleuvoir sur le circuit, ce qui le contraignait à s’arrêter une nouvelle fois quelques boucles plus tard pour des intermédiaires lorsque des trombes d’eau s’abattaient sur le Rocher.

Et si cet arrêt supplémentaire ne lui a pas coûté sa deuxième place, il aurait pu se retrouver très proche du leader Max Verstappen s’il avait chaussé directement les Intermédiaires, et ainsi mettre la pression sur le leader du championnat. Mais le pilote quadragénaire n’estime pas que la décision de remettre des pneus slicks a été une erreur et s’étonne des critiques qui ont été formulées à ce sujet.

"Je ne sais pas," répond-il quand on lui demande si cet arrêt supplémentaire lui avait coûté une chance de victoire. "J’ai entendu cela à la télévision. J’ai été un peu surpris. Je n’ai pas quitté la course ni le cockpit, comme vous l’avez probablement vu depuis l’extérieur. Pour moi, il était très clair que la piste était complètement sèche lorsque nous nous sommes arrêtés, à l’exception des virages 7 et 8. Alors pourquoi mettre les pneus Inters ?"

"C’était complètement sec, 99% de la piste. Je me suis donc arrêté pour les pneus slicks. La météo prévoyait une petite averse, et nous avions beaucoup de marge derrière nous pour mettre les pneus slicks et, si nécessaire, les pneus Inter ; donc peut-être que c’était une sécurité supplémentaire, je ne sais pas. Mais la minute et demie qu’il a fallu pour repasser les virages 5, 6, 7 et 8 a changé du tout au tout, donc nous avons couvert un tour avec les pneus slicks alors que c’était détrempé, mais le tour où nous nous sommes arrêtés tout était complètement sec."

"Nous avons donc pensé à nous arrêter et la décision a été de le faire pour les mediums ou les inters. J’ai demandé les prévisions, ils ont dit qu’il y aurait une petite averse, mais nous n’en connaissons pas la quantité, mais elle ne devrait pas être trop forte. Et oui, j’ai dit qu’il fallait opter pour les secs, parce que dans les virages cinq, six, sept, il y avait quelques gouttes de pluie et le reste du circuit était sec."

"Ensuite, la pluie est devenue plus forte. Le pneu Intermédiaire était alors un meilleur choix. S’il ne pleut plus ou s’il ne pleut que dans ces trois virages pendant cinq minutes, nous aurions fait le bon choix. C’est ce qui se passe dans les courses de Formule 1 sur piste mouillée. Mais nous avions une grande marge sur nos poursuivants pour faire deux arrêts si nécessaire, un pour le sec et un supplémentaire pour les Inters, et nous avons pensé que c’était la bonne chose à faire."

"Aucune chance" de battre Verstappen et Red Bull

Et si Alonso n’a de toute façon pas vraiment de regret de ne pas avoir signé sa 33e victoire en carrière, c’est avant tout parce que Max Verstappen et Red Bull avaient une vraie marge sur la concurrence une nouvelle fois, le Néerlandais restant en total contrôle des évènements malgré un train de pneus mediums endommagé.

"Je pense que nous n’avions aucune chance, pour être honnête. Je pense que nous avons été courageux sur la stratégie : ce n’est pas normal que vous partiez de la première ligne de la grille et que vous choisissiez le pneu dur, en essayant de faire le contraire des leaders. Cela montre l’engagement de l’équipe et l’agressivité de tout le monde chez Aston Martin pour tenter de remporter la victoire."

"Nous savions que s’il y avait un inconvénient à la stratégie, alors nous aurions pu finir peut-être 5e, 6e ou quelque chose comme ça, hors du podium. Mais le dimanche matin, nous en avons discuté et nous avons dit que nous avions déjà obtenu quelques podiums cette année, alors nous avons tenté le tout pour le tout et nous sommes partis avec le pneu dur."

"Et nous n’avions pas le rythme. C’est le seul problème que nous ayons eu en course. Je pense que la stratégie était bonne. Le pneu médium se comportait étonnamment bien. Nous espérions plus de graining ou une dégradation plus importante et Max a pu faire 50 tours à un rythme incroyable, et c’est la raison pour laquelle il a gagné la course. Ce n’est pas à cause de la stratégie : il était tout simplement plus rapide que nous."

"Je sais qu’il y a eu beaucoup de questions à la télévision sur le fait de chausser directement les inters et essayer de gagner la course, mais honnêtement, c’est une course différente de ce que nous avons vu dans l’équipe. Et nous avons terminé, donc nous sommes très heureux car ceux qui ont terminé premier étaient trop rapides, et ce avec n’importe quel pneu, dans n’importe quelle condition, Max était toujours à 15 ou 20 secondes devant nous. Il n’y avait donc aucune chance de gagner ce dimanche."