Adieu le Monza old-school ? Les nouveaux vibreurs font réagir dans le paddock F1

Des vibreurs plats, une perte d’identité ?

Par Alexandre C.

30 août 2024 - 07:45

Voici une polémique qui ne fera pas bonne figure, au moment où Monza doit sauver sa place durablement au calendrier F1.

Pour cette année, le circuit a été resurfacé. Mais les vibreurs ont été aussi changés : et cela ne plait pas du tout chez les pilotes.

C’est autour de la légendaire chicane Ascari que les critiques se concentrent. Les vibreurs ‘hauts’ ont été aplatis… Si la modification peut apparaître bénéfique pour la sécurité, elles ôtent cependant, pour les pilotes, un certain caractère à la chicane. En somme Monza perdrait de son histoire, de sa difficulté, de sa particularité.

Premier des sceptiques : Daniel Ricciardo. Celui qui a gagné ici à Monza, avec McLaren F1, n’est clairement pas impressionné… c’est une litote !

« Ils ont changé les vibreurs. J’ai fait le tour du circuit à pied. Je ne peux pas dire que je suis impressionné parce que je pense que certains éléments ont fait un peu perdre du caractère au circuit. »

« Évidemment, beaucoup d’entre vous suivent la F1 depuis plus longtemps que moi et je dis ça peut-être juste en tant que pilote… parce que nous conduisons les F1, alors peut-être que cela a du sens pour nous, je ne sais pas si cela a du sens pour l’extérieur. »

« Mais les vibreurs et les choses comme ça... ils rendent un circuit unique, et quand vous mettez des bordures plates… Avant, au 5e virage, vous passiez au-dessus du vibreur et ensuite il y avait comme une fine bande de béton et puis du gravier. Dans le passé, on essayait toujours de faire rouler les roues sur ce petit bout de béton et d’utiliser toute la piste, mais pas trop. »

« C’est aussi assez bosselé. Je pense que c’était un peu un élément ‘old-school’, et que cela a disparu. Nous n’avons pas encore roulé, mais le revêtement est superbe. L’asphalte est très beau, mais je suis un peu déçu par les bordures. »

Mais Daniel Ricciardo admet que le spectacle en course pourrait être rendu meilleur grâce à ces changements. La vision serait donc plus nuancée qu’il n’y parait.

« C’est très plat maintenant, donc en fin de compte… parce que nous pouvons utiliser tellement plus de vibreur probablement, ce sera plus large et plus facile d’être à fond dans les virages 9 et 10. »

« Je ne veux pas être trop négatif - peut-être que cela signifie que nous pouvons suivre les autres voitures de plus près parce que c’est plus facile comme ça. Je pense qu’ils sous-estiment encore les vibreurs et ce qu’ils font à un circuit, comment ils changent le sentiment, le caractère, l’approche. »

« Nous verrons bien. Il est évident que je vais apprécier de piloter ici, mais j’ai l’impression que le circuit a perdu un peu de son côté « vieille école ». »

« Nous allons sur beaucoup de circuits modernes maintenant, qui sont amusants et géniaux, mais si nous voulons garder les circuits à l’ancienne, alors gardons-les à l’ancienne - c’est un peu ce qui me préoccupe » .

Ce qui pose aussi problème pour Daniel Ricciardo, c’est que les pilotes n’ont pas été consultés par le circuit avant la modification...

« Nous n’avons pas besoin que notre avis prenne le dessus, mais au moins... laissez-nous donner notre avis. Peut-être que nous leur ferons économiser de l’argent. Ils n’ont pas besoin de changer les vibreurs. »

« Peut-être avons-nous une solution plus rentable. Parfois, nous sommes encore un peu dans le noir. En fin de compte, c’est nous qui conduisons. OK, encore une fois, nous ne prenons peut-être pas de décision finale, mais au moins écoutez-nous et laissez-nous essayer de donner le point de vue de la voiture. »

Le coéquipier de Daniel Ricciardo, Yuki Tsunoda, confirme que le circuit a un peu perdu de son âme.

« On a l’impression que le circuit a perdu un peu du caractère de Monza, ce qui peut être positif ou négatif. »

« La première partie d’un vibreur peut être utilisée de manière agressive, mais certaines voitures ne peuvent pas le faire parce qu’elles n’ont pas autant d’appui aérodynamique que les autres voitures et qu’elles doivent faire des compromis... mais je ne sais pas ce qu’il en sera sur ce circuit, mais nous verrons bien. »

Chez Williams F1, Alexander Albon est du même avis que Yuki Tsunoda...

« J’ai l’impression que le tracé a perdu un peu de son caractère. Certains des vibreurs qui ont été installés sont un peu plus génériques et je pense qu’en général, Monza avait un style de piste spécifique. »

« Elle était toujours bosselée, mais ce n’était pas une mauvaise chose et les vibreurs étaient tout à fait uniques. Je pense qu’il y aura beaucoup d’exploration en essais libres, pour voir si vous pouvez les utiliser ou non et dans quelle mesure vous pouvez les utiliser sera un grand point d’interrogation, mais voyons voir. »

Hamilton et Leclerc attendent de voir

Parmi tous les pilotes, Lewis Hamilton est un de ceux les plus prudents. Le Britannique attend de rouler sur la piste avant de donner un avis définitif. Mais on sent déjà quelque nostalgie…

« Je ne veux pas juger avant d’avoir piloté, peut-être que ce sera la meilleure chose et les plus grands changements de tous les temps, alors je ne veux pas me tirer une balle dans le pied avec ça. »

« En fin de compte, nous l’aimions avant, ce circuit. Pendant des années, il a été très bosselé à de nombreux endroits et cela a été une grande partie du caractère de ce circuit, les vibreurs aussi ont été à peu près les mêmes pendant plus de 20 ans, donc c’est un grand, grand changement, mais en fin de compte c’est le même circuit. »

« Nous ne le saurons pas avant les essais libres, mais il semble que la piste sera beaucoup plus amicale et un peu plus rapide. »

Comme son futur coéquipier, Charles Leclerc est lui aussi prudent : il ne faut pas non plus vexer, bien sûr, les promoteurs de Monza...

« Oui, je suis d’accord. Il est difficile de juger pour l’instant. Le tarmac, on arrive à un moment où il faut le renouveler. Ce n’est donc pas comme si on avait le choix de garder le même tarmac pendant des années et des années. Parce qu’à un moment donné, il y a trop de bosses. Et surtout avec notre Formule 1, elles roulent si bas… les pistes doivent se renouveler. Sur ce point, tout va bien. Pour ce qui est des vibreurs, il est vrai que certains circuits ont des vibreurs historiques. Et même s’ils les renouvellent, je crois qu’au Canada cela a été fait et ils ont gardé exactement la même forme, ce qui est bien. Mais je n’ai pas encore essayé les nouveaux vibreurs. Peut-être qu’ils sont encore meilleurs que les anciens. Mais ça, je pourrai vous le dire à chaque fois. »