Abandonner 2020 pour viser 2021 ? Le piège médiatique de Renault F1 et Abiteboul…
Avis de gros temps à venir à Enstone et Viry ?
A la suite d’une saison décevante, en particulier sur le plan de l’aérodynamique, Renault F1 avait annoncé une restructuration d’ampleur de son département châssis. Après l’arrivée de Pat Fry, des décisions fortes étaient attendues. Le départ de Nick Chester, directeur technique pour la partie châssis dans l’équipe, annoncé récemment, n’est ainsi pas une surprise. Cette décision a surtout symbolisé une année de reculs pour le projet Renault F1.
Alors que l’an prochain sera une année de stabilité réglementaire, et qu’au contraire, un grand chambardement s’annonce pour 2021, que devrait faire Renault F1 ? Le dilemme est le suivant : faut-il passer 2020 par pertes et profits pour préparer 2021 ? Et, sur le plan de la communication, quelles intentions doivent maintenant annoncer Renault et et Cyril Abiteboul en lien avec cette stratégie ?
En vérité, aucune solution n’apparaît parfaite pour le moment.
Sportivement, Renault a tout intérêt à sacrifier 2020 pour 2021…
Sur le plan technique ou aérodynamique, il y a peu de chances pour qu’en 2020, Renault se relève de manière spectaculaire pour réduire l’écart avec les écuries de pointe. L’équipe a bien annoncé un changement de concept pour son prochain châssis, mais le gouffre demeure abyssal avec Ferrari, Mercedes et Red Bull. Ainsi, en période de stabilité réglementaire, et puisque Renault part de loin, il faudrait que l’équipe d’Enstone redouble de travail et d’inventivité pour régler, en un hiver, un retard pris depuis plus d’un an.
Alain Prost, en septembre dernier, préparait d’ailleurs déjà les esprits à une saison 2020 en dents de scie chez Renault : « Je ne change pas mon discours : 2020 sera encore une saison un peu compliquée.. »
Or, comme le règlement 2021 pourrait redistribuer les cartes, avec un nouveau règlement aérodynamique et financier, et comme il devrait être le même durant 5 années (à l’inverse du règlement 2020 appelé vite à disparaître), on comprend bien que l’intérêt de Renault, sur le plan technique et sportif, est de tout miser sur 2021.
C’est d’ailleurs bien ce qui semble être le plan de marche adopté chez Renault, si l’on se fie à de récentes déclarations de Cyril Abiteboul : « 2021… Tout dans notre programme a été construit dans ce but à long terme de 2021 car, en accord avec notre stratégie, c’est vraiment la première opportunité que l’on aura de réaliser cela [réduire l’écart sur les écuries de pointe]. »
En septembre dernier encore, le directeur général de Renault F1 annonçait plus clairement les choses encore : « Parce que les attentes pour 2021 sont plus grandes, nous travaillerons davantage sur ce projet. »
En cas de nouvelle saison décevante l’an prochain en F1, comme cela est probable, la réponse de Renault serait ainsi toute trouvée : c’est normal, puisque l’on prépare 2021.
Cette logique sportive, indubitable, pose cependant des problèmes sur le plan de la communication – or, l’image renvoyée par Renault F1 est décisive au niveau du groupe, notamment pour inscrire à moyen terme l’inscription de la marque Renault en F1.
… mais sur le plan de la communication, l’équilibre à trouver sera délicat
En effet, le dilemme posé peut se résumer ainsi. D’un côté, Renault ne peut pas tout à fait proclamer dans les médias que 2020 sera une saison sacrifiée, pour ne pas démotiver Enstone, pour ne pas perdre Daniel Ricciardo qui sera en fin de contrat et qui attend de voir l’équipe progresser, et pour ne pas donner une image trop défaitiste de la marque.
Mais d’un autre côté, Renault doit aussi prendre garde à ne pas susciter trop d’attentes et d’espérances pour la saison 2021… car dans ce cas, une déception début 2021 serait rendue plus franche et amère encore, au point peut-être de menacer l’avenir de Renault en F1.
Ce serait aussi prendre un grand risque, car il n’est d’ailleurs pas du tout acquis sportivement que Renault progresse franchement dès le début de l’année 2021. Pour une raison simple en particulier : les écuries de pointe, que Renault doit rattraper, ne seront pas soumises aux budgets plafonnés en 2020 (année de développement des F1 2021). Du même coup, on ne voit pas pourquoi, tout d’un coup, 2021 serait une année différente des autres pour Renault F1, qui devra travailler avec un budget limité sur deux F1 différentes.
Un dilemme d’autant plus pesant pour Abiteboul après le départ de Chester
Cyril Abiteboul et Renault se retrouvent ainsi coincés sur le plan de la communication : même si ces choix sont logiques sportivement, ils ne peuvent pas dire qu’ils s’apprêtent à sacrifier 2020 pour 2021. Dans certains cas, la transparence sur les objectifs peut être ainsi contre-productif.
Après le départ de Nick Chester, Cyril Abiteboul a d’autant moins intérêt à adopter cette stratégie risquée : car maintenant que le directeur technique du département châssis a été renvoyé, le Français a sans doute « grillé un joker » et se retrouverait en première ligne si les résultats de Renault venaient à décevoir encore.
Quelle solution alors ? Au vu de la complexité de cette situation sur le plan médiatique, Renault aurait ainsi tout intérêt à la discrétion, en faisant le dos rond, sans « désespérer Billancourt » pour 2020, tout en demeurant relativement vague et prudent sur les objectifs de 2021.
Laisser parler la piste, ne pas susciter trop d’attentes, rester discrets sur les progrès en cours à l’usine : ce fut la méthode adoptée par Mercedes entre 2013 et 2014.
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