À quel point l’expérience d’un pilote F1 fait-elle la différence ?
Titulariser un rookie, un pari trop risqué ?
À quel point l’expérience d’un pilote compte dans la F1 moderne ?
Beaucoup, semble-t-il : car les équipes préférent aujourd’hui signer ou rappeler des vétérans (Nico Hülkenberg, Daniel Ricciardo, Fernando Alonso…) plutôt que titulariser des rookies (Théo Pourchaire…).
Il faut dire que par le passé, les jeunes pilotes arrivaient bien mieux préparés en F1 – car ils avaient, dans leurs bagages, des dizaines de milliers de kilomètres d’essais privés. Ce qui n’est plus possible à l’ère des budgets plafonnés et des contraintes réglementaires en tout genre.
Fernando Alonso se rappelle son propre exemple personnel, entre sa première année en F1 (chez Minardi) et sa titularisation chez Renault.
« Je me souviens qu’en 2002, lorsque j’étais pilote d’essais, j’ai parcouru 40 000 kilomètres - uniquement cette saison-là. »
« Autrefois - je ne sais pas comment décrire cette époque - nous avions l’habitude de faire environ 30 000 kilomètres d’essais avec un pilote avant même d’envisager de le faire monter dans une voiture de course. »
« Les pilotes ont besoin d’assez de temps et d’expérience pour pouvoir explorer les frontières et les limites de la course, car le gap à franchir, en venant de n’importe quelle autre série de sport automobile à la F1, est énorme. Pour donner des chiffres, les F2 et même les IndyCar auraient un retard d’environ 14 secondes sur le temps au tour d’une F1, c’est une grande différence. »
Le pilote Aston Martin F1 prend en particulier l’exemple des pneus, un facteur décisif dans la F1 contemporaine.
« Il faut du temps aux pilotes pour extraire tout ce qu’il y a dans les pneus. Si l’on se concentre un instant sur les pneus, parce que c’est l’élément prédominant, on essaie d’amener les quatre pneus à quelques degrés de leur température optimale. La fenêtre n’est que de quatre ou cinq degrés. Vous essayez de vous concentrer là-dessus tout en essayant de conduire une voiture à 300 kilomètres à l’heure sur un circuit. C’est un autre monde et cela prend du temps. »
Bernie Collins, ancien stratège d’Aston Martin F1, prolonge le point de vue de Fernando Alonso. Avec l’expérience, un pilote développe aussi sa gestion et sa vision de la course.
« Il y a cette compréhension, par exemple, au début d’une course : aurez-vous une dégradation assez élevée dans les premiers tours, ou beaucoup d’amélioration de la piste, ce n’est pas très clair. »
« Parfois, un pilote très expérimenté peut vous donner ce retour d’information - qui n’est pas forcément évident à deviner, à partir des temps au tour. »
« Avec un pilote expérimenté qui a beaucoup vécu, il est très facile de comprendre ce que vous essayez d’obtenir en matière de stratégie - le pilote vous dit : voilà ce que nous essayons d’obtenir, voilà à quoi ressemble la fenêtre d’arrêts aux stands. »
Pour Collins, la décision de Visa Cash App de titulariser Daniel Ricciardo, en 2024, plutôt que Liam Lawson, s’explique ainsi aisément.
« Il est évident que Liam aura un meilleur temps de réaction, une meilleure vitesse brute - nous avons souvent vu un jeune pilote pousser un pilote plus âgé en termes de performance sur les départs, simplement parce que son temps de réaction est si bon ou qu’il est prêt à y travailler si dur, parce que son rythme de travail est plus élevé. »
« Mais vous devez expliquer davantage ce qui se passe pendant la course, quels règlements entrent en jeu, quelle est la position des autres sur la piste. L’esprit des jeunes pilotes est un peu plus surchargé par ces éléments de base. »
L’expérience de l’ingénieur de course compte aussi beaucoup
Mais l’expérience d’un seul pilote ne fait pas tout. Ce qui compte, c’est aussi la longévité de ce pilote avec son ingénieur de course.
La célèbre paire Verstappen-Lambiase, qui a connu tant de succès chez Red Bull, en est un fameux exemple.
Qu’est-ce qui explique ce succès entre les deux hommes ? Le Néerlandais a d’abord sa petite idée.
« Je ne pense pas qu’il y ait de véritable secret, mais je pense qu’il suffit de bien s’entendre... »
« Vous devez comprendre ce que vous attendez l’un de l’autre. Je pense qu’aujourd’hui, nous avons vraiment évolué dans notre rôle. Je n’ai presque plus besoin de dire quoi que ce soit. Par exemple, lorsque je dis "j’ai un peu de sous-virage ou de survirage", GP (Gianpero Lambiase) sait ce qu’il va changer sur la voiture pour moi, et cela prend du temps. C’est pourquoi je suis toujours contre le fait de changer d’ingénieurs de course ; ils sont très importants pour la performance. C’est pourquoi plus longtemps vous resterez ensemble, mieux ce sera. »
Un jugement que confirme, bien entendu, Lambiase lui-même.
« Nous nous connaissons parfaitement. Nous savons ce qui déclenche l’autre, comment l’amadouer ou lui passer le bras autour de l’épaule. Je pense donc que nous savons comment nous sortir d’une situation difficile pour tirer le meilleur profit de toutes les situations. »
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