Zoom sur... le défi de Singapour
"Travailler dans ces conditions est assez difficile"
Parmi les caractéristiques du Grand Prix de Singapour, les horaires sens dessus dessous sont uniques. Plutôt que de se lever avec le soleil pour rejoindre le paddock, les équipes travaillent la nuit et dorment le jour. Ceci aboutit à un spectacle féérique sous des milliers de projecteurs, mais comment cela est-il vécu par les membres des équipes ?
« Singapour est un rendez-vous génial et ce sont les différences avec un week-end normal de course qui le font sortir du lot », explique David Mart, l’ingénieur motoriste de Daniel Ricciardo.
« Nous arrivons tôt dans la semaine et nous essayons de rester calés sur l’heure européenne. Ce n’est pas évident, car notre corps a naturellement tendance à vouloir rester éveillé pendant la journée. Quand nous revenons à l’hôtel au petit matin, nous croisons des gens qui partent au travail, ou d’autres qui rentrent tout juste de discothèque. C’est assez difficile de se détacher de tout cela et d’aller dormir. Il peut être bénéfique d’aller à la salle de sport ou de faire un footing pour couper. Mais cette année, avec cette brume épaisse, je ne suis pas certain que nous ayons envie d’aller prendre l’air ! »
« C’est tout aussi difficile de gérer son alimentation. Prendre le petit déjeuner à 17h est assez étrange, mais ce peut être également compliqué de trouver quelque chose à manger au milieu de la nuit. Il n’y a pas grand-chose en dehors du room service. Après sept ans là-bas, nous connaissons tout de même quelques endroits pour manger un morceau pas loin de l’hôtel. »
« Travailler dans ces conditions est assez difficile comparé aux autres courses. Il fait chaud et humide dans le garage. Il faut se forcer à boire beaucoup, plus encore parce que cette piste nécessite que chacun soit au top niveau. C’est un des tours les plus longs de la saison, avec 23 virages. Cette intensité requiert beaucoup de préparation et nous passons énormément de temps à peaufiner les réglages. Il faut aussi prendre en compte la forte probabilité de voir la voiture de sécurité entrer en piste. C’est arrivé chaque année depuis que nous venons ici ! En jouant sur la quantité d’essence, il faut trouver le bon compromis entre le gain en performance et les risques. C’est une sorte de gymnastique mentale, particulièrement pendant la course. De plus, nous atteignons souvent la durée limite de deux heures : c’est la course la plus longue de l’année. Une fois le debriefing terminé, nous sommes tous épuisés ! »
« Cette année, nous partirons directement pour le Japon et ce sera d’autant plus difficile. La dernière fois que nous avons enchaîné ces deux destinations, c’était en 2009 et je me souviens que c’était assez horrible ! Il faudra que nous soyons en forme pour nous installer dès le début de la semaine, mais nous souffrirons du décalage horaire après être restés longtemps à l’heure européenne. Mais je ne manquerais Singapour pour rien au monde : c’est un des meilleurs week-ends de l’année. »