Wolff pense que la F1 va ‘dans la mauvaise direction’ avec le halo
Un message pour Liberty Media
La F1 est un sport, mais c’est aussi une arène politique. Depuis la prise de contrôle de Liberty Media, la négociation des prochains Accords Concorde attise les polémiques. Toto Wolff a d’ores et déjà fait alliance avec Ferrari pour empêcher une redistribution trop égalitaire des revenus du sport.
Or Liberty Media pourrait ne pas être aussi conciliant que CVC. Comme le confirme le directeur de Mercedes, un nouveau style de management a été mis en place par les Américains.
« Il y a de grandes différences. Un héritage est arrivé à son terme après avoir été construit sur près de quatre décennies. Bernie Ecclestone avait réinventé le sport et l’a rendu formidable, mais Liberty Media a amené un style de management totalement nouveau. Je ne voudrais pas comparer un style à l’autre : ils sont juste complètement différents. Liberty Media n’est aux commandes que depuis une année et nous verrons les résultats qu’ils pourront obtenir à partir d’aujourd’hui. »
« Pour les évaluer ? Demandez-moi dans douze mois ! J’aimerais leur donner plus de temps. Ils ont chaussé les bottes d’un entrepreneur emblématique et qui appartenait à la vieille école [Ecclestone] et je ne voudrais pas d’ores et déjà les juger. »
Si Toto Wolff donne un satisfecit à Liberty Media sur certains points, les sujets d’inquiétude qu’il recense ne sont pour autant pas inexistants, loin de là.
« Les choses vont dans la bonne direction. Par exemple il y a une bien plus grande transparence entre Liberty Media et les équipes et Liberty a adopté une approche plus tournée vers le long terme, ce qui est positif pour moi. »
« Mais de nombreuses décisions qui ont été prises, à la fois sous CVC et sous Liberty Media, me semblent épineuses. Nous devons nous battre contre bien d’autres sports et nous ne pouvons nous permettre d’affaiblir le spectacle que nous proposons. C’est un microcosme complexe et vous devez prendre des jugements bien réfléchis sur ce qui devrait ou non être mis en œuvre. »
« La F1 est allée dans la mauvaise direction pour ce qui concerne le spectacle en piste : les voitures ne sont pas assez spectaculaires et nous avons introduit le halo, alors que nous aurions dû trouver quelque chose de plus attirant visuellement. Je pourrais lister dix autres choses, mais ce ne serait pas juste de le faire en public. Nous avons un héritage dont il faut prendre soin, nous avons des responsabilités et je sens que tout le monde devrait en être conscient. »
Liberty Media entend notamment construire sa progression sur le marché du digital. Toto Wolff rappelle qu’il n’était pas difficile de faire mieux que Bernie sur ce point…
« Auparavant le digital était inexistant en F1 ! Mais les audiences TV continuent de chuter sur quelques marchés historiques du sport. Ce sont des signes inquiétants, mais c’est le cas pour chaque sport en raison du changement du paysage médiatique. La TV traditionnelle perd de l’audience, les gens utilisent des écrans multiples, la TV à la demande, et c’est un défi qui doit être relevé comme il le faut. C’est le facteur le plus important. C’est une stratégie assez bonne de diffuser le sport via une télévision payante, mais ensuite il faut pouvoir gérer les audiences en baisse, comme c’est arrivé sur de nombreux marchés. »
Parmi les marchés historiques en chute libre que cite Toto Wolff, figure le marché allemand. Malgré la présence de Sebastian Vettel et de Mercedes, le Grand Prix d’Allemagne ne fait plus le plein. Comment l’expliquer ?
« L’Allemagne est un cas à part. Après l’ère Schumacher, il y a eu comme une gueule de bois. En Autriche, l’intérêt pour un sport s’évanouit si le même type gagne tout le temps. Ce genre de choses fonctionne de manière cyclique. »