Wolff : le succès de Mercedes n’est pas ’normal’

Il faut rester concentré pour continuer à dominer en 2017

Par Alexandre C.

29 novembre 2016 - 14:51
Wolff : le succès de Mercedes n'est

Toto Wolff est certainement un homme comblé. Pour la troisième année consécutive, l’écurie qu’il dirige, Mercedes, a régné sans partage sur la Formule 1. Ancien pilote de course lui-même, marié encore à une pilote, Susie Wolff, Toto Wolff vit la course, respire la course. La passion du sport automobile est très vive en lui. Au point d’être une passion dévorante ?

« En vérité, pas jusqu’à ce point. Ce qui me passionne, c’est le côté business de la Formule 1, l’un des seuls sports vraiment mondiaux, c’est représenter une marque comme Mercedes, d’y être associé, et ensuite, c’est la réalité brutale du chronomètre qui vous dit toujours la vérité. C’est un mélange entre le côté business, le fait de courir 20 fois dans l’année, et le défi posé par la concurrence. »

Très impliqué sur le versant économique de son activité, Toto Wolff ne perçoit-t-il pas la F1 comme une compétition financière sous stéroïdes ? « C’est en vérité une analogie sympathique et amusante. C’est vrai, oui, c’est du business sous stéroïdes ! C’est un sport où des milliards sont en jeu, c’est aussi un divertissement compétitif avec quelques unes des plus grandes marques mondiales impliquées, comme Mercedes, avec aussi le défi de se rendre 20 fois par an sur des pistes où sur deux cents mètres carrés, vous avez rassemblé votre propre équipe, vos concurrents les plus féroces, les commissaires, les autorités sportives, vos sponsors, vos fournisseurs… Il n’y a aucun autre business où ce genre de choses arrive. Et ensuite, vous pouvez mesurer votre performance, un week-end sur deux. Et votre valeur, c’est simplement le dernier résultat en course que vous avez obtenu. »

Toto Wolff n’est en outre pas que simple employé chez Mercedes. Il détient en effet des parts de l’écurie. On imagine que sa motivation en ressort décuplée… « C’est l’un des principaux aiguillons. Quand Daimler, Dieter Zetsche, ont décidé de restructurer l’équipe, c’était parce qu’ils croyaient qu’il y aurait des bénéfices à tirer d’une grande organisation multinationale pour une équipe de F1, comme les ressources financières. Mais il y a aussi des désavantages : les multinationales ne sont parfois pas assez rapides dans cet environnement spécifique et une écurie devrait aussi être gérée comme une entreprise de taille moyenne, et d’une manière très entrepreneuriale. »

« Et quand Mercedes m’a approché, ils m’ont dit quelque chose dans ce goût : ‘C’est une condition nécessaire pour que nous ayons du succès. Nous voulons que vous soyez actionnaire à 40 % de cette écurie. Qu’en pensez-vous ?’. Et j’ai répondu : ‘En fait, c’est seulement comme ça que ça doit fonctionner pour moi.’ J’ai été impliqué dans le capital risque et dans la gestion de fonds propres durant presque toute ma vie, et développer l’équipe, l’entreprise, en augmenter la valeur – la valeur de son action en bourse – est une des motivations principales pour moi. »

Cette part active que prend Toto Wolff sur le plan financier dans l’écurie contraste avec le mode de gestion d’équipes comme Toyota, Jaguar et Honda, qui n’ont pas eu le même succès que Mercedes en tant que constructeur engagé en F1. Dans ces trois précédentes écuries en effet, les dirigeants n’étaient pas actionnaires, mais simples employés. « Ce que fait Mercedes est unique de nos jours », réagit Toto Wolff. « Daimler a décidé d’accepter des actionnaires extérieurs comme Niki Lauda et moi-même - il possède 10 % de l’écurie et moi 30 %. Ils ont compris les faiblesses d’une structure globale en matière d’organisation et d’efficacité. Et je pense qu’ils avaient largement observé Toyota, BMW et Honda. »

Grâce notamment à ce mode d’organisation particulier, Mercedes a pratiquement gagné toutes les courses depuis 2014. Comment Toto Wolff trouve-t-il encore une motivation supplémentaire après avoir autant dominé ? Ne craint-il pas d’abord que le cycle de domination de Mercedes prenne bientôt fin, comme tous les cycles en F1 ?

« Vous avez raison. Les succès arrivent de manière cyclique en F1. Vous pouvez voir que différentes équipes ont eu beaucoup de succès pendant deux ans, et ensuite, un changement de règlement a changé la donne et ils ont perdu leur avantage compétitif. Et c’est quelque chose qui nous motive beaucoup. Il y a un changement de règlement l’an prochain, et nous voulons être la première équipe à pouvoir rester compétitive malgré un changement de règles. »

« Mais ce n’est pas une tâche facile. Nous gardons à l’esprit le fait que ce qui nous arrive en ce moment est inhabituel. Et nous devons rester concentrés, pour rester motivés et continuer à développer notre organisation pour rester compétitifs pour les prochaines années. »

Toto Wolff n’envisage donc pas de quitter Mercedes dans un avenir proche – tant que le feu de la F1 brûlera en lui, il n’envisage pas un autre quotidien que celui passé dans les paddocks. « Aussi longtemps que je suis passionné par ce que je fais, je resterai. Pour combien de temps ? Je ne sais pas. Mais pour le moment, je suis toujours là. »

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