Wolff : Pour un pilote, la F1 n’est pas un sport d’équipe
La carte personnelle
La vie d’un directeur d’écurie est évidemment trépidante et semée d’embûches. C’est ainsi que l’an dernier, à Abu Dhabi, Lewis Hamilton avait délibérément ralenti Nico Rosberg pour préserver ses derniers espoirs de titre, contre toutes les consignes de Mercedes. Cet épisode a définitivement convaincu Toto Wolff d’une chose : pour un pilote, le championnat des constructeurs n’existe pas.
« Hamilton avait dit auparavant qu’il ne ferait jamais une telle chose. Nous avons été naïfs. Ces gars sont calibrés pour réagir d’une certaine manière depuis leurs premières armes en karting. Ils sont conditionnés pour faire avec leurs peurs, pour agir pour leurs propres intérêts depuis qu’ils sont enfants. Ensuite, plus tard, en F1, le directeur d’écurie arrive et leur dit qu’ils sont redevables envers une marque mondiale et plus de 100 000 employés dans le monde, et qu’ils devraient avoir l’esprit d’équipe. »
« Mais pour un pilote, la Formule 1 n’est pas un sport d’équipe. A Bahreïn, nous avons dû utiliser des consignes pour la première fois afin de gagner la course. Cela n’a pas fonctionné, nous n’avons pas aimé donner des consignes mais la vraie question était de savoir si nous voulions gagner ou perdre la course. Valtteri ne contrôlait plus ses pneus, il fallait donc remettre Lewis devant. Notre domination de trois années sur la F1 est maintenant clairement terminée. »
Toto Wolff, pour remplacer Nico Rosberg, parti à la retraite, a donc délibérément choisi un pilote plus lisse qui ne ferait pas de vagues. C’est ainsi que Valtteri Bottas a été préféré à Fernando Alonso, dont la cohabitation avec Lewis Hamilton aurait été plus que problématique. A Bahreïn, le Finlandais a d’ailleurs obéi à une consigne d’équipe pour laisser passer son coéquipier britannique…
« Nous avons en conscience décidé d’engager un pilote qui n’apporterait aucune animosité dans l’équipe – mais aussi un pilote rapide qui pourrait pousser Lewis. »
Lewis Hamilton demeure le pilote numéro 1 de l’écurie. Méga-star sur les réseaux sociaux, le Britannique est aussi l’un des plus rapides de sa génération – voire le meilleur pour Toto Wolff.
« Aujourd’hui, nous avons affaire à une inflation de superstars sur internet et les réseaux sociaux. Des étoiles filantes, qui arrivent et qui s’en vont. Tout le monde s’imagine qu’il est une marque, qu’il a besoin de se positionner sur Twitter, Facebook, Instagram. Peu de personnes sont aussi véritablement performantes. Lewis Hamilton, cependant… je pense qu’il est vraiment le meilleur pilote de la nouvelle génération. »
« Vous avez aussi besoin d’un peu de compétences sociales. Avec Lewis, c’est toujours surprenant de voir à quel point il est social. Ce qui est impressionnant à propos de sa personnalité, c’est qu’il évolue constamment, il absorbe des choses qui sont bonnes pour lui comme une éponge. »