Vergne : L’incertitude fait partie de l’avenir d’un pilote de F1
"Je ne pense pas à l’avenir"
Jean-Eric Vergne s’apprête à disputer le premier Grand Prix d’Inde de sa carrière. Pour lutter contre l’impatience, le Français préfère regarder droit devant lui, vers l’avenir.
"J’adore faire l’expérience d’un nouveau circuit, d’une nouvelle destination, donc venir en Inde est un vrai plaisir pour moi. Mais je vais tout de même avoir un certain déficit d’expérience.
J’ai eu une semaine très chargée après la Corée, et je n’ai pas pu préparer la course comme je le voulais. On a d’abord eu un tournage avec l’équipe en Italie, et après ça nous sommes allés à l’atelier pour voir le nouveau bâtiment qui vient d’être construit. A mes yeux, ce nouveau bâtiment était très impressionnant, et je suis sûr que beaucoup d’écuries parmi les meilleures seraient fières d’en être propriétaires.
Je suis donc arrivé en Inde lundi, et j’ai dû me contenter de quelques vidéos de la course de l’an dernier et d’un beau paquet de données pour apprendre à connaitre le circuit.
Mais c’est tout sauf un problème. Evidemment, c’est toujours mieux de se servir du simulateur pour prendre la main, mais c’est notre métier, on a tous connu énormément de circuits depuis nos débuts en karting et nous devons nous adapter très rapidement. Le circuit n’a pas l’air trop vicieux, en tout cas pas aussi compliqué que peut l’être celui de Singapour avec ses très nombreux virages.
J’ai eu un week-end de libre la semaine dernière, ça m’a vraiment fait du bien. C’était mon premier week-end de repos depuis des lustres, donc j’étais résolu à en profiter à fond. Et c’est exactement ce que j’ai fait… en dormant ! Sérieusement, c’était une véritable opportunité de se relaxer. J’ai fait du sport, j’ai traîné chez moi, je me suis fait plaisir. Après avoir été malade tout le week-end en Corée, ça m’a permis de bien me remettre sur pieds.
J’ai donc pris l’avion lundi, ce qui peut sembler tôt, mais comme je l’ai dit, j’adore découvrir ce qu’un pays a à offrir. Comme mon hôtel est assez loin de tout, ça n’a pas été la folie jusqu’ici.
Mais ce que j’ai pu voir a été très intéressant. Par exemple, il nous a fallu presque deux heures pour rejoindre le circuit l’autre jour, parce qu’il y avait une vache en plein milieu de la route, ce qui a causé de véritables perturbations puisque c’est un animal sacré ici. Ce genre de choses peut paraitre pénible mais je pense que c’est tout le contraire. C’est toute la beauté de la découverte d’une autre culture et j’espère pouvoir être encore étonné à propos de l’Inde et de New Dehli avant mon départ. Mais le week-end de course va être très chargé.
Ma première mission du week-end a été la conférence de presse officielle de la FIA, jeudi. Tous les pilotes y passent plusieurs fois par saison. Évidemment, à 4 courses de la fin de la saison, toutes les questions concernaient les contrats et les transferts.
L’incertitude fait toujours partie de l’avenir d’un pilote de F1. Je pense que Daniel et moi avons fait du bon boulot cette année et j’aimerais beaucoup être certain d’être encore un pilote Toro Rosso l’an prochain, mais on ne peut pas en être sûr. La F1 est un univers extrêmement compétitif et il faut être le meilleur à chaque course pour mériter sa place sur la grille de départ. J’ai dit en conférence de presse que je ne pensais pas à l’avenir, et c’est vrai. Je ne peux pas ne pas penser à la course à venir, au fait que je doive être le meilleur et prouver que je mérite ma place.
Ce n’est pas toujours facile, mais c’est comme ça en F1. La charge de travail est considérable. Tout n’a pas été simple cette saison, il y a eu des moments compliqués, mais c’est comme ça qu’on apprend et c’est un passage obligé au plus haut niveau des sports mécaniques. Mais je ne peux pas dire non plus que je n’ai vécu que des moments laborieux. Quoi qu’il arrive, je prends mon pied à chaque course. Je vis un rêve éveillé en étant pilote de Formule 1.
Parfois je prends du recul et réalise que ce que je fais est une chance. C’est un véritable privilège et il est parfois salvateur de prendre ce recul par rapport à tout le travail et à la pression pour s’en rendre compte. Cela me permet de garder le sourire, même dans les mauvais jours.
J’espère que nous n’en aurons plus beaucoup d’ici la fin de saison et notamment ce week-end en Inde. Je croise les doigts pour qu’on s’inscrive dans la continuité de ce qu’on fait depuis la trêve estivale. Il y a encore beaucoup de points à distribuer ce week-end, et je vais tout en faire pour en prendre une partie."