Trop choyé chez Red Bull, Verstappen n’apprend pas

Et en n’apprenant pas, il ne progresse pas

Par Emmanuel Touzot

6 mai 2018 - 18:13
Trop choyé chez Red Bull, Verstappen

Max Verstappen s’est mis un bon nombre de bâtons dans les roues en ce début de saison 2018. Le Néerlandais, dont la pointe de vitesse n’est aucunement remise en cause, a commis un grand nombre de fautes, très souvent à cause d’une trop grande impatience.

En Australie d’abord, il a fait un tête à queue en début de course, alors qu’il occupait une solide quatrième place. A Bahreïn, il ressort en Q1 alors qu’il est qualifié pour la Q2 et écrase sa Red Bull dans le mur. Il prétextera un surplus de puissance venu de nulle part auquel personne ne croira, mais la polémique ne s’étendra pas puisqu’il s’accroche avec Lewis Hamilton le lendemain.

En insistant pour dépasser le Britannique, tout en évitant une McLaren plus lente, Verstappen se rabat sur la Mercedes et vient toucher l’aileron avant de celle-ci, causant une crevaison qui le mènera à l’abandon.

En Chine, il commet de nouveau deux erreurs en course. Il commet la première en essayant de dépasser Lewis Hamilton par l’extérieur dans une courbe rapide et se fait dépasser notamment par son équipier, qui finira par gagner la course un peu plus tard. Manifestement frustré de voir Daniel Ricciardo en tête, Verstappen attaque Sebastian Vettel et harponne l’Allemand.

A Bakou, Verstappen a débuté son week-end par une sortie de piste, en allant chercher immédiatement la performance. Lancé dans un tour "qualif", il a freiné sur une bande blanche et a perdu le contrôle de sa Red Bull. En course, après quelques luttes roue contre roue avec Daniel Ricciardo, les deux hommes se sont accrochés, avec une responsabilité penchant de nouveau du côté du Néerlandais, qui était déjà venu s’appuyer sur l’autre Red Bull auparavant.

Résultat : Verstappen pointe au huitième rang au classement avec seulement 18 points. Il a signé deux résultats blancs dans lesquels il a une responsabilité et a causé l’abandon de son équipier à Bakou.

Pourtant, il continue d’échapper aux pénalités et à de véritables réprimandes de la part de son équipe, ce qui semble assez incompréhensible. L’attaque lointaine de Ricciardo à Bakou était un bon prétexte pour lui donner une part de responsabilité et ainsi éviter à Verstappen la faute complète pour l’abandon des deux monoplaces de l’équipe.

Cependant, cette clémence se doit d’avoir ses limites et bien que Helmut Marko joue la figure paternelle menaçante, il ne passe pas à l’acte lorsqu’il s’agit de punir son pilote, lui qui a été si prompt par le passé à éliminer les pilotes qui ne donnaient pas une image ni des résultats satisfaisants.

Daniil Kvyat a été rejeté chez Toro Rosso pour avoir touché l’arrière de l’autre Red Bull dans un Grand Prix, et coûté des points à l’équipe. Ce qu’a fait Verstappen en Hongrie l’an dernier, et de nouveau à Bakou cette saison. Sans parler évidemment du nombre de points perdus depuis le début de saison.

Si son talent est indéniable, et sa vitesse en course parfois impressionnante, le Néerlandais continue de faire des erreurs de jeunesse alors qu’il en est déjà à sa quatrième saison en Formule 1, et sa troisième dans une équipe de pointe.

C’est peut-être là que le bât blesse : peut-être que Verstappen, qui n’a fait qu’une année de monoplace avant d’arriver en Formule 1, aurait dû passer plusieurs années chez Toro Rosso, pour découvrir ce qu’est le pilotage d’une Formule 1 dans le peloton et ainsi mieux comprendre les règles en vigueur lorsque l’on se bat au meilleur niveau.

Les défenses et attaques nerveuses du Néerlandais ne sont clairement pas du standing de la Formule 1 et bien qu’il ne se montre pas forcément dangereux, il serait important que Red Bull ou la FIA prenne une décision un peu plus radicale à son sujet pour qu’il comprenne ce qu’est la F1.

Il semblait avoir compris après Shanghai, où Sebastian Vettel lui a calmement fait la leçon et où le pilote Red Bull a reconnu qu’il n’aurait pas dû porter une telle attaque. Mais l’on peut se douter des leçons retenues quand on voit son comportement à Bakou, où sa défense erratique et ses attaques bien moins maîtrisées que celles de son équipier ont collé quelques sueurs froides à son équipe, jusqu’à l’accrochage.

S’il est indéniable qu’il a le potentiel pour être champion du monde dans le futur, il ne faudrait pas arriver à un point où son talent est gâché par sa fougue. En cela, Red Bull ne lui fait pas de cadeau en étant aussi complaisant, car sa courbe de progression n’est pas si évidente depuis trois ans.

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