Toro Rosso a donné plus de liberté à Honda : la clef du succès ?
Contrairement à McLaren qui mettait plus de pression
Pourquoi donc Honda était aussi peu fiable entre 2015 et 2017 ? Bien entendu, les ingénieurs japonais n’avaient jamais su rattraper leur retard en termes d’adaptation aux exigences de l’ère hybride.
Certaines exigences de McLaren ont peut-être pu dans le même temps poser de nouvelles exigences déraisonnables aux Nippons. En effet, on se rappelle que l’écurie jadis emmenée par Ron Dennis ne voulait faire aucune concession au niveau aérodynamique, le V6 Honda devant s’adapter au châssis McLaren, et non l’inverse.
Or, avec Honda, Toro Rosso a décidé d’adopter une autre manière de travailler, peut-être en ayant tiré les leçons de l’échec de McLaren. Comme le confirme James Key, le directeur technique, la petite Scuderia est plus conciliante avec les besoins de Honda. Est-ce là une raison expliquant la fiabilité étonnante de Honda en ces essais hivernaux ?
« Certainement, notre approche est d’essayer de donner à Honda la liberté dont ils ont besoin pour progresser de leur côté. En très peu de temps, nous avons dû collaborer pour le moteur 2018 ; nous avons dû faire quelques compromis pour cela. Fondamentalement, nous voulions leur donner le soutien nécessaire pour qu’ils aient la liberté de faire leur travail. »
James Key confirme ainsi que Toro Rosso a donné plus de liberté à Honda dans leur travail, alors que McLaren était accusée de donner des directives trop précises aux Japonais, pour ne pas sacrifier la partie châssis.
« J’ai le sentiment qu’ils ont apprécié cette liberté, parce qu’ils voulaient essayer plusieurs choses, et nous les avons soutenus dans leurs projets, nous ne les avons pas poussés pour tenter quelque chose de particulièrement difficile du côté moteur, pour s’adapter au châssis. »
« Nous avons certainement dit à Honda : laissez-nous savoir ce que voulez faire. Nous ferons les compromis nécessaires et nous travaillerons pour obtenir le meilleur package, parce qu’au bout du compte, nous essayons de tout combiner pour obtenir le meilleur package, non pas seulement la meilleure unité de puissance ou juste le meilleur châssis. Ce doit être un ensemble. »
Travailler avec Honda apporte des points positifs ; cependant en tant qu’écurie d’usine officielle, Toro Rosso est soumise aussi à une certaine pression, nouvelle pour l’écurie. James Key apprécie en définitive cette « pression positive ».
« Nous fournissons l’effort nécessaire ensemble. La R et D, les tests sur les bancs d’essais moteur, le développement dans certains domaines, le design du châssis… C’est un travail commun. Le travail de conception de la voiture de l’an prochain est déjà lancé. Donc tout cela fait que notre relation avec Honda est vraiment unique. C’est une lourde responsabilité, en fait. Nous avons hâte de l’endosser, c’est une pression très positive. Mais c’est aussi une grande responsabilité de notre côté, car il nous faut être au niveau dont Honda a besoin pour progresser autant que possible avec leur équipe partenaire. »