Sirotkin, une image injustement ternie par son apport financier ?
Il serait bon de laisser une chance au pilote de 22 ans
Williams semble contrainte de choisir des pilotes ayant un budget pour 2018, ce qui explique en partie pourquoi les noms de Robert Kubica et Sergey Sirotkin sont les finalistes dans cette compétition pour la dernière place libre sur la grille de l’année prochaine.
Toutefois, il paraît beaucoup trop réducteur, dans le cas des deux hommes, de s’arrêter à leur simple apport financier. Il est évident que si Williams avait le choix, elle paierait les 30 millions d’euro annuels que coûte un Fernando Alonso ou les 40 nécessaires à la venue de Lewis Hamilton.
Mais puisqu’il lui faut avoir les moyens de ses ambitions, Williams se doit d’établir un bon rapport entre l’aspect sportif et le côté financier, inévitable pour assurer la survie de la structure. Si Lance Stroll n’a pas été le pilote le plus performant pour Williams cette saison, son très fort apport financier et les 40 points qu’il a marqués ont été très valeureux pour l’équipe.
A l’inverse, Felipe Massa a marqué trois unités de plus et certainement contribué à développer plus rapidement et plus efficacement la FW40, mais le Brésilien a coûté le double de son salaire de 2016 à son équipe, soit 12 millions de dollars. Dès lors, il apparaît normal de se demander la pertinence d’un recrutement à prix fort quand un pilote talentueux possède une enveloppe non négligeable, ou qu’il permet des économies.
On pense évidemment au duo engagé par Force India, puisque Sergio Pérez apporte ses propres sponsors mexicains, tandis qu’Esteban Ocon est au centre de l’accord entre la structure indienne et son motoriste Mercedes, qui pilote la carrière du jeune Français. Force India reçoit donc de l’argent de Carlos Slim, mécène de Pérez, et bénéficie d’une belle réduction sur le prix du bloc propulseur grâce à Ocon.
Sergey Sirotkin n’a pas dominé la GP2 comme ont pu le faire des pilotes comme Charles Leclerc ou Stoffel Vandoorne ces dernières années, mais le Russe a tout de même terminé troisième de ses deux saisons dans la discipline.
De plus, son travail a été loué par Renault, qui a toujours vanté sa capacité d’adaptation et ses retours techniques. Renault n’ayant jamais caché les problèmes rencontrés par Jolyon Palmer notamment, il est peu probable que Cyril Abiteboul se serait forcé à faire des compliments au sujet de Sirotkin, ce qu’il a fait récemment.
L’équation est donc simple pour Williams car le pilote dont le contrat serait le plus lucratif pour l’équipe est aussi celui qui apparaît avoir remporté le duel lors des essais d’Abu Dhabi en fin de saison.
Sirotkin est le sujet de beaucoup de critiques ces derniers jours mais il n’y aurait rien de scandaleux à voir un pilote de 22 ans, deux fois sur le podium du GP2, accéder à la Formule 1 contre une certaine somme d’argent. S’il n’est pas un champion du monde en puissance, rien ne dit que le pilote russe n’aurait pas sa place en F1.
Quant à Williams, elle aurait tort de se priver d’un pilote talentueux qui lui apporterait des garanties financières supplémentaires, à l’aube d’une saison qui s’annonce difficile pour elle, et y sacrifierait moins de son image que si elle engageait deux pilotes pour une même voiture, comme cela a été évoqué récemment.