Selon Kubica, on peut accepter les risques sans ressentir de peur
Un pilote de course sait à quoi il s’expose
Robert Kubica n’en était pas à son coup d’essai en termes d’accident violent lorsqu’il a eu l’accident de rallye qui a subitement arrêté sa carrière, puisqu’il avait été victime de l’un des plus effrayants accidents de F1 de l’ère moderne, il y a dix ans au Canada, lorsque sa voiture avait percuté à plus de 240 km/h le mur en béton avant d’effectuer une série de tonneaux.
La F1 rappelle régulièrement que le risque zéro n’existe pas, pas plus qu’il n’existe dans d’autres séries. Cette année, un jeune pilote de F4, Billy Monger, a subi une double amputation des jambes après un énorme accident et devra, lui aussi, composer avec une vie modifiée par cet accident. Malgré tout, la peur ne fait pas partie de l’équation pour un pilote, selon Kubica.
"C’est vrai, je ne l’ai jamais ressentie. Je sais que les risques sont présents et qu’ils font partie des sports mécaniques, mais la peur n’a aucune place. Il est difficile d’en parler et je ne veux pas donner de leçons à qui que ce soit. Billy devra réapprendre à se connaître et avant tout, retrouver la paix avec lui-même et accepter sa nouvelle situation. Il pourra ensuite penser à accomplir certaines choses qu’il ne pourra pas imaginer faisables tant qu’il sera allongé dans son lit à fixer le plafond. C’est une chose que j’ai vécue plusieurs fois".
"Je pense que lorsqu’une chose comme celle-ci arrive à quelqu’un, il faut retrouver un équilibre personnel avant de penser à l’avenir. Au fil du temps, j’ai réalisé que le cerveau peut développer une capacité de compensation, au moins partielle, aux limites physiques que l’on rencontre. C’est difficile à expliquer et je pense que seules les personnes qui l’ont vécu peuvent comprendre ce que je dis".
Kubica a également appris à relativiser ce que la vie lui offre depuis son accident : "Il a complètement bouleversé ma vie mais je suis conscient qu’à quelques centimètres près, je ne serais même pas ici pour en parler. Le plus gros travail à faire a été dans ma tête. Il y a eu des moments terribles où je ne me sentais plus capable de subir cela. C’était pire que la douleur physique mais je peux maintenant me sentir en paix car je suis redevenu ce que j’étais, un pilote de Formule 1".
Depuis son départ, la Formule 1 a subi de nouveau la perte d’un pilote, Jules Bianchi, 20 ans après le dernier décès qui l’avait touchée. Malgré tout, la sécurité est toujours une priorité et l’an prochain, les voitures seront équipées du halo, ce système de protection qui fait débat.
"Durant les dernières décennies, des pas de géant ont été faits grâce aux efforts de la FIA, et la sécurité reste la priorité absolue. Le halo, je ne dis pas qu’il est joli mais il protège la tête, donc il doit être utilisé dans toutes les catégories. Dans quelques années, on ne le remarquera même plus".
"Mais il y a encore plus à faire sur la route. Je pense notamment à l’utilisation du téléphone au volant, qui est très dangereuse puisqu’elle peut transformer un simple moment de distraction en accident. On peut faire tout ce que l’on veut pour améliorer le support technologique qui rend les voitures encore plus sures, mais l’élément humain est le plus important sur lequel il faut travailler, et il faut éduquer les gens" conclut le Polonais.