Sauber évoque sa première rencontre avec Raikkonen

Un moment surréaliste

Par D. Thys

6 janvier 2013 - 11:32
Sauber évoque sa première rencontre (…)

L’arrivée de Kimi Raikkonen en F1 ne s’est pas passée sans mal. C’est en 2000 que Peter Sauber a découvert ce pilote et lui et son équipe sont tombés immédiatement sous son charme malgré son comportement assez étrange. Peter Sauber nous raconte cette rencontre.

"C’était en 2000," se souvient Peter Sauber dans les colonnes du F1 Racing. "Je n’avais jamais rencontré David Robertson (le manager de Kimi Raikkonen) mais il est venu me voir et m’a expliqué qui était Kimi. Que des belles histoires : Kimi en karting, comment il pilotait en slicks sous la pluie. David était un excellent vendeur. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai donné à Kimi une voiture pendant trois jours. Nous n’avions pas d’argent et normalement, lorsque vous faites un test avec de jeunes pilotes, vous l’organisez sur trois jours avec six pilotes et vous les faites payer. Mais Robertson m’a dit que ce type était vraiment très, très spécial et qu’il avait besoin d’une voiture pendant ces trois jours. Et bien sûr, il ne payait rien. Je ne comprends toujours pas comment j’ai pu prendre cette décision."

"On a fait ce test au Mugello. Ce n’est pas une piste facile pour les jeunes pilotes. Je n’ai assisté qu’à la deuxième journée et c’est là que j’ai rencontré Kimi pour la première fois. Il n’a pas dit un mot et il n’était pas possible de parler anglais avec lui ou alors deux ou trois mots, pas plus. Mais certaines choses étaient hallucinantes. Son langage corporel était totalement impassible et il donnait l’impression d’être tellement concentré que s’il avait marché vers nous, il nous aurait traversés. Ce n’est que mon avis personnel, mais je ne m’étais dit que ce type était vraiment très étrange," poursuit le patron suisse.

"L’ingénieur m’a dit qu’ils avaient fait trois ou quatre tours chronométrés. Kimi est rentré au stand et l’équipe lui a dit de faire huit tours. Après quatre tours il rentrait. Il n’arrivait pas à tenir sa tête droite mais il n’en a jamais rien dit. Vous imaginez ça ? Vous faites un test en F1, on vous demande de faire huit tours et vous rentrez après quatre tours seulement. Il s’en sortait bien avec tous les boutons sur le volant. Malgré l’embrayage au volant, il sortait des stands comme si de rien n’était. Plus tard dans la journée, il savait que je l’observais, nous lui avons donné un train de pneus neufs et réduit la quantité d’essence. Il était évident que les pneus lui donneraient une seconde, l’essence une autre, mais nous n’avons rien dit. Le premier tour il avait gagné une seconde et le deuxième une autre ! C’était très impressionnant. Je suis rentré chez moi avec Willy (Rampf, le directeur technique) et nous avons décidé de signer avec lui," ajoute-t-il.

Peter Sauber a donc signé avec Kimi Raikkonen, mais ce dernier n’avait qu’une toute petite expérience du sport automobile puisque l’année précédente, le Finlandais avait remporté le championnat britannique de Formule Renault. Pour la FIA, ce palmarès était un peu léger pour monter en F1...

"Mosley était contre," confirme Peter Sauber. "Mais il a été juste. Je comprenais ce que disait Max, car tout cela sortait de l’ordinaire. Nous avons eu une réunion à Monaco et j’ai défendu mon cas. Je n’avais aucune expérience et mon anglais n’était pas très bon. J’ai eu le soutien de Bernie Ecclestone, Jean Todt, Ron Dennis, Frank Williams et je crois d’Eddie Jordan sur la fin. Tout le monde m’a aidé, j’étais très surpris. La seule personne qui était contre était Flavio Briatore. Il disait qu’on avait la F3000 et qu’il était donc illogique de hisser ce pilote directement en F1. Flavio défendait ses propres intérêts et il avait deux votes dans sa poche, celui de Minardi et celui de son équipe. Max n’a pas voté, il a été juste. C’était un miracle de décrocher une super licence pour Kimi," conclut Peter Sauber.

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