Ross Brawn : Itinéraire d’un surdoué (3e partie)

Le retour en F1 et le triomphe de Brawn GP

Par Emmanuel Touzot

29 janvier 2017 - 17:51
Ross Brawn : Itinéraire d'un (…)

A l’occasion du retour de Ross Brawn en F1, nous revenons sur son parcours unique et couronné de succès. Après avoir écrasé la Formule 1 pendant cinq années de suite, l’équipe Ferrari a vu le départ conjoint de trois des quatre membres clés de sa ‘Dream Team’. Après dix saisons dans l’équipe, Ross Brawn aspirait à souffler un peu, à s’adonner à sa passion favorite qu’est la pêche, et avait annoncé prendre une année sabbatique. Le sous-entendu d’un retour prévu dans la discipline avait tôt fait de donner des idées aux équipes en place, notamment Red Bull qui était prête à lui offrir un pont d’or. Il était annoncé en novembre 2007 qu’il rejoignait finalement Honda F1, en perte de vitesse, pour préparer la transition vers le nouveau règlement prévu en 2009.

La perte de vitesse confirmée, Honda passait la saison 2008 en fond de grille pendant que Brawn travaillait sur le développement de la voiture suivante, persuadé qu’elle serait "née pour gagner". C’est avec d’autant plus de frustration qu’il apprit fin 2008 le retrait immédiat du constructeur japonais, lassé de dépenser de l’argent pour occuper le fond de grille, après deux saisons catastrophiques. Sentant un énorme gâchis se profiler, Brawn se mit à travailler en coulisses et, après avoir passé l’hiver à former un groupe d’acheteurs, la reprise de Honda F1 fut officialisée début mars, quelques jours avant l’envol du matériel pour l’Australie.

Honda F1 était morte et Brawn GP était née, puisque l’ancien directeur technique possédait désormais 54% de l’équipe. Un accord de fourniture moteur avec Mercedes était annoncé dans la foulée et la voiture, vierge de tout sponsor, mise en piste à Silverstone pour un simple déverminage durant lequel les observateurs furent impressionnés par sa vitesse et son comportement en piste, beaucoup pensant toutefois qu’il s’agissait d’un coup de bluff pour attirer des partenaires.

Richard Branson sera le seul à mordre à l’hameçon et la marque Virgin s’affiche sur les flancs des BGP-01 à Melbourne, où les deux se retrouvent en première ligne ! Le lendemain, Button et Barrichello filent vers le doublé et Ross Brawn les accompagne sur le podium pour sa première victoire en tant que propriétaire et team manager. Après avoir écrit la plus grosse domination de la F1, il ouvre le chapitre d’une de ses plus belles histoires. Limitée dans ses moyens, l’équipe Brawn surfe sur la conception très réussie de sa monoplace et sur le début de saison incroyable de Jenson Button, vainqueur de six des sept premières courses. Malgré un retour fulgurant de Red Bull et de Vettel en fin de saison, Button et Brawn GP sont titrés, récompensant à la fois le labeur de Ross Brawn et la fidélité de son pilote.

Conscient qu’il n’a pas les moyens pour tenir face à la concurrence sur le plan financier, Brawn revend son équipe à Mercedes qui effectue son retour en Formule 1 en tant que constructeur. L’Anglais est venu, a vu et a vaincu. Lui et Nick Fry gardent une part dans l’équipe pour une année supplémentaire, Brawn reste directeur de l’équipe et fait sortir Michael Schumacher de sa retraite pour piloter l’une des flèches d’argent en 2010 aux côtés de Nico Rosberg, pour un duo 100% allemand et entièrement renouvelé. Schumacher confirme que la présence de Ross Brawn est l’argument qui l’a décidé à revenir en Formule 1. C’est la troisième fois que les deux hommes sont amenés à travailler ensemble mais c’est la seule où aucun titre mondial ni aucune victoire pour l’Allemand ne viendront récompenser cette alliance.

La gestion par Ross Brawn de l’équipe Mercedes la ramène toutefois sur la plus haute marche du podium puisque Nico Rosberg remporte sa première victoire en 2012 au Grand Prix de Chine. Ce sera cependant l’un des seuls résultats notables de l’année, avec le meilleur temps signé en qualifications par Michael Schumacher à Monaco. En parallèle, Ross Brawn voit arriver Toto Wolff et Niki Lauda à ses côtés pour gérer l’équipe. Schumacher prend sa retraite fin 2012 mais le projet est toujours attrayant et c’est Lewis Hamilton qui le remplace. Les essais d’avant saison sont un fiasco et après une première course difficile, Brawn ordonne à ses pilotes de figer les places au Grand Prix de Malaisie, alors qu’ils sont troisième et quatrième. Un manque d’audace qui ne lui ressemble pas et qui montre la position difficile dans laquelle il est déjà à ce moment-là et qui se confirme en fin d’année quand il est annoncé qu’il quitte Mercedes.

Il confirmera bien plus tard avoir été frustré de quitter l’équipe à l’aube de ses grands succès : "J’ai été partagé entre joie et frustration, car j’aurais aimé en faire partie mais en même temps, j’étais heureux pour tous les membres de l’équipe qui le méritaient". Il annonce quelques semaines plus tard mettre un terme à sa carrière en Formule 1 malgré une offre de McLaren pour l’engager. Un départ définitif cette fois, du moins en tant qu’employé d’une équipe.

A suivre...

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