Ron Dennis évoque Lauda, Prost et Senna

Les années 80, les années McLaren

Par Franck Drui

3 septembre 2013 - 15:05
Ron Dennis évoque Lauda, Prost et Senna

A l’occasion des 50 ans de McLaren, qui seront fêtés tout au long de la semaine à Woking, puis à Monza, Ron Dennis est revenu sur plusieurs pans de l’histoire de l’équipe. L’une des plus importantes périodes de succès de l’équipe commence au début des années 80, avec Niki Lauda, avant de se poursuivre jusqu’en 1989 avec le fameux duo et duel, Senna / Prost.

"J’avais travaillé avec Niki en 1979 lorsque nous construisions les Procars pour BMW, donc je l’ai connu un peu à ce moment-là. J’ai passé beaucoup de temps en 1981 ensuite à essayer de le sortie de sa retraite, à le faire revenir en F1 au volant d’ une McLaren. Bien sûr, tout le monde connait maintenant le résultat - en 1982 Niki est sorti de sa retraite, a remporté la troisième course de la saison à Long Beach, et a gagné son 3ème et dernier titre avec nous, en 1984. C’était donc un très bon retour," se souvient Dennis.

"Pour moi, cependant, ce qui est vraiment à part chez Niki c’était sa préparation, son analyse et sa capacité à étudier les moyens disponibles pour lui et savoir comment les utiliser au mieux pour les exploiter à son avantage. Il était très complet. Ses attitudes et aptitudes allaient si bien avec l’équipe McLaren de cette époque, parce que nous étions en plein développement, pour gagner des courses et des championnats. L’état d’esprit de Niki était un rappel constant que nous avions besoin de tout maximiser pour rester compétitifs."

L’histoire de McLaren ne serait pas évidemment pas complète sans mentionner Alain Prost et Ayrton Senna. Entre eux, ils ont remporté six championnats du monde pilotes pour McLaren.

"Dans le sentiment commun, le travail avec Alain et Ayrton c’était comme gérer la glace et le feu mais ce n’était pas ça. À bien des égards, ils étaient très similaires - les deux ne se sentaient jamais intouchables, les deux étaient incroyablement compétitifs et voulaient désespérément gagner - et tous deux savaient que leur plus grand adversaire était dans le garage juste à côté. Tout cela a conduit à une certaine paranoïa, compréhensible," explique Dennis.

"Alain était très semblable à Niki en termes de préparation. Il était méticuleux et pointilleux sur ce qu’il voulait de sa voiture, et il a tiré ses succès autant par son travail sur ces aspects que son talent naturel. Il a pu apparaître comme le plus détendu dans le duo, mais en réalité il mettait sans cesse la pression pour avoir l’avantage."

"Vous devez comprendre que c’est pour cela que nous payons les pilotes de course : montrez-moi un pilote de course satisfait de ce qu’il a et je vous montrerai que c’est un perdant. Si un pilote ne pose pas sans arrêter des questions sur le sous-virage ou le survirage, sur un manque d’équilibre ou de motricité, alors c’est qu’il ne pilote pas assez vite. J’aime les pilotes de course qui n’ont pas peur de se faire entendre dans les réunions et débriefings."

"De son côté Ayrton Senna avait un autre niveau d’intensité, ce qui n’était pas toujours facile à gérer, il était certainement à la frontière de la paranoïa, et se sentait blessé et trahi s’il pensait que vous n’étiez pas à 100% derrière lui. C’était un grand défi pour moi en termes de management, mais que j’ai vraiment apprécié parce que cela allait dans les deux sens. Nous savions que nous leur donnions les deux voitures les plus rapides sur la grille - et ils le savaient aussi. Mais cela signifie aussi, si vous ne gagniez pas, qu’il y avait de la douleur. Et il a fallu beaucoup de diplomatie pour faire face à cela."

Avec le recul, Ron Dennis sait qu’il a vécu ce que peu de patrons peuvent vivre en F1.

"Aucune ère de la F1 n’a été aussi totalement dominée par une équipe que la nôtre lors des deux années au cours desquelles Ayrton et Alain ont roulé pour nous, en 1988 et 1989. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : 32 courses, 25 victoires. De toute évidence, nos voitures étaient extrêmement compétitives au cours de ces deux saisons, mais ces deux pilotes, dans leurs cockpits, étaient au sommet de leur art. On se souviendra toujours d’eux comme de très grands pilotes de l’histoire de la F1, à juste titre."

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