Retour sur... le GP du Canada 1989
Doublé pour Boutsen et Patrese
La victoire de Pastor Maldonado pour Williams-Renault dans le Grand Prix d’Espagne est survenue un peu moins de 23 ans après le premier succès de cette association emblématique.
C’est effectivement en Juin 1989 que Thierry Boutsen et son coéquipier Ricciardo Patrese se sont retrouvés ensemble sur le podium après un après-midi canadien riche en rebondissements.
Le nouveau partenariat Williams-Renault avait inévitablement besoin de temps pour se consolider, mais dès les premières courses de la saison 1989, des signes encourageants existaient déjà en provenance de la FW12C. Lors de la manche d’ouverture au Brésil, Patrese et Boutsen se sont qualifiés deuxième et quatrième, et à Monaco le Belge est parti troisième.
Toutefois, battre les McLaren-Honda d’Ayrton Senna et d’Alain Prost n’allait certainement pas être facile. La clé consistait à être prêt à saisir toute opportunité qui se présenterait en cas de problème de l’un ou de l’autre, voire des deux.
Dès la quatrième course de l’année, au Mexique, Patrese a terminé deuxième derrière Senna, avant de signer le même résultat derrière Prost au GP des États-Unis dans les rues de Phoenix. En arrivant au Grand Prix du Canada, l’équipe était d’humeur optimiste.
Patrese s’est installé à la meilleure place possible pour envisager un podium en se qualifiant au troisième rang derrière Prost et Senna. Les Ferrari de Gerhard Berger et Nigel Mansell suivaient, tandis que Boutsen était sixième avec l’autre Williams.
Les qualifications s’étaient déroulées sur le sec, mais le dimanche matin a présenté une configuration habituelle à Montréal avec des nuages gris et une pluie battante. Boutsen a donné quelques signes d’encouragements à son équipe en signant le deuxième temps lors du warm-up matinal, juste derrière Mansell, et largement devant la plupart des autres concurrents.
La pluie avait cessé pour le départ, et Mansell et Alessandro Nannini, pilote Benetton, ont parié sur des slicks à la fin du tour de chauffe - ils ont été autorisés à tort à retourner sur la piste avant le départ effectif de la course, et les deux ont ensuite été disqualifiés.
L’absence de Mansell signifiait que Patrese avait une voiture de moins devant lui au départ, et il gagna bientôt une nouvelle place lorsque Prost a ravitaillé. Le Français pensait qu’il avait crevé, mais en fait une barre de suspension était cassée, et il dut abandonner. Berger a également connu un retrait anticipé, et avec le leader Senna s’arrêtant précocement pour monter des slicks, Patrese et Boutsen se sont vite retrouvés premier et deuxième.
Au tour 10 Boutsen a également passé des slicks, ce qui eut pour effet d’inverser l’ordre, mais Patrese a choisi de rester en piste avec ses pneus pluie. Cette décision s’est avérée sage lorsque la pluie est revenue, et Boutsen et Senna ont dû effectuer un deuxième arrêt pour repasser leurs pneus pluie. Pendant ce temps, sur le circuit, les autres pilotes glissaient hors-piste, et les abandons s’accumulaient.
La stratégie de Patrese s’était avérée parfaite, mais dans le 35ème tour ses pneus pluie étaient totalement dégradés, et il a dû s’arrêter. Cela a brièvement permis à l’Arrows de l’ancien pilote d’usine Renault, Derek Warwick, également resté en pneus pluie depuis le départ, de mener. Cependant, auteur d’une remontée fulgurante, Senna a rattrapé l’Anglais, qui a ensuite du abandonner sur panne moteur.
Senna allait mener devant Patrese et Boutsen, le trio ayant fait respectivement deux, un et deux arrêts. Mais ce n’était pas encore fini. Après avoir « survécu » à une tête à queue, Boutsen est passé second lorsque le fond plat de Patrese a commencé à avoir du jeu et à compromettre ainsi le rythme de l’Italien.
Toutefois, il n’était pas menacé par ses poursuivants, et une arrivée en 2ème et 3ème positions semblait se profiler pour Williams. Puis, à seulement trois tours de l’arrivée, Senna a subi une panne de moteur spectaculaire, et la McLaren s’est garée dans un nuage de fumée.
Boutsen a donc accepté la tête de la course avec gratitude et a tranquillement bouclé les quelques derniers miles avant de remporter sa première victoire, tandis que Patrese a passé la ligne avec 30 secondes de retard.
C’était non seulement le premier succès du partenariat Williams-Renault, mais aussi celui du nouveau moteur V10. Ce ne serait pas le dernier...