Retour sur... le GP de Suzuka 1996
Le titre pour Damon Hill
De saison en saison, Renault a souvent joué le titre mondial lors de l’ultime course… Mais rarement, les ingénieurs de la marque ont été aussi confiants qu’en arrivant à Suzuka en 1996.
Cette année-là, les deux prétendants à la couronne étaient propulsés par le V10 Renault !
Au Japon, Damon Hill s’était offert cette précieuse victoire pour être sacré devant Jacques Villeneuve dans un duel entre équipiers de l’écurie Williams. Le Canadien n’a eu qu’une année supplémentaire à patienter avant d’être couronné à son tour.
Villeneuve avait débarqué en F1 au début de l’année 1996. Titré en ChampCar, il avait apporté un souffle nouveau dans la discipline reine du sport automobile. Après un programme hivernal très chargé, il justifiait le choix de Williams en décrochant la pole position dès sa première séance de qualification. Damon Hill, sorti d’une saison 1995 compliquée, découvrait un rival au cœur de son écurie. En l’absence d’adversité, le championnat s’est rapidement transformé en duel entre les deux pilotes de l’équipe de Grove.
Villeneuve s’adjugeait son premier succès dès la quatrième manche sur le Nürburgring. Il s’imposait ensuite à Silverstone, sur le Hungaroring et à Estoril. Dans le même temps, Hill gagnait les trois premières courses à Melbourne, Interlagos et Buenos Aires avant de monter – encore – sur la plus haute marche du podium à Imola, Montréal, Magny-Cours et Hockenheim.
Malgré ses nombreuses victoires, Hill ne parvenait pas à s’échapper. Au moment d’arriver à Suzuka, Villeneuve conservait une maigre chance de décrocher le titre. Mais avec neuf points de retard – et une victoire à dix points –, le Canadien devait s’imposer et espérer que le Britannique ne termine pas dans le top 6.
Au-delà d’une capacité mathématique, Jacques Villeneuve pouvait également compter sur le soutien de son équipe alors que Damon Hill avait déjà signé chez Arrows pour la saison suivante.
Villeneuve était le premier à se mettre en action en s’emparant de la pole ; une position idéale pour aborder une course à gagner. Mais avec Hill à ses côtés sur la première ligne, le Britannique était, lui aussi, en passe de remplir son objectif.
À l’extinction des feux, la situation devenait encore plus confortable pour Damon Hill. Alors que le Britannique prenait la tête de la course, Villeneuve ratait son départ et terminait le premier tour au sixième rang. Le Canadien commençait une longue bataille pour remonter en quatrième position au moment de ravitailler pour la seconde fois lors de la 33e boucle.
Quatre tours plus tard, il perdait sa roue arrière droite et sortait de la piste. Dès cet instant, Hill savait qu’il était Champion du Monde, deux ans après être passé si près lors de son duel avec Michael Schumacher à Adelaïde. Hill était déterminé à finir la saison en beauté. Après des arrêts aux 18e et 34e tours, il s’imposait devant Schumacher et Hakkinen pour gagner le championnat avec 19 points d’avance sur Villeneuve.
« Je n’ai jamais cru que ce championnat allait être facile », commentait alors Hill. « Dès le départ, j’ai su que ce serait serré et que je devais marquer autant de points que possible avant que Jacques ne dévoile tout son potentiel. »
« Ça aurait très bien pu se passer autrement », reconnait-il. « Jacques aurait pu être titré et j’aurais pu en être malade. Mais je sais qu’il aura très prochainement une autre chance. Il est toujours très jeune et très rapide. » Bien vu de la part de Damon Hill. L’heure de Villeneuve arrivera la saison suivante en prenant le dessus sur Michael Schumacher lors d’une finale qui marqua l’histoire de la F1 à Jerez.