Renault ne semble pas décidée à recruter un ténor

Une décision louable qui a déjà payé chez Red Bull

Par Emmanuel Touzot

1er juin 2016 - 17:46
Renault ne semble pas décidée à (...)

Renault a signé son grand retour en Formule 1 cette année et ne vit pas une saison simple avec une reprise de l’équipe Lotus en novembre pour des premiers essais en février. La mission a donc consisté grossièrement à réétudier la partie arrière de la voiture pour y glisser un moteur Renault en remplacement du Mercedes de 2015, et c’est dans ces conditions précaires qu’a été lancée la nouvelle épopée de Renault Sport.

Le choix de pilotes a été un sujet bouillant bien que le duo était déjà composé lors du rachat, Palmer ayant déjà signé pour piloter aux côtés de Maldonado. Le Vénézuélien a ensuite été limogé après l’abandon de ses soutiens et l’équipe s’est mise en chasse d’un remplaçant pour endosser le rôle de premier pilote. C’est finalement Kevin Magnussen qui a été choisi, un choix adoubé par beaucoup, contrairement à celui de conserver Jolyon Palmer, pilote à budget, qui peine à s’imposer comme futur grand pilote et semble en décalage avec le projet de conquête de titres mondiaux affiché par le constructeur français.

Cyril Abiteboul l’a dit, Renault n’a pas engagé Magnussen comme intérimaire mais bien comme fer de lance de la montée en puissance du projet, et bien que ces déclarations n’aient pas semblé fondées sur le moment, Fred Vasseur a lui aussi confirmé par la suite que la marque au losange ne chercherait pas à engager de ténor de la discipline. Une politique très éloignée de Mercedes ou Ferrari, les autres constructeurs, mais qui rappelle bien celle de Red Bull dont Abiteboul avait loué les choix en matière de pilotes.

La filière de jeunes pilotes de la marque autrichienne a prouvé son efficacité depuis qu’elle a été mise en place, avec le triomphe de Sebastian Vettel et la réussite de Daniel Ricciardo, et Renault assure qu’elle empruntera un chemin similaire pour faire progresser des pilotes sur la route du titre au même rythme qu’elle se rapprochera de la couronne.

Une politique claire et courageuse dont on peut toutefois douter, tant le choix de Jolyon Palmer n’en a pas été un. Le Britannique amène une poignée de millions qui aident Renault en cette période de reconstruction et le contrat étant bétonné de l’époque Lotus, l’opération financière aurait été très négative. Le discours était clair en début de saison, Palmer représentait l’avenir de Renault, mais les choses changent vite en F1 et la situation du pilote ne cesse de se dégrader.

Ses multiples sorties de piste à Monaco n’arrangeront rien à son affaire et le discours poli de soutien de la part de Renault commence à s’estomper et ne devrait pas tarder à se changer en véritables critiques tant Palmer n’y est plus, en performances comme en régularité.

Esteban Ocon pourrait bien sûr en profiter car même si le jeune Français a un contrat avec Mercedes, Renault semble décidée à s’attacher ses services, et c’est bien lui, pilote tricolore sous bannière tricolore, qui pourrait représenter l’avenir de la marque.

Reste que cette légère hypocrisie envers Palmer, dont on sait depuis Bahreïn qu’il va se faire atomiser par Magnussen, a de quoi inquiéter le Danois. Ce dernier n’a pas à rougir de ses performances et a même apporté les premiers points à Renault depuis son retour, mais si le constructeur estime qu’il ne fait plus l’affaire, il pourrait être écarté sans ménagement et très rapidement. Un sort qu’il ne mérite pas une deuxième fois, après l’avoir subi de la part de McLaren, car il prend à cœur son rôle et l’on peut difficilement lui faire le moindre reproche.

Si Renault tient bien ses engagements auprès de son pilote, mais aussi dans sa politique d’engagement des pilotes, Magnussen pourra avoir une deuxième chance et serait alors, pour sa troisième saison, un mentor parfait pour les débuts d’Esteban Ocon en Formule 1, et l’équipe pourra bien se passer d’une grande star pour continuer à remonter vers les sommets de la F1.

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