Rémi Taffin revient sur le retour en force de Renault
20 jetons en quelques mois ont fait la différence
Cet hiver, le V6 Renault a rattrapé une grande partie de son retard sur Mercedes et Ferrari. Son bloc propulseur, sans être encore le meilleur du plateau, permet à Red Bull de rivaliser avec les Flèches d’Argent comme avec les Rouges.
De manière étonnante, Renault n’avait pourtant utilisé que quelques jetons durant l’intersaison. Comment une telle progression a été donc possible ? Rémi Taffin, Directeur Technique Moteur du Renault Sport Formula One Team, est le mieux placé pour y répondre.
« D’abord, vous devez garder à l’esprit que c’est la troisième année d’affilée que nous développons ce bloc propulseur. Cela aurait été très bien d’avoir ce système de jetons durant la première année, parce qu’en 2014, nous ne pouvions rien faire. C’est aussi ce genre de choses qui nous a poussés à faire un développement massif durant l’hiver. En 2015, rappelez-vous, nous avions dépensé 11 jetons à la fin de la saison pour une course. Si vous ajoutez ces 11 jetons aux 10 ou 12 dépensés cette année, alors vous obtenez le nombre réel des jetons que nous avons changés par rapport à la dernière spécification, celle de Montréal. Donc nous avons plutôt utilisé en réalité 20 jetons pour faire de tels progrès. »
Sur quel point s’est en particulier concentré Renault ? Rémi Taffin évoque premièrement le problème du poids : « Vous avez 100 kilos d’essence dans la voiture, et si vous voulez construire une voiture rapide, vous devez brûler du carburant avec efficacité. Donc la réponse est le moteur à combustion thermique, la première partie qui utilise l’essence, et c’est le gros chantier sur lequel nous avons travaillé et nous avons toujours du travail pour les prochaines années. »
Au mois de juin 2016, Renault avait promis un gain d’une demi-seconde au tour grâce à une nouvelle évolution. La promesse est tenue selon Rémi Taffin : « Je pense que nous l’avons vu en piste. Bien sûr, vous devez faire une moyenne, parce que quand vous allez à Monaco ou à Monza, c’est un ratio différent, c’est une puissance différente sur un tour. Dans l’ensemble, c’est entre quatre ou cinq dixièmes ».
En 2017, grâce à la libération du développement des moteurs, Renault sera libre de progresser largement encore. Pour cette année, les développements suivants ne devraient donc pas être spectaculaires. "Nous sommes en réalité concentrés sur l’an prochain. Bien sûr, comme je l’ai dit, nous avons beaucoup travaillé sur le moteur thermique. Nous allons ajouter plusieurs composants pour l’an prochain, donc nous travaillons beaucoup sur une nouvelle spécification en ce moment, sur du hardware. A un moment donné, cela devient difficile de transférer ce travail sur le moteur de cette année. Nous pouvons apporter quelques évolutions, si nous le pouvons, au moteur de cette année, mais je ne pense pas qu’il y en aura beaucoup. Pour être honnête, nous avons toujours à faire progresser la spécification actuelle."
Rémi Taffin attend donc "bien plus de gains" pour le moteur de l’an prochain plutôt que de tout faire pour obtenir des résultats "à la 14e ou à la 15e course" de cette année en sacrifiant 2017.