Räikkönen chez Sauber : Quelles raisons derrière ce choix ?
Des raisons sportives mais aussi personnelles ?
Kimi Räikkönen et Charles Leclerc échangeront leurs baquets la saison prochaine : tandis que le jeune Monégasque fera le grand saut chez Ferrari, le Finlandais s’est engagé pour deux saisons chez Sauber.
Pour Kimi Räikkönen, cette annonce a de quoi surprendre : alors qu’il dispose aujourd’hui d’une monoplace capable de jouer la victoire à chaque course, en 2019, dans la Sauber, le champion du monde 2007 devra s’attendre à jouer les points, au mieux, à chaque Grand Prix.
Quels sont alors les motifs qui ont présidé au choix de Kimi Räikkönen ?
Avant toute chose, il convient de préciser que le désir de Kimi était sans aucun doute de rester chez Ferrari. En 2014, il confiait même son souhait de « finir sa carrière chez Ferrari » dans l’idéal. Sa signature chez Sauber jusqu’à la fin de la saison 2020 s’apparente à un pis-aller, à un compromis.
Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer, dans ces conditions, le choix du Finlandais. Les premières sont sportives et liées directement à la F1 ; les secondes concernent des motifs davantage personnels.
Sur un plan sportif, l’argument du plaisir de courir en F1 peut être tout d’abord avancé. Kimi Räikkönen n’a jamais caché que faire la course était ce qu’il aimait le plus. Le règlement 2017, avec des voitures plus agressives et plus rapides, qui conviennent davantage à son style de pilotage, lui donne de plus satisfaction. Aller chez Sauber lui permet donc surtout de continuer à prendre du plaisir en pilotant les monoplaces les plus rapides au monde.
On peut d’ailleurs imaginer que dans une écurie de milieu de grille, Kimi Räikkönen aura moins d’obligations médiatiques, un agenda extra-sportif moins chargé, et enfin moins de pression. Il pourra dès lors véritablement se concentrer sur son cœur de métier : la course.
Kimi Räikkönen a de plus été souvent plus performant dans des voitures n’ayant pas un potentiel incroyable, comme la Ferrari de 2016 ou la Lotus de 2012. Signer des coups avec Sauber, faire grandir l’écurie suisse, peut dès lors apparaître comme un défi moins frustrant que stimulant.
En rejoignant Sauber, Kimi Räikkönen débarque encore dans une écurie profitant d’une dynamique ambitieuse. Depuis la prise de fonctions de Fred Vasseur, l’abandon du partenariat avec Honda, et l’accord avec Alfa Romeo, Sauber a retrouvé une marge de manœuvre financière certaine, recrute de nombreux ingénieurs, et a déjà confirmé ces progrès sur la piste. La montée en puissance de l’écurie suisse devrait s’accélérer en 2019. Kimi Räikkönen aurait ainsi l’assurance de rejoindre une écurie sur une dynamique vertueuse et qui a fait la preuve de son sérieux et de son ambition. Il ne sera pas là pour survivre en Q1, mais pour viser la Q3 !
Selon certaines rumeurs, Sauber aurait également offert à Kimi Räikkönen une possibilité de reconversion dans le management de l’écurie après 2020. Le Finlandais a déjà dit qu’il n’était pas intéressé par un rôle de consultant TV, mais son amour de la course pourrait-il le conduire à endosser un nouveau rôle pour préparer sa reconversion, tout en restant proche des circuits ? Le pilote de 38 ans restera d’ailleurs dans le giron d’Alfa Romeo-Ferrari, ce qui pourrait faciliter une autre voie de reconversion (en GT chez Ferrari ?).
Enfin, sur un plan plus affectif, Sauber a une place particulière pour Kimi Räikkönen : c’est bien sûr dans cette écurie, en 2001, qu’il avait fait ses débuts. En retournant chez Sauber, à 38 ans, Kimi Räikkönen a ainsi le sentiment de boucler la boucle. Il conserve d’ailleurs de nombreux liens d’amitié au sein de l’écurie d’Hinwil. Cet argument affectif transparaît du reste dans le commentaire du principal intéressé sur Instagram : « Devinez qui est de retour ?! Les deux prochaines années se feront avec Sauber ! C’est bon de revenir là où tout a commencé !. »
Au-delà de ces raisons purement sportives, plusieurs raisons davantage personnelles ne doivent pas être négligées.
Sauber est tout d’abord une écurie basée en Suisse. Or, Kimi Räikkönen vit depuis plusieurs années au pays des Helvètes. Il se rapproche ainsi de sa famille – et sa vie familiale est devenue plus exigeante depuis la naissance de son deuxième enfant, Rianna, en mai 2017.
Kimi Räikkönen s’assure enfin une certaine sécurité financière, pour lui et pour l’avenir de sa famille justement. On peut imaginer qu’Alfa Romeo-Ferrari prendra en partie une partie (la totalité ?) du salaire du Finlandais. Rappelons d’ailleurs que des choix financiers avaient aussi conduit Kimi Räikkönen à quitter Lotus pour Ferrari en 2014. « Ils n’ont pas payé mon salaire donc c’est une chose dommage mais comme je l’ai dit, je veux aider l’équipe autant que possible » expliquait-il alors. « La raison pour laquelle je quitte l’équipe est vraiment une question d’argent. Au point où on en est, je ne reçois pas mon salaire. J’aime piloter et évidemment c’est la seule raison pour laquelle je suis en F1. »
La décision de Sauber est certes un optimum de second rang pour Kimi Räikkönen, qui avait affiché son désir de poursuivre à Maranello. Néanmoins, si l’on considère l’ensemble de ces raisons sportives et personnelles, le Finlandais, mis devant le fait accompli, a fait le choix qui lui semblait alors le plus logique, rassurant et affectif.