Quitter Red Bull : Ricciardo revient en détail sur le choix le plus important de sa vie
Une décision qui vient de loin
Daniel Ricciardo a pris la décision la plus osée de sa carrière, en acceptant l’offre formulée par Renault pour 2019. L’Australien quittera ainsi le giron Red Bull, en endossant un nouveau statut dans une écurie ambitieuse pour le futur.
Il revient en détail sur le choix le plus important de sa vie.
« Après le Grand Prix de Hongrie, à la fin du mois de juillet, je suis allé à Los Angeles. J’avais besoin de m’évader, j’avais besoin d’espace, d’un vol de neuf heures, sans Wifi, sans distraction. J’avais besoin de prendre une décision » raconte Daniel Ricciardo pour The Players Tribune.
« Après cette décision, je savais que ma vie en serait changée. Et à la moitié du vol, j’ai arrêté le film que je regardais, j’ai attrapé un verre de vin et j’ai eu une bonne réflexion sur mon futur. J’ai fermé mes yeux et juste écouté le bruit des moteurs. J’ai entendu des gens parler au sujet ‘d’un moment de clarté’. Très bien, de la clarté, mais où ? »
Pour prendre sa décision, Daniel Ricciardo a rembobiné dans son esprit le fil de sa carrière…
« J’ai toujours été Daniel, j’ai toujours eu la même attitude. J’aime être un peu blagueur, j’aime rire, j’aime prendre du plaisir dans tout ce que je fais. Et la course coule dans mes veines. »
« Puisque je vivais en Australie, je devais me lever tôt pour regarder la F1 et la NASCAR. J’avais cette horloge interne qui me réveillait pour chaque course de F1. Je mettais mon alarme à 3 heures du matin, et je me réveillais à 2h55. Je le savais. J’étais fatigué à l’école le lundi, mais ça en valait le coup ! »
Quand il regarde sa carrière avec le recul de 2018, Daniel Ricciardo ne peut s’empêcher de repenser à la première fois où il rencontra Helmut Marko, le directeur de la filière jeunes de Red Bull. C’était en 2007, à Estoril, pour un test pour Red Bull junior…
« C’était un gars intimidant… un mauvais regard de sa part et vous ressentiez des frissons dans tout votre corps. Mais plus que tout, ce gars adore la course, et il se soucie vraiment de son équipe. Je pouvais sentir cette passion. Oui, le programme Red Bull peut être brutal. Mais c’est pour une raison. Courir au plus haut niveau est brutal. Il faut être prêt à connaître des hauts et de bas. »
C’est aussi Helmut Marko qui annonça à Daniel Ricciardo, en juin 2011, qu’il finirait la saison chez la petite équipe HRT – la première écurie de Daniel Ricciardo en F1.
« Je n’étais pas prêt. J’étais dans ma cuisine à Milton Keynes, avec mes parents. Il pleuvait. C’était en juin 2011. ‘Daniel, tu conduis pour HRT la semaine prochaine pour le Grand Prix de Grande-Bretagne’. J’ai presque laissé tomber mon téléphone. Cette fois-ci, je n’aurai pas à mettre d’alarme. »
« Tout ce week-end fut très flou. J’étais à côté de Rubens Barrichello en conférence de presse, j’étais coiffé négligemment, j’avais l’air d’un idiot. Les médias demandaient à Rubens de me donner un conseil, et je me disais que ce gars, que j’avais regardé durant toute ma vie, n’avait probablement jamais entendu parler de moi. Lewis m’a pris à part ensuite et m’a dit ‘ça va bien se passer, regarde tout autour de toi et profite bien.’ »
« Je me suis fait prendre quatre tours, toute cette journée fut catastrophique, mais c’était incroyable ! J’ai appris que le rythme pur sur un tour est très loin de suffire pour devenir un bon pilote. »
Après avoir remporté ses premières courses en 2014 – seul pilote non-Mercedes à gagner un Grand Prix cette année-là - Daniel Ricciardo a dû composer avec une Red Bull beaucoup moins dominatrice que durant l’ère V8. Ses plus grandes chances de briller furent à Monaco : après avoir signé la pole en 2017, il obtint enfin un succès mérité en 2018 – sa plus belle victoire selon lui…
Or durant la moitié de la course, Daniel Ricciardo avait dû composer avec une perte de puissance moteur.
« Je savais que ce serait presqu’impossible de dépasser en virage, donc je devais avoir une avance suffisante pour garder Sebastian Vettel derrière en lignes droites. Ces 50 tours font partie de ceux qui m’ont mis le plus à l’épreuve dans ma vie. »
« Et à la fin, j’y suis arrivé. Je me rappelle à peine les heures qui ont suivi, c’était épuisant. Je suis rentré chez moi à 1h du matin, et je voulais continuer à faire la fête, mais je n’avais plus rien en moi. J’étais mort. J’ai attrapé une bière dans le frigo, je me suis couché… C’était la meilleure bière de ma vie. Une de ma brasserie, ça aide ! Daniel Ricciardo, vainqueur à Monaco… »
Après avoir remis en perspective toutes ces étapes importantes de sa carrière, Daniel Ricciardo était alors prêt à prendre sa décision dans son vol vers Los Angeles.
« J’avais eu tant de souvenir heureux… Je me rappellerai toujours de cette équipe, de ces gens formidables, pour toujours. Et c’est là que j’ai eu cette clarté. J’ai accompli tant de choses avec Red Bull, je suis devenu celui que j’ai toujours voulu être. Je peux les laisser après leur avoir tout donné, et avoir reçu la même chose en retour. Je devais écouter mon cœur, rentrer chez moi seul et prendre ma propre décision. Voilà tout. Ce serait la prochaine étape : un nouveau défi. »