Prost : Un meilleur spectacle passe aussi par le facteur humain

Les règlements sont à modifier en ce sens

Par Franck Drui

2 octobre 2018 - 18:36
Prost : Un meilleur spectacle passe

L’avenir de la Formule 1, pour 2021, reste une question ouverte et, si des pistes ont déjà été données par Liberty Media, les décisions n’ont pas encore été prises pour savoir ce qu’il faut faire pour relancer le spectacle dans le sport.

Alain Prost, quadruple champion du monde et consultant pour Renault F1, a livré sa vision au journal L’Equipe.

Il note que si "la question du spectacle est récurrente dans ce sport" et que "le spectacle n’est pas forcément fantastique" mais "je ne suis pas aussi négatif par rapport à ce que j’entends souvent."

Changer les règles pour 2019 ou même 2021 ne suffira pas selon le Français. Les équipes les plus fortunées sauront les maitriser, comme toujours.

"Il y a déjà peu de surprises. Eh bien, il va y en avoir de moins en moins, si on poursuit dans la tendance actuelle. Il faut redonner du poids à l’humain. Sinon, on va finir par aseptiser, plus encore, les courses," prédit-il.

"Je ne suis pas utopiste. Les grands constructeurs auront toujours un avantage. Je parle souvent de ces sujets avec Ross Brawn, le directeur technique et sportif de Liberty Media, et la FIA. Si on veut vraiment changer, ça passe par une profonde refonte des règlements. Or, si on parle beaucoup, tout le temps en F1, rien de fondamental ne se passe. Depuis vingt ans, à chaque fois qu’on a voulu faire évoluer la F1, on a modifié un paramètre. Un morceau de sparadrap sur une jambe de bois en fait. Soit on repense la philosophie, on libère les énergies créatrices, soit on n’y arrivera pas."

"Il faut revoir les règlements techniques, sportifs et la redistribution de l’argent. Les trois sont liés," avance Prost.

"Arrêtons par exemple avec l’aéro. Les F1 sont devenues d’une telle complexité. Et plus c’est compliqué, plus c’est sensible. Or l’aéro, c’est la seule chose en F1 qui n’est pas transposable sur une voiture de série. Bannissons les souffleries. Remettons des essais privés. Ça permet d’essayer des pilotes, de rencontrer le public, de se rapprocher des médias, de faire du bon buzz."

Le Français évoque aussi d’autres pistes, à commencer par une meilleure répartition des revenus, la base pour le reste.

"Il faut faire en sorte que les règlements techniques ne mettent pas tout sur un ou des éléments, comme l’aéro ou le moteur. Avoir des voitures beaucoup plus simples, plus belles, avec moins d’aéro et donc plus de places pour les sponsors. Autoriser la liberté de choix totale sur les pneumatiques. Permettre ainsi à une écurie de tenter un coup de poker en misant sur une monte de gomme décalée."

"Le soir, après une séance d’essais dans les briefings, vous savez à quelle position vous finirez la course le dimanche et à combien de secondes du premier. Ce n’est pas normal. Redonnons du pouvoir à l’ingéniosité. Aux pilotes face aux machines. Aujourd’hui tout est prévisible. Et comme les voitures sont fiables, les surprises sont inexistantes."

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