Prost : Un manque de reconnaissance qu’il juge drôle maintenant
"Les gens préféraient Keke Rosberg ou Ayrton Senna à cette époque"
Alain Prost a connu l’une des plus belles carrières de tous les pilotes de Formule 1. Avec quatre titres de champion du monde, qui auraient bien pu devenir huit s’il avait marqué 12 points et demi de plus en 1983, 1984, 1988 et 1990, le Français a marqué les esprits. Mais pas autant que certains pilotes de sa génération, souvent plus spectaculaires.
"Les gens préféraient Keke Rosberg ou Ayrton Senna à cette époque, des pilotes qui exprimaient davantage leur talent naturel dans leur pilotage plutôt que dans la pensée. Mais vous pouviez avoir les deux. Niki (Lauda) était surnommé l’ordinateur quand il courait. Les gens oublient que vous pouvez aussi être rapide," confie Alain Prost au magazine Auto de la FIA.
"Si vous regardez les statistiques, vous voyez qu’Ayrton était exceptionnel en qualifications (65 poles) mais il travaillait vraiment là-dessus. Moi je travaillais davantage mes réglages pour la course, cela faisait donc une grosse différence. Et en course avec Ayrton, je n’étais jamais bien plus lent que lui. C’était juste une approche différente."
Est-ce que cela ne dérange pas celui que l’on surnomme "Le Professeur" d’avoir eu moins de reconnaissance de la part du monde de la Formule 1 à l’époque ?
"Je pense que je m’en suis soucié un peu dans le passé mais maintenant cela me parait simplement drôle. Je suis heureux au moins que l’on me pose la question. Vous avez toujours ce genre de questions qui reviennent sur qui était le meilleur pilote de tous les temps ou ce genre de choses."
"Mais tout cela est ridicule parce que, honnêtement, vous ne pouvez pas comparer. Si vous avez piloté en Formule 1, avec différentes voitures, différentes équipes, dans une ambiance différente, vous ne pouvez pas comparer les pilotes et le nombre de titres. Alors d’une certaine façon je préfère les choses comme elles le sont maintenant, d’autant que je vieillis de plus en plus."
La rivalité de Prost avec Senna est certainement celle qui a été la plus documentée de l’histoire de la Formule 1. Mais Prost retient autre chose, la relation plus étroite qui s’est créée quand le Français a pris sa retraite...
"Notre relation a été vraiment exceptionnelle, surtout comparée à celle que nous avions lorsque je roulais ! Et je vous promets que nos relations avec Ayrton seraient très, très bonnes s’il était encore parmi nous. Il n’y a aucun doute là-dessus."
Autre équipier marquant de Prost, l’Autrichien Niki Lauda, qu’il a eu à affronter chez McLaren à partir de la saison 1984. Cette année, le Français a perdu le titre pour un demi-point face à Lauda.
"J’ai beaucoup appris de l’approche de la course de Niki, particulièrement sur sa condition mentale. En 1984, par exemple, je pensais que je me battais contre Nelson Piquet, parce que la plupart du temps il était en pole ou très rapide. Je faisais donc de Nelson ma cible. Mais j’avais tort et j’ai beaucoup appris de cela. J’ai appris qu’il était parfois plus sage de finir 4ème par exemple et ainsi devenir champion du monde."