Pour Gasly, Monza s’annonce aussi spécial que délicat
La puissance du V6 Honda interroge, l’ambiance réjouit déjà
En attendant de rejoindre Red Bull, Pierre Gasly a une mission pour Toro Rosso : faire en sorte que l’écurie italienne résiste au retour de Racing Point Force India au classement des constructeurs.
Pour ce faire, le Français doit se montrer aussi performant semaine après semaine. Monza arrive justement quelques jours après la Belgique : de quoi tout de même permettre à Pierre Gasly de souffler ? Qu’a-t-il fait entre ces deux rendez-vous ?
« C’est surtout de l’entraînement entre les courses » a-t-il précisé dans l’Energy Station à Monza, devant Nextgen-Auto. « Je n’avais pas de travail dans le simulateur prévu, donc j’avais récupération lundi. J’ai pu aller à Bologne. Et ensuite, j’ai fait du sport toute la journée mardi, puis je suis allé à Milan pour l’événement F1 Festival. »
Courir à Monza est toujours particulier pour un pilote Toro Rosso : l’équipe est basée à Faenza et de nombreux fans supporteront l’écurie-sœur de Red Bull cette semaine. Pierre Gasly a pu constater la ferveur lombarde dès hier, lors d’un show organisé dans les rues de Milan.
« Il y avait beaucoup de monde hier, et c’est toujours impressionnant de voir autant de gens se réunir pour voir des F1 et des pilotes de F1 » se réjouit Gasly.
« Le plus impressionnant, c’est quand Ferrari gagne une course ! La foule devient totalement folle et déchaînée près du podium. Mais il y a dix ans, quand Sebastian a gagné la course [pour Toro Rosso] c’était aussi un grand moment, il y a encore des photos partout de cet événement à l’usine. La seule victoire de Toro Rosso, c’était assez incroyable pour l’équipe. »
La passion est tout de même aussi au rendez-vous pour un pilote Toro Rosso, une écurie italienne…
« Bien sûr, les stars, ce sont les Ferrari. Mais c’est toujours sympathique de voir les fans italiens, qui sont tant passionnés, et le show en valait la peine. On reçoit beaucoup plus de soutien, de petits mots du genre ‘Forza Toro Rosso’. Le jeudi, c’est assez calme. Le week-end commence, mais toujours doucement, mais après, ça s’intensifie au fur et à mesure des jours. »
« Il n’y avait pas autant de monde [pour me voir] peut-être qu’en Belgique, car la Belgique, c’est plus proche de la France. Mais en Italie, ils me suivent énormément. Je ne sais pas si c’est lié au fait que j’ai une copine italienne (rires). Mais les gens sont passionnés, nous sommes beaucoup soutenus : forcément, en étant pilote Toro Rosso, avec Faenza qui est à trois heures d’ici, il y a beaucoup de soutien, oui. »
A Spa, Pierre Gasly a réussi à rentrer dans les points, alors que l’on s’attendait à ce que le moteur Honda souffre particulièrement en vitesse de pointe. Faut-il alors s’attendre à un nouveau top 10 de Pierre Gasly en Italie ?
« Ce sera une histoire différente je pense, malheureusement. Même si Spa est un circuit qui demande beaucoup de puissance moteur, Monza, c’est 80 % du temps passé à fond. Donc vous ne pouvez pas vraiment faire la différence ici. Nous sommes encore assez loin de Mercedes ou Ferrari en termes de vitesse de pointe en lignes droites. Mais nous n’avons pas à abandonner, il faut tout donner car nous savons que tout peut arriver. S’il y a une opportunité, nous ferons tout pour la saisir. »
A Spa, la Toro Rosso pouvait se reposer sur un deuxième secteur plus sinueux. Avec moins d’appui à Monza et moins de virages, ne sera-t-il pas plus complexe de compenser les faibles vitesses en lignes droites selon Pierre Gasly ?
« Clairement, les réglages pour Monza sont très particuliers. Nous utilisons un aileron arrière spécifiquement construit pour Monza. Il faut toujours espérer que vous allez faire un meilleur travail que les autres. Mais une fois encore, quand vous voyez combien de temps nous passons à fond sur un tour, objectivement, ce sera difficile. Je ne veux pas être trop pessimiste. A Spa, c’était une bonne surprise. Voyons ce qu’il en sera pour ce week-end. »
A Monza, Pierre Gasly peut au moins s’appuyer sur une expérience pleine de réussite dans les catégories inférieures…
« Ces deux dernières années, j’ai signé la pole à Monza en GP2, c’est vraiment une bonne piste pour moi, surtout dans cette catégorie. »
Le Normand doit gérer un problème supplémentaire ce week-end : les projecteurs sont braqués sur lui, depuis que l’on sait qu’il succédera à Daniel Ricciardo l’an prochain.
« Je ne prête pas vraiment trop d’attention à tout cela, mais oui, je peux voir qu’il y a plus de pression, les gens m’appellent ‘le prochain pilote Red Bull’. Donc oui, il y a plus d’intérêt autour de moi, mais c’est la F1. Je ne m’en plains pas, car plus vous êtes performant, plus vous attirez l’attention. Je ne vois pas beaucoup de changements massifs, mais un peu, oui. »
« Je suis quelqu’un de très concentré sur le présent, j’essaie de tirer le maximum des opportunités que je peux avoir. »
Pierre Gasly changera-t-il son approche d’ici la fin de la saison, en tant que « futur pilote Red Bull » ?
« Depuis le début de la saison, ça a bien marché pour moi, donc il n’y a pas de raison de changer quoi que ce soit. Je me sens bien, en confiance, performant, je me sens à mon meilleur niveau en ce moment. Donc il n’y a pas de raison de changer. Après, oui, cela fait vraiment plaisir quand une équipe aussi prestigieuse et importante que Red Bull te choisit. Cela montre que les choses se sont bien passées ces derniers mois et ces dernières années, donc ça veut dire que la confiance est encore meilleure. Justement, c’est dans ces moments-là qu’il ne faut pas commencer à vouloir tout changer : car si cette décision a été prise, c’est que les choses se passent bien, donc il n’y a pas de raison de vouloir tout changer. »