Pour Ecclestone, ‘les Noirs sont très fiers de Lewis Hamilton’

De Trump à son ex, Bernie balance

Par Alexandre C.

26 novembre 2017 - 11:55
Pour Ecclestone, ‘les Noirs sont (...)

Bernie Ecclestone, 87 ans, est désormais le « président d’honneur » du conseil d’administration de la FOM. On sait que Bernie est assez amer après son éviction par Liberty Media, et il ne manque pas de le faire savoir aussi souvent que possible, avec un humour tout British.

« Je suis le conseiller du conseil d’administration » détaille un peu plus l’ancien grand argentier, au cours d’une entrevue pour le Financial Times.

Et en quoi consistent ces conseils ?

« Je ne sais pas, ils n’ont jamais demandé. J’occupe une position si élevée que je ne peux rien voir » répond-t-il avec humour, répétant sa blague d’il y a quelques semaines.

Bernie ne prend pourtant pas tout avec le sourire ces derniers temps. Il a été critiqué vertement par Liberty Media pour sa gestion trop financière de la F1, au détriment de l’investissement de long terme. Ce à quoi il répond au tac au tac.

« Mon travail était de m’assurer de bien vendre le business, et c’est ce qui s’est passé entre CVC et Liberty Media. Parce que nous avons vendu la F1 à un très bon prix. Donc j’ai fait ce que j’étais censé faire. »

Pourtant, en privilégiant la rentabilité à court terme, notamment les chaînes de TV cryptées plutôt que celles diffusées en clair, Bernie a fait chuter l’audience du sport. Dans le même temps, il n’a pas remis en question le système de répartition des primes, accentuant les écarts entre les écuries. Le spectacle s’en ressent au point que la F1 ne ferait plus rêver personne selon certains. Là encore, Bernie réplique avec force et ironie.

« C’est exactement cela, je ne cesse dire que j’ai vendu un produit de merde, et cela m’a embarrassé, parce que tous les promoteurs sont mes amis, et je me sens désolé pour avoir tenté de vendre plus de tickets pour que les gens assistent à un tel spectacle de merde. C’est comme les Stones sans Mick Jagger » affirme Bernie, qui est du reste un ami du célèbre chanteur.

Si l’audience fuit la F1, c’est aussi parce que les pilotes ont moins de personnalité que par le passé…

« Quel pilote a vraiment une personnalité en F1 ? Juste Lewis Hamilton » répond Bernie. « Il attire beaucoup de monde. C’est très étrange. Il n’est pas totalement noir de peau, mais beaucoup de Noirs m’ont dit dans la rue – et quand je dis « Noir », c’est OK pour moi, je ne vais pas dire « coloré » - ‘Bien joué, Bernie’. Et ils sont heureux et fiers de Lewis » poursuit Bernie, toujours aussi peu politiquement correct.

Bernie a enfin été critiqué pour n’avoir pas fait prendre le virage du digital à la F1.

« Mais un enfant ne peut acheter une Rolex » répond-t-il encore (rappelons que Rolex est un sponsor important de la F1). Montrant l’écran de son iPhone, il poursuit : « Vous ne pouvez pas mettre beaucoup de sponsors sur ce truc. Vous ne pouvez pas voir le nom d’un sponsor. »

Au terme de son immense carrière en F1, Bernie a fait beaucoup pour la F1… mais a-t-il des regrets ? Là encore, Bernie se lâche !

« Mon regret le plus sérieux… le voici : j’ai donné mes actions à mon ex, et quand elle les a toutes placées pour elle et ses enfants dans un fonds, j’ai perdu le contrôle. »

En 1997, Ecclestone avait placé ses actions, se rapportant à la F1 et d’une valeur de 3 milliards de livres, dans un fonds off-shore, Bambino Holdings, et avait enregistré ce fonds au nom de Slavica Radić, cette fameuse ex. Au bout de 24 ans de mariage, Slavica Radić a demandé le divorce. Ce fut l’un des divorces les plus coûteux de l’histoire du Royaume. Slavica Radić trouva finalement un accord : elle devrait donner 100 millions de dollars par an à son ancien mari (l’argent provenant du rendement de ce fonds), mais Bernie perdit tout de même le contrôle sur ses actions.

Bernie n’est pas quelqu’un qui raisonne de manière instinctive. Pour preuve, en voici une autre anecdote… L’an dernier, la mère de sa femme avait été kidnappée au Brésil. Et qu’a fait Bernie ?

« Le gang exigeait 28 millions de livres pour qu’on la relâche. Ils ont appelé ma femme et dit que si on ne payait pas, la mère de Fabiana aurait la tête coupée et on livrerait sa tête à sa fille. Et j’ai voulu aller voir ces gens, les rencontrer… je pense que j’aurais pu conclure un deal avec eux. Non, je n’avais pas peur : pourquoi m’auraient-ils tué ? »

Finalement, une opération de police a libéré la belle-mère de Bernie le Justicier, et un procès est en cours.

Le franc-parler de Bernie, son caractère haut en couleur, en font une personne qui détonne dans le monde formaté de la F1. Ses opinions politiques le distinguent également : Ecclestone a voté pour le « Leave » en 2016 s’agissant du Brexit, et il est un fervent supporter de Donald Trump.

« Trump a fait beaucoup de bonnes choses pour le monde. Et le gars qui m’a le plus impressionné en Europe, celui qui devrait diriger le continent, c’est Poutine, parce qu’il fait ce qu’il dit… C’est une personne de grande classe. »

Poutine est un homme qui « fait ce qu’il dit », selon Bernie. Or, Ecclestone avait adressé un pareil compliment à Adolf Hitler, en 2009. Mais si l’on revient à Poutine, que dirait Ecclestone de ses tendances autoritaires, de ses opposants en Russie que l’on dit victimes d’une sévère répression ?

Poutine, contesté par certains ? Bernie n’y croit pas une seule seconde. « Quand j’étais avec lui à Sotchi, pour les Jeux d’hiver en 2014, nous sortions d’une réunion, nous étions juste tous les deux au sommet d’une montagne, et les gens venaient voir Poutine pour lui demander un autographe… c’est ce que les gens pensent de lui. »

Ecclestone pourrait quelque peu racheter sa réputation en bâtissant une fondation comme d’autres milliardaires avant lui.

« J’ai une femme, trois enfants, cinq petits-enfants et un arrière-petit-fils. Donc j’ai déjà ce qu’il faut pour dépenser mon argent. »

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