Pirelli plaide pour une moindre dégradation pneumatique à l’avenir
La F1 va-t-elle encore faire machine arrière ?
La FIA, pour cette année, a demandé à Pirelli de produire des pneus se dégradant plus vite en course. L’objectif initial était de favoriser le spectacle et l’incertitude le dimanche. Or, cette idée a eu des effets nettement contre-productifs : le dimanche, les voitures roulent plutôt plus lentement, ne prenant aucun risque, pour éviter de trop dégrader les pneus afin de rester sur une stratégie à un arrêt le plus souvent.
Le GPDA veut se saisir du dossier lors de sa réunion du jour, comme nous vous le rapportions ce matin.
Pirelli, par la voix de son directeur de la compétition, Mario Isola, a aussi averti la FIA : il est temps de tirer les leçons de cet échec et de faire machine arrière pour le futur.
Le Grand Prix du Mexique a agi comme détonateur : les pilotes avaient la sensation de conduire « comme sous la pluie » avec les hypertendres.
« Ces commentaires négatifs ne sont jamais sympathiques à entendre » admet le responsable de la firme lombarde. « Je les accepte, parce qu’ils sont formulés d’une manière utile, pour que nous progressions. »
« Nous avons passé un grand cap en 2015, quand nous avons reçu notre première lettre de mission. Un tel outil fut un succès, car il a été réemployé dans le prochain appel d’offres. Et cette dernière lettre de mission n’a pas seulement été agréée par la FIA ou la FOM, mais aussi par les équipes et les pilotes. Donc n’oubliez pas que les pilotes, aussi, ont été impliqués dans cette lettre de mission. »
« Idéalement, dans le futur, nous aimerions avoir une autre lettre de mission, avec de nouveaux indicateurs, de nouvelles conditions, de nouveaux objectifs fixés aussi en accord avec les pilotes. Parce qu’ils pilotent la voiture, ils doivent nous dire ce qu’ils veulent. Ensuite, c’est un compromis à trouver avec tout le monde. Mais il est important d’avoir les pilotes à bord. »
Au Mexique, des pilotes comme Nico Hulkenberg ou surtout Kevin Magnussen ont vilipendé les productions de Pirelli. Le pilote Haas, contraint de piloter comme une « grand-mère », a même parlé de « disgrâce » pour la F1.
Mario Isola défend sa paroisse et rappelle que Pirelli n’est qu’indirectement responsable.
« Nous avons fait ce que le sport nous avait demandé : aller un cran plus tendre, pour générer plus d’adhérence et augmenter les écarts en termes de performance entre les pneus, mais aussi, en termes de dégradation. Maintenant, les hypertendres se dégradent au Mexique et les pilotes ne sont pas contents. »
« Donc est-il vraiment utile d’avoir une dégradation élevée des pneus ou non ? Je pose la question. Nous devrions nous asseoir autour d’une table, et discuter pour comprendre quel est le meilleur chemin à prendre. Parce que ce que nous voyons aujourd’hui, c’est que si les pneus deviennent de plus en plus tendres, alors, les pilotes gèrent plus leur rythme. Donc ce n’est probablement pas la bonne direction à adopter. »
« Ce n’est pas un problème : il faut juste envisager un léger changement de direction pour trouver une manière différente de remplir les mêmes objectifs, c’est tout. Je suis heureux et il est absolument fondé d’impliquer les pilotes dans cette décision. »
La FIA a pourtant fixé un objectif toujours très élevé de dégradation pneumatique pour l’appel d’offres 2020-2023… Ce qui a, entre autres, poussé Michelin à renoncer : le manufacturier français, pour des raisons d’image, ne veut pas donner l’impression aux néophytes que ses pneus ne tiennent pas la distance.