Peter Sauber raconte les 40 ans de son équipe (1)

De sa cave (1970) à la signature avec Mercedes (1988)

Par D. Thys

18 juillet 2010 - 13:07
Peter Sauber raconte les 40 ans de (…)

L’équipe Sauber fêtera la semaine prochaine à Hockenheim le 40e anniversaire de sa création. Car avant d’aborder la F1 en 1993, l’équipe suisse s’était distinguée dans d’autres disciplines. Peter Sauber revient ici sur les grandes étapes franchies par son équipe depuis 1970...

Q : Pour quelle raison avez-vous décidé de créer cette équipe en Suisse alors que ce pays n’est pas l’endroit le plus populaire pour fonder ce genre de société ? (le sport automobile sur circuit fermé est interdit en Suisse, NDLR)

Peter Sauber : Les courses en amateur que j’ai disputées sur une VW Coccinelle et le travail que j’avais fait sur cette voiture m’ont mis en contact avec la communauté suisse du sport automobile. C’est dans ce milieu que j’ai rencontré quelqu’un d’aussi enthousiaste que moi et ensemble nous nous sommes lancés dans la construction d’un prototype à deux places. Si j’avais étudié la logique économique de ce projet, cela n’aurait eu aucun sens. Heureusement, la logique ne l’emporte pas toujours.

Q : Avez-vous réussi à gagner de l’argent dans ce milieu ?

PS : Non, nous n’avons rien gagné. Entre 1970 et 1978, nous avons construit un total de 13 voitures (de C1 à C5). Mais cela n’était pas viable sur le plan économique. Construire et vendre des voitures n’étaient pas des activités suffisantes pour gagner sa vie. Nous avons toutefois réussi à gagner notre vie en faisant rouler nos voitures pour quelques clients fortunés.

Q : Avez-vous été tenté parfois de jeter l’éponge ?

PS : Oh oui, très souvent ! Les dix premières années ont été très difficiles, car nous n’avions pas les ressources financières suffisantes et nous n’avions pas le personnel nécessaire. Nous étions à la limite sur le plan physique aussi, car nous devions souvent travailler la nuit. La préparation des 24 Heures du Mans était particulièrement pénible, car avec tout ce qu’il fallait faire pour préparer cette course, on ne dormait pratiquement pas la semaine d’avant. Et lorsque la voiture abandonnait à mi-parcours, vous étiez détruit aussi bien physiquement que mentalement. J’ai souvent appelé ma femme depuis Le Mans pour lui dire que cette fois c’était fini, j’en avais assez !

Q : Mais cette idée ne restait pas très longtemps dans votre tête...

PS : Non, nous avons toujours continué. Pour diverses raisons, je savais dès le départ que cela allait être très difficile de gagner sa vie avec une équipe de course en Suisse. Toutefois, ce qui m’a toujours fait continuer, c’était mon refus de reconnaître la défaite face à ce défi qui semblait insurmontable.

Q : Comment fonctionnait l’équipe à l’époque ? Qui concevait et construisait les voitures ?

PS : Nous avons commencé à deux. La C1, nous l’avons construite dans la cave de mes parents et nous avions eu une bonne idée pour cette voiture. La C1 était basée sur un châssis Brabham de F3 et cela incluait le moteur et la boîte de vitesses. A partir de cette base, nous avons construit une voiture de sport à deux places. La C1 était bien meilleure que ses concurrentes et c’est grâce à ça que j’ai remporté le championnat suisse des voitures de sport en 1970, car pour ma part, je n’étais pas un pilote très talentueux.

Q : Et à partir de là, comment les choses se sont-elles enchaînées ?

PS : La C2 a été créée selon le même principe, mais pour la C3 nous avons conçu toutes les pièces nous-mêmes. Comme pour nos deux voitures précédentes, le châssis était tubulaire. A cette époque, nous étions quatre à travailler sur ce projet. L’un d’eux était un ami d’école qui étudiait pour devenir ingénieur. Il est devenu le responsable du design et moi je soudais. Pour la C4 et la C5, nous avons utilisé une coque en aluminium que nous avions aussi fabriqué nous-mêmes. A partir de la C3, c’est à la société Paucoplast que nous avons confié la construction de la carrosserie et cette société travaille toujours pour nous aujourd’hui. Ce fut une époque très intense.

Q : Et ensuite, vous avez entamé une longue association avec Mercedes...

PS : Oui, cela a commencé en 1984 et cela a été très délicat, car le sport automobile était encore un sujet tabou chez Mercedes à cause du terrible accident aux 24 Heures du Mans en 1955 qui pesait encore très lourdement dans les esprits. Un groupe d’ingénieurs de Mercedes a toutefois commencé à nous aider en prenant sur leur temps libre avant que nous devenions l’équipe officielle de Mercedes en 1988.

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