Perspectives 2019 : Toro Rosso va-t-elle encore servir de laboratoire Honda ambulant ?
Ou bien tirer pleinement profit des synergies avec Red Bull ?
Toro Rosso sera-t-elle de nouveau sacrifiée pour Red Bull et Honda ?
Comme prévu, la première saison de Toro Rosso avec Honda a été une saison de transition. L’écurie italienne a été pleinement utilisée par Red Bull, l’équipe-mère, pour évaluer les progrès des Japonais et préparer la saison prochaine. De ce fait, Pierre Gasly comme Brendon Hartley ont écopé de nombreuses pénalités moteur au cours de la saison.
Malgré des performances en progrès avec la spécification C, la fiabilité douteuse du V6 japonais et le manque de développement du châssis ont condamné Toro Rosso à la 9e place du classement des constructeurs, en-dessous des standards des années précédentes (7e place en 2017).
Quels objectifs seront fixés à Toro Rosso en 2019 ? Cela dépend de la perspective. Du point de vue de Toro Rosso seule, progresser au classement des constructeurs jusqu’à la 8e ou 7e place serait l’objectif normal attendu. Le réalisme de ces ambitions dépendra, il est vrai, en grande partie des progrès de la nouvelle unité de puissance.
Mais du point de vue de Red Bull et Honda, les objectifs dépassent de loin les résultats purs. En effet, Red Bull et Honda pourraient être tentés, comme l’an dernier, de faire de Toro Rosso le laboratoire des Japonais. Tester de nouvelles pièces, évaluer la fiabilité des évolutions… Puisque Red Bull utilisera le même moteur, la tentation devrait être plus grande de « sacrifier » les week-ends de l’écurie B à plusieurs reprises. Surtout si le châssis Red Bull permet de jouer le titre… Franz Tost a assuré que de tels sacrifices ne lui déplairaient pas, si cela permettait de réaliser les progrès nécessaires. En privé, on se doute qu’il maugrée déjà.
Châssis 2019 : les synergies avec Red Bull, la vraie (et seule ?) bonne nouvelle
Sur le plan du châssis, le tableau est également mitigé. Le partage du même moteur avec Honda a ses avantages et ses inconvénients.
Du côté des avantages, Franz Tost a déjà annoncé que les synergies avec Red Bull Technology seront poussées au maximum, dans les limites du règlement. Toro Rosso va donc pouvoir réduire ses coûts tout en gagnant en performance : des gains « gratuits » qui seront ô combien utiles, quand l’on connaît le niveau de compétitivité du milieu de grille.
Du côté des inconvénients, Faenza ne va plus pouvoir tirer les bénéfices d’être la seule équipe motorisée par Honda. L’hiver dernier, les ingénieurs avaient pu adapter au mieux le châssis à l’unité de puissance Honda. Cette année, c’est évidemment Red Bull qui aura la priorité. Pour ne rien arranger, le directeur technique, James Key, au savoir-faire indiscutable, a quitté Faenza pour McLaren. James Key a tout de même pu travailler en cours de saison sur le changement réglementaire de 2019, ce qui constitue aussi une opportunité pour Toro Rosso.
Kvyat et Albon, le retour des damnés
La stabilité n’est pas non plus de mise sur le plan des pilotes. Une fois de plus, Toro Rosso va devoir composer avec un duo 100 % renouvelé. A ceci près que Daniil Kvyat est un revenant dans l’équipe. Après avoir été lâché par le Dr Marko, le voilà repêché pour remplacer Pierre Gasly. Ce jeu de chaises musicales apparaît déconcertant, mais offre tout de même une nouvelle occasion au Russe de se racheter.
Une grande partie de ses performances dépendra de son état psychologique. Va-t-il revenir, comme l’assure Red Bull, extrêmement motivé, psychologiquement plus préparé, affûté malgré son absence des paddocks ? Ou bien, au premier faux pas, retombera-t-il dans les travers qui lui avaient coûté son volant chez Red Bull puis chez Toro Rosso ? Les premiers courses seront aussi décisives.
Aux côtés de Daniil Kvyat, Toro Rosso alignera encore un pilote remercié puis repêché de la filière junior, Alexander Albon. Après des débuts laborieux en formules juniors, le Thaïlandais a haussé notablement sa vitesse de pointe en F2 l’an dernier, avec une troisième place finale au championnat, derrière George Russell et Lando Norris. Là encore, il s’agit peut-être davantage d’un choix par défaut pour Toro Rosso, alors que la filière junior se tarit et que Dan Ticktum n’a pu obtenir de superlicence.
Alexander Albon n’a jamais conduit de F1 Toro Rosso, contrairement à George Russell, Lando Norris ou bien sûr Daniil Kvyat. Il aura énormément à apprendre en peu de temps. Quand l’on sait, de plus, qu’il a très rarement brillé en découvrant une nouvelle catégorie (il était redoublant en F2), la marche apparaît encore plus haute. Mais qu’a-t-il à perdre ? Si Daniil Kvyat le domine, ce serait tout à fait compréhensible en raison du différentiel d’expérience. S’il bat Daniil Kvyat, sa cote deviendra très attractive.
Conclusion : Les synergies sauveront-elles la mise ?
On l’aura compris, à l’heure actuelle, il est difficile d’être extrêmement optimiste pour Toro Rosso. Risque de servir, de nouveau, de laboratoire pour Honda ; départ de James Key ; un line-up renouvelé qui doit faire ou refaire ses preuves… Seule la promesse de synergies pourrait permettre à Toro Rosso de faire le bond en avant espéré. Mais sera-ce suffisant ?
RB F1 Team - Visa Cash App
RB F1 va recevoir le train arrière de la Red Bull RB20
Lawson se souvient des intimidations de Tsunoda en 2019
Tsunoda : ’J’aurais pris la tête’ sans le drapeau rouge
Albon prévient Lawson quant à une titularisation trop rapide chez Red Bull
+ sur RB F1 Team - Visa Cash App