Perspectives 2019 : La saison de la maturité pour Haas ?

Confirmer est encore plus complexe que surprendre

Par Alexandre C.

6 janvier 2019 - 12:29
Perspectives 2019 : La saison de la (…)

Avec l’expérience et plus de budget, Haas peut-elle encore faire mieux qu’un top 5 ?

Aux essais hivernaux de Barcelone, en février 2018, Haas avait impressionné et s’était positionnée comme la quatrième force du plateau. En dépit d’une performance pure supérieure à Renault en début de saison, les monoplaces américaines ont gaspillé trop de points, sur des erreurs aux stands ou de pilotage. La 5e place finale demeure tout de même un excellent résultat pour une écurie encore jeune, au budget modeste par rapport à la concurrence.

Avec cette 5e place, Haas a-t-elle pourtant atteint son plafond de verre ? Viser la place de « meilleure des autres » cette année est un objectif ambitieux pour Haas, quand on connaît d’une part, son budget peu important (mais compensé par les synergies avec Ferrari) et d’autre part, les progrès à attendre de la concurrence (Renault poursuit sa montée en puissance, Racing Point Force India aura plus de moyens, Kimi Räikkönen a signé chez Sauber…). Du reste, en fin de saison 2018, l’avantage de Haas en milieu de grille s’était déjà grandement amenuisé.

Cependant Haas s’est gardée une bonne marge de progression et cela pour trois raisons. Tout d’abord, l’équipe, relativement inexpérimentée, ne cesse de progresser en apprenant de ses erreurs, nombreuses l’an dernier. L’expérience est, ainsi, ce qui a manqué le plus à Haas en 2018, de l’aveu de Günther Steiner. Ensuite, Romain Grosjean, qui a laissé passer nombre de points en première moitié de saison, a retrouvé sa pointe de vitesse habituelle. Enfin, après avoir signé de nouveaux sponsors l’an dernier, Haas aura davantage de ressources financières à consacrer à son développement.

Il n’est donc pas interdit de penser que Haas sera, une nouvelle fois, une bonne surprise en 2019. Tout dépendra des progrès des rivaux de l’équipe américaine, mais conserver la 5e place au classement des constructeurs serait déjà un accomplissement satisfaisant.

Dallara et Ferrari, acteurs décisifs

Comme les autres écuries, pour tenir ses objectifs, Haas devra négocier le tournant réglementaire sans commettre d’impair. Dans ce cadre, le partenariat technique poussé avec Dallara et Ferrari pourrait encore rapporter ses dividendes.

Dallara a prouvé être capable de construire un châssis extrêmement bien-né, immédiatement rapide et capable de tenir la dragée haute à des ingénieurs rompus, comme ceux d’Enstone ou de Force India. Le partage des pièces devrait être également confirmé avec Ferrari. Ce « modèle Haas », si particulier, donne à l’équipe la possibilité de s’adapter à moindres frais aux grandes évolutions réglementaires, ce qui constitue un avantage net sur certaines équipes (McLaren ou Williams) qui comptent avant tout sur leurs propres ressources.

Ce modèle Haas a, pour cette raison, attiré les critiques de plusieurs acteurs dans le paddock. PDG de McLaren, Zak Brown a par exemple récemment pointé du doigt le « danger critique » que posent à la F1 les « écuries B », dont la dépendance à une écurie-mère nuirait à l’équité du plateau. Le modèle Haas pourrait être ainsi remis en question par les prochains Accords Concorde ; en attendant, Haas n’a aucune raison de se priver de ces synergies avec Ferrari.

Romain Grosjean doit commencer 2019 comme il a fini 2018

La performance de Haas dépendra de Dallara, de Ferrari, mais aussi et bien sûr de ses deux pilotes. L’équipe américaine est une des rares, avec Mercedes, à garder son duo inchangé. Contrairement à d’autres écuries, Haas n’aura donc aucune période d’adaptation à offrir à ses pilotes, et la comparaison avec la monoplace de l’an dernier sera facilitée.

Le développement sera même accéléré par le recrutement, pour la première fois dans l’histoire de l’écurie, d’un pilote d’essais et de simulateur, Pietro Fittipaldi. De quoi enrichir encore les retours techniques, et permettre aux ingénieurs châssis d’explorer davantage de pistes de travail.

Les pilotes titulaires, Romain Grosjean et Kevin Magnussen, sont eux sur des dynamiques différentes. Le Français avait extrêmement mal commencé la saison 2018, en ne marquant aucun point jusqu’au Red Bull Ring et en commettant de nombreuses bourdes. Or, il a spectaculairement redressé ses performances après la trêve estivale. L’hiver tombe peut-être au mauvais moment pour Romain Grosjean, qui se doit de conserver cette forme réjouissante.

Kevin Magnussen avait lui bien commencé la saison, avant de baisser pavillon en fin d’année. Régulier sans être particulièrement rapide, le Danois devra surtout travailler sur sa maîtrise de soi. Des manœuvres dangereuses, une tendance à ne faire aucun compromis en piste, jusqu’à mettre en danger ses homologues (Pierre Gasly et Charles Leclerc s’en souviennent) lui ont coûté trop de points – sans parler de sa réputation exécrable dans le paddock…

Conclusion : Confirmer après avoir étonné, une tâche plus complexe encore

Haas a donc de belles marges de manœuvre à exploiter l’an prochain : arrêter de commettre des erreurs idiotes grâce à l’expérience accumulée, compter sur un Romain Grosjean efficace dès Melbourne, investir de nouvelles ressources financières… Dans ces conditions, le modèle Haas pourrait encore avoir l’un des meilleurs ratios points marqués / budget du plateau en 2019. Mais face à la progression des écuries rivales, Haas n’a-t-elle pas déjà laissé passer sa meilleure chance d’être la « meilleure des autres » ?

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