Permane compare les habitudes des pilotes avec les ingénieurs
Räikkönen est un cas à part
Alan Permane a travaillé avec beaucoup de pilotes tout au long de sa carrière, chez Benetton, Renault et Lotus, et il peut donc comparer les habitudes de chacun concernant leur relation avec les ingénieurs présents sur le muret des stands et les communications à la radio entre eux. "La plupart des pilotes veulent qu’on les informe mais ils ne veulent pas être dérangés. Ils veulent savoir ce qui se passe mais que ce soit dit d’une manière concise. Kimi est l’exception."
En effet, Kimi Räikkönen n’aime pas qu’on le dérange quand il pilote, et il l’a déjà fait savoir à de nombreuses reprises à son ingénieur, ce que confirme Permane. "Kimi n’aime pas recevoir beaucoup d’informations. Il y a certaines informations dont il a besoin."
Pourtant, les informations que lui donne son ingénieur peuvent s’avérer précieuses et très utiles, et Permane regrette que Räikkönen réagisse parfois aussi vivement. "On a beaucoup parlé de ses commentaires à Adu Dhabi, ’laissez moi tranquille’, et toutes ces choses. D’accord, mais la température de ses pneus était trop basse. Il ne peut pas voir ça et ne peut pas juger derrière la voiture de sécurité, donc c’était un message utile que son ingénieur lui donnait. L’autre point était quand on lui donnait des informations sur son écart avec Alonso, mais il ne voulait pas savoir ça. Soit."
A l’inverse total du Finlandais, Jacques Villeneuve était un grand bavard à la radio, et aussi quelqu’un qui aimait recevoir le plus d’informations possible. "Villeneuve voulait parler à chaque tour. Il voulait savoir les positions des autres, ce qu’il se passait avec la voiture, tout. Ils sont vraiment à l’opposé."
Le directeur des opérations en piste chez Lotus explique également que rares sont les pilotes qui ne perdent pas de temps lorsqu’on leur parle à la radio."Les bons gars, ceux qui sont vraiment rapides, ne perdent pas de temps lorsqu’on leur parle à la radio, ou quand ils parlent. Mais il n’y a pas beaucoup de pilotes comme ça. Fernando Alonso, Michael Schumacher, Raikkonen, le top cinq, donc j’imagine aussi Lewis Hamilton et Sebastian Vettel, ne perdent absolument pas de temps."
"Il y a certains pilotes qui peuvent faire un très bon tour mais ça prend 100 % de leurs capacités. Des gens comme Alonso peuvent faire le tour tout en ayant encore la capacité de faire autre chose", continue le Britannique.
Du coup, Permane pense qu’il faut intervenir le moins possible à la radio. "Il faut partir du principe que chaque fois que vous leur parlez, c’est mauvais. C’est comme ça que je fais. Bien sûr Kimi n’aime pas et la plupart des pilotes perdent du temps, donc on leur donne juste les infos essentielles et rien de plus."
"Quand vous les voyez dans un bon rythme et que vous avez besoin de leur dire quelque chose, laissez tomber, laissez-les et ne les dérangez pas si ce n’est pas important et si ça peut être remis à plus tard", conseille-t-il.
Et quels sont les endroits les plus propices pour faire passer un message à un pilote ? Définitivement pas dans un virage, qu’il soit lent ou rapide. Du coup ne restent que les longues lignes droites. "C’est bien plus facile pour eux d’écouter dans les virages lents mais vous ne voulez pas les interrompre et vous ne voulez certainement pas leur parler dans les virages rapides. Donc j’ai tendance à le faire dans les lignes droites."
Y a-t-il des moments où l’ingénieur doit calmer son pilote ? Permane affirme que c’est le cas et donne un exemple. "C’est arrivé avec Romain : il a fait un tour avec deux ou trois erreurs, et j’ai dit à son ingénieur de lui dire de se calmer."
En tout cas, il ne faut évidemment pas rabaisser un pilote mais au contraire trouver les mots pour le motiver et l’encourager. "Ca n’apporte rien de bon de dire à la radio qu’ils font un travail affreux et d’arrêter de faire des erreurs. Ca n’aide en rien ! Vous devez leur donner de la confiance s’ils ont du mal."