Pat Fry ne va pas révolutionner la Scuderia

La mécanique de la Scuderia Ferrari n’avait aucun accroc lorsqu’elle était dirigée par Jean Todt et que la technique était confiée à Ross Brawn et Rory Byrne. D’autant plus que Michael Schumacher transformait ce travail d’équipe en victoires et en titres.

Mais les membres de cette "Dream Team" ne travaillent plus chez Ferrari désormais, à l’exception de Rory Byrne qui fait encore des "piges" lorsque ses conseils semblent nécessaires à la bonne marche de l’équipe.

"Je continue à me réveiller en sursaut la nuit en rêvant à la course de l’année dernière à Abu Dhabi," affirme Luca di Montezemolo, président de Ferrari, en évoquant l’erreur stratégique commise par ses hommes lors de la finale de l’année dernière et qui coûta le titre à Fernando Alonso.

Montezemolo avait exigé de ses troupes de mieux commencer la saison 2011 qu’ils ne l’avaient fait l’année précédente, mais on le sait, ce ne fut pas le cas. Le directeur technique Aldo Costa en paya le prix cet été en se voyant reconduire vers la porte de sortie. C’est aujourd’hui le Britannique Pat Fry qui est à la tête du département technique de la Scuderia.

Pat Fry avait rejoint la Scuderia à la fin de l’année passée, après avoir passé dix-huit ans chez McLaren. "C’est toujours une bonne chose de faire quelque chose de différent. J’étais chez McLaren depuis dix-huit ans. C’est différent chez Ferrari, mais c’est bien d’expérimenter le changement. C’est une très belle expérience pour moi," déclare Pat Fry.

L’ingénieur britannique a pour mission de réorganiser le département technique. "Je crois que tout se met doucement en place. Ma mission est de voir dans quels secteurs nous pouvons progresser. Ferrari voulait quelqu’un qui observe les différents départements de notre organisation sans que cela soit un travail à temps plein. Ensuite je me suis occupé de l’équipe de course et là je suis maintenant dans le rôle de directeur technique."

"Nous avons commencé à changer certaines choses en mai dernier et ça commence à porter ses fruits. Il faut encore que nous modifiions certaines petites choses afin que cela fonctionne exactement comme je le souhaite, mais je ne crois pas qu’il nous faudra bouleverser encore les choses en profondeur. La voiture de l’année prochaine sera assez différente de celle de cette année. La question reste : en faisons-nous suffisamment ? Mais en cette période de l’année, comment le savoir ? Nous faisons de notre mieux. Les hommes et les femmes de l’équipe font du très bon boulot, mais ce n’est qu’à Melbourne l’année prochaine que nous pourrons juger de ce qui est fait aujourd’hui," poursuit Pat Fry.

On dit que la Ferrari de l’année prochaine sera plus "agressive" dans son approche, mais Pat Fry ne pense pas que ce terme soit approprié.

"Il est vrai que nous avons pris un peu plus de risques et qu’il y a quelques grands changements par rapport à ce que nous avons vu jusqu’à présent chez Ferrari, mais je ne sais pas si nous pouvons dire qu’il s’agit là d’un développement agressif. Les règles nous permettent de faire des choses différentes, mais il y a 12 équipes qui travaillent sur les mêmes règles que nous et vous ne devrez donc pas être surpris si notre voiture ressemble finalement aux autres," ajoute-t-il.

Après les départs de Ross Brawn et de Jean Todt, Ferrari a promu des remplaçants italiens pour diriger la Scuderia. Ross Brawn a en effet été remplacé par Aldo Costa et Jean Todt par Stefano Domenicali. Mais ce recentrage sur du personnel italien n’a pas porté ses fruits jusqu’à présent. L’arrivée du Britannique Pat Fry à la place de l’Italien Aldo Costa représente-t-elle un pas en arrière afin de revivre les succès du passé ?

"Je ne sais pas. Je n’ai jamais vraiment pensé à ça. Ross était quelqu’un de très méthodique. Dans les années 1990, le niveau de fiabilité de Ferrari était de 25% environ et lorsque Ross est arrivé, il a amélioré cela jusqu’à 90% en six mois seulement. Il faut avoir une approche logique, se concentrer sur les choses importantes et faire en sorte que tout le monde comprenne cela. Mais je ne crois pas avoir changé fondamentalement la manière de travailler de l’équipe," conclut-il.