Monza, côté pneumatiques
Les défis posés par le circuit
Avec plus de 80% du tour passé en pleine charge d’accélération, le tracé de Monza est connu pour être le temple de la vitesse. Quel meilleur endroit que celui-ci pour procéder à l’annonce du lancement du tout premier pneu Pirelli directement dérivé de la Formule 1 ? Parmi les invités de la présentation du P Zero Argent dans le spectaculaire hangar des quartiers généraux de Pirelli à Milan, le pilote McLaren Mercedes Jenson Button et le Team Principal Ferrari Stefano Domenicali sont venus donner leurs impressions.
« Je pense que le pneu est crucial pour la performance d’une voiture », a expliqué Button. « Je crois personnellement que Pirelli a fait un superbe travail pour amener autant de types de pneus distincts, fonctionnant dans des scénarios différents. Cela a été fantastique de travailler avec Pirelli et j’apprécie vraiment notre relation. C’est clairement plus sympa cette année. Si vous regardez le nombre de dépassements que nous avons désormais, ce n’est pas juste en raison du DRS (Système de Réduction de la Traînée) et du KERS. Beaucoup provient des pneus. La F1 est là où il faut concourir en ce moment, elle n’a jamais été aussi compétitive depuis que je suis impliqué dans le sport ».
Le tracé de 5.793 km sera le plus rapide de la saison en raison d’une zone d’utilisation du DRS en qualifications qui atteindra 74% de la distance du tour. Plus la vitesse est élevée, plus il y a d’énergie transmise dans les pneus. Jetons un œil de plus près sur ce qu’il se passe exactement du côté des gommes sur un tour typique de Monza…
LA PISTE
Arrivant à pleine vitesse, les pilotes montent fortement sur les freins pour le premier virage, baptisé Variante del Rettifilio. Ce sont 250 km/h qui sont perdus en environ trois secondes ! Les pilotes évoluent à plus de 300 km/h sur l’asphalte bosselée, rendant la ligne de freinage difficile à maintenir. L’énergie évacuée permet de maximiser l’adhérence disponible mais génère des températures culminant à 150°C sur la bande de roulement.
L’un des virages-clés, qui se trouve également être un bon endroit pour dépasser, est Roggia. Dans sa trajectoire parfaite, la monoplace utilise énormément les vibreurs et génère une quantité énorme de pression sur la carcasse des pneus. Même si cela n’est pas spectaculaire de l’extérieur, les pilotes et la machine en ressentent en réalité réellement l’impact. La structure interne du pneu est particulièrement rigide, et réduit les risques de glissades pour assurer au pilote une précision de pilotage maximale.
L’un des autres endroits les plus fameux du circuit est la Variante Ascari, passage d’une série de virages pris à haute vitesse. En entrée de virage, le pneu détermine comment la monoplace tourne et la quantité d’adhérence générée dans la courbe. A la sortie, l’adhérence du pneu tendre en particulier offre la meilleure traction possible pour l’utilisation de la puissance du KERS et de la puissance moteur.
En arrivant dans la Parabolica, les pilotes rétrogradent en troisième vitesse pour ce long droit marquant la fin du tour. L’auto a tendance à glisser vers l’extérieur de la course. Il y a peu d’adhérence aérodynamique, et le pilote doit agir sur l’accélération et la direction pour tenir la trajectoire idéale. Il remet ensuite la pleine puissance pour passer la ligne de départ/arrivée, et atteindre une vitesse supérieure à 330 km/h en septième rapport…
LE PNEU PIRELLI P ZERO ARGENT
Le pneu Pirelli P Zero Argent, qui sera disponible en édition limitée à partir du printemps 2012, se trouve dans la lignée traditionnelle de la firme italienne, utilisant les leçons apprises en sport automobile pour les véhicules de tous les jours.
Le pneu P Zero Argent est le composant dur de la gamme Formule 1, combinant performance et durabilité. Ce sont ces caractéristiques que l’on retrouve dans le produit haute performance destiné aux voitures sportives. Le P Zero Argent viendra se joindre à la gamme actuelle P Zero et consolider la position de leader de Pirelli en tant que fournisseur de performances ultra élevées.
Le P Zero Argent partage le même procédé de réalisation que les pneus de Grand Prix, utilisant des simulations mathématiques de haute volée pour finaliser le design du pneu dans une grande variété de conditions de route.
Le nouveau pneu partage également la même technologie de recherche et développement pour sa composition et sa construction que les pneumatiques de Formule 1. Le P Zero Argent sera en particulier produit à l’aide de la technologie MIRS (Système à Robotisation Modulaire Intégrée) de l’usine Pirelli de Settimo Torinese. Il s’agit du centre de recherche dans lequel sont actuellement développés les composants F1 avant d’être lancés en production dans les infrastructures turques d’Izmit.
PIRELLI A MILAN
Pirelli est basé à environ une demi-heure de Monza, en périphérie de la ville de Milan, depuis la création de la compagnie en 1872 par Giovanni Battista Pirelli. Le manufacturier italien n’a cependant trouvé ses quartiers sur le site actuel de Bicocca qu’en 1907.
Les locaux de la compagnie sont situent au sein de la « Citadelle Pirelli » de Viale Sacra, dessinés comme une ancienne forteresse, que l’on peut encore admirer aujourd’hui. A la fin des années 1930, l’usine atteignait sa plus grande taille et l’on comptait 12’000 employés en 1950. Il s’agissait d’un véritable village, qui bénéficiait même de son propre chemin de fer pour transporter les produits entre les entrepôts.
Des nouvelles méthodes de fabrication des pneus eurent pour contrainte l’élaboration d’une tour de refroidissement, que Pirelli bâtit en 1957 avec sa centrale électrique. Une énorme tour fit donc son apparition, et devint le symbole de la présence industrielle à Milan de Pirelli, fournisseur pneumatique dans toute l’Italie et au-delà.
Un incendie détruisit en 1962 une importante proportion de l’usine, et de nouvelles fabriques apparurent par la suite pour s’adapter aux procédés technologiques modernes en termes de production. Pendant les années 1970 et 1980, le site perdit de son ampleur, et il devint clair que des mesures s’avéraient nécessaires.
Le 26 avril 1985, les travaux débutèrent sur le Projet Bicocca. Les bâtiments de l’ancienne usine furent abattus, et un nouveau centre de recherche et développement hi-tech fut créé. Au total, ce sont 20 architectes de pays aussi distants que le Japon ou les Etats-Unis qui vinrent prêter main forte au projet, proposant une nouvelle fois des locaux éblouissants à Pirelli. C’est dans cet environnement hi-tech, que le projet Pirelli Formule 1 est né en fin d’ d’année dernière.
Tous les anciens bâtiments ne furent cependant pas détruits : l’iconique tour de refroidissement de 46 mètres fut incorporée aux quartiers généraux et accueille désormais les salles de meeting et les bureaux. Une position centrale spectaculaire symbolisant la rencontre du passé et du présent de Pirelli.