McNish : Rosberg aurait fait la même chose que Hamilton à Abu Dhabi

Rien de mal n’a été commis

Par Alexandre C.

2 décembre 2016 - 16:25
McNish : Rosberg aurait fait la même (…)

Ancien pilote Toyota et vainqueur des 24 Heures du Mans, Allan McNish suit aujourd’hui de près l’actualité de la F1. Le pilote écossais, avec le recul de quelques jours, peut maintenant analyser plus en profondeur l’attitude de Lewis Hamilton à Abu Dhabi, qui a désobéi à Mercedes en ralentissant volontairement Nico Rosberg.

« Les actions de Hamilton sont l’aboutissement de deux choses. La première, c’est le fait que le championnat du monde s’est joué jusqu’à la dernière course. Cela aurait pu ne pas se produire, après le problème moteur que Hamilton a connu en Malaisie, alors qu’il menait la course – c’était un grand retournement de situation pour le classement » analyse McNish, avant de savoir que Rosberg prenait sa retraite.

Mais Lewis Hamilton a finalement su gagner le droit de disputer une finale, « puisqu’il s’est clairement concentré sur la pole et sur la victoire durant les quatre dernières courses de la saison. Dans le même temps, Rosberg se concentrait sur le championnat et il semblait être allergique au risque. Il savait qu’il avait simplement besoin de ramener des points pour gagner le titre, donc sa mentalité, sa tactique, ont changé. »

La seconde explication pour McNish est le fait que Rosberg était face à sa « meilleure chance de gagner un titre mondial. » L’Allemand ne savait ainsi jamais « ce qui l’attendrait au prochain virage, et c’était la première fois qu’il démarrait une course avec un titre en perspective. Et étant donné ses performances et celles de Hamilton durant leurs carrières, il faut se dire que cette situation ne devrait probablement pas se répéter une deuxième fois. »

« La course risquée de Rosberg était celle qui s’est disputée au Brésil, avec la pluie et la performance montrée par les Red Bull. Et il a surmonté ce risque. Mais il avait été en pole à Abu Dhabi ces deux dernières années. Il avait gagné ici en 2015, la météo est prévisible, et les Mercedes étaient parties pour toujours dominer. »

Après la course, Toto Wolff, Paddy Lowe et Niki Lauda ont chacun eu des réactions dissemblables. Niki Lauda (même s’il a changé d’avis aujourd’hui) avait assuré qu’il n’y avait aucun problème. « Et la personne chargée de l’aspect commercial, Wolff, et l’ingénieur, Lowe – les deux personnes qui pensent stratégiquement – n’étaient pas contentes, parce que la course ne s’est pas passée dans le cadre prévu. Mais Hamilton et Rosberg ont été engagés pour être impitoyables, pour gagner des courses et des titres. Pas parce qu’ils sont des gars sympathiques. Ils ont été engagés pour faire ce qu’ils doivent faire pour gagner. Si vous mettez un tigre dans une cage et que le gardien y entre, vous ne pouvez pas attendre du tigre qu’il ne morde pas le gardien à un moment donné. »

« Les pilotes de courses sont guidés par leurs émotions. Ils sont agressifs, déterminés, concentrés, et dans des situations comme celles-ci, ils ont deux heures pour déterminer s’ils seront champion… ou non. Si la situation avait été inversée, je suis sûr que Rosberg aurait fait la même chose que Hamilton. »

Allan McNish prend donc clairement la défense du triple champion du monde anglais. Mais ce n’est pas la première fois qu’une polémique éclate entre les deux pilotes Mercedes. En Espagne, les deux coéquipiers s’étaient mutuellement éliminés au premier tour, même si McNish pense qu’il n’y avait personne en particulier à blâmer, ou bien que «  cela dépend de votre point de vue ». Quant à la course au Red Bull Ring, « vous pourriez dire la même chose », même si « Rosberg fut un peu maladroit dans sa défense durant le dernier tour, et qu’il a été pénalisé pour cela par les commissaires. »

« Après ces deux incidents, aucun pilote ne fut suspendu, donc il est difficile de voir ce qui pourrait arriver maintenant. La situation est tendue… Oui, après l’Autriche, Mercedes a averti ses deux pilotes qu’ils risquaient une suspension en cas de nouvelle collision. Mais ce n’est pas arrivé à Abu Dhabi » rappelle McNish.

« Hamilton n’a rien fait de mal selon le règlement de la F1. Il aurait pu tout aussi bien être bien plus rude envers Rosberg. Il a conduit lentement toute la course, mais il aurait pu le bloquer de manière bien plus agressive, plutôt que de serrer peu à peu la vis. La seule chose qu’il ait mal faite, c’était d’enfreindre les règles de Mercedes. Mais vous devez vous demander si ces règles auraient dû être maintenues dans cette situation. Ce sont des règles internes pour s’assurer que les pilotes ne compromettent pas les intérêts de l’équipe. Mais dans cette situation, les intérêts de l’équipe étaient largement hors-sujet. Mercedes avait déjà gagné les deux titres. »

McNish y voit une contradiction avec la philosophie dont s’est vantée Mercedes tout au long de la saison : « les pilotes sont libres de courir. Ce qui a été très positif ces trois dernières années. Et pour cela, j’applaudis Wolff, Lowe et Lauda. »

Le pilote écossais appelle donc Mercedes à la clémence envers Lewis Hamilton. « Rien ne s’est mal passé à Abu Dhabi. Rosberg a gagné le championnat, Hamilton la course. Mercedes a obtenu ce qu’ils voulaient cette année – et je ne veux pas dire qu’ils voulaient que Rosberg gagne le titre au détriment d’Hamilton, parce que je ne le crois pas. Dans cette situation, une équipe doit être très précautionneuse, parce qu’il est facile de s’aliéner un pilote en le pénalisant alors qu’il fait effectivement ce pour quoi il est payé. »

« De la même manière, Hamilton est effectivement leur atout numéro un et ils pourraient bien avoir besoin de lui si la concurrence est plus proche l’an prochain. C’est un pilote guidé par ses émotions, et s’il n’a pas l’impression qu’il reçoit le soutien dont il a besoin, il recherchera d’autres options. Mon avis, c’est que cela appartient à l’histoire. Mercedes devrait profiter du champagne et passer l’éponge. »

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