McLaren a fait fausse route dans son management selon Barnard
Williams serait dans une situation pire encore
Ancien ingénieur vedette de McLaren, Ferrari et Arrowc demeure une voix écoutée du paddock. Désormais à la retraite, John Barnard a bien sûr une liberté d’expression plus entière… ce qui lui permet de tacler la gestion de son ancienne écurie McLaren, qui connaît actuellement une grave crise interne.
« J’ai toujours redouté qu’une écurie de F1 ait en fait besoin d’une structure davantage pyramidale dans sa gestion. Et pas de ces systèmes de management utilisés dans les grandes organisations. Je ne pense pas que cela marche pour la F1. »
« J’ai commencé à le penser il y a des années, bien avant qu’Eric Boullier arrive chez McLaren. McLaren manque de leadership technique depuis un moment. Eric Boullier est arrivé de Renault en tant que directeur sportif. Il n’est pas, selon moi, le type de personne pouvant diriger un groupe technique. Donc oui je pense qu’ils ont probablement réalisé qu’un changement de cette structure interne était nécessaire. Et ils ont commencé à mettre en œuvre ces changements. »
La complexité des F1 est telle aujourd’hui, que John Barnard n’imagine pas qu’un simple changement de personne ait des conséquences palpables.
« Il faut avoir quelqu’un qui rassemble tous les groupes, qui puisse les unir. De nos jours les équipes sont si grandes que vous finissez par avoir des groupes de personnes qui travaillent sur des parties différentes de la voiture, et cela inclut l’aérodynamique. »
« J’ai en fait entendu – et je trouve que c’est difficile à croire – qu’un groupe de personnes travaille sur l’aileron avant, un autre sur l’aileron arrière, et un autre sur le système de refroidissement. Mais quelqu’un doit synthétiser le travail de ces groupes, faire les compromis nécessaires, et cette personne, c’est ce que j’appellerais le directeur sportif, ou le designer en chef. Sans cette personne, tout ce travail n’ira pas dans la même direction. »
Un autre aspect a changé par rapport à la F1 qu’avait connue John Barnard : les sommes d’argent que brassent les écuries de F1…
« Il y a énormément d’argent aujourd’hui. Il y a tout le travail autour des partenaires… Ron Dennis avait une théorie originale : il ne voulait pas beaucoup d’autocollants sur toute la voiture, mais seulement un ou deux gros sponsors qui puissent disposer comme ils l’entendaient de la voiture. Donc c’était son approche. Et la F1 a emprunté un autre chemin. Je ne sais pas si c’est une bonne idée ou non. Tout ce qui ramène de l’argent est une bonne idée. »
McLaren n’est cependant pas la plus à plaindre dans le paddock aujourd’hui selon John Barnard : Williams se retrouverait « dans une situation pire encore ».
« McLaren a des actionnaires qui vont rester à bord, et nous parlons de beaucoup d’argent, provenant du Moyen-Orient – ces gens ont des poches énormes ! Je ne sais pas exactement si ce sera le cas de Williams… je ne connais plus la répartition de leur capital. »
« Claire Williams veut donc introduire des budgets plafonnés, et je pense qu’elle a raison. Mais ces budgets plafonnés… j’aimerais savoir comment on compte les faire fonctionner. Je me rappelle qu’on parlait déjà de réduction des coûts en 1990 et 1991… »
« Mais si vous êtes une grosse écurie ou même un manufacturier, alors, il y a beaucoup de moyens pour contourner les budgets plafonnés. Le développement peut être réalisé à l’usine ou sur un autre projet… et soudain appliqué à la F1 ! C’est très difficile à contrôler. J’attends avec intérêt de voir comment ils vont se débrouiller. »